
Le professeur Jérôme Frenette en vêtements de course à pied en position dans un bloc de départ sur la piste de 200 mètres du PEPS. Près de lui, l'étudiant sprinteur du Club d'athlétisme Rouge et Or, Cyprien Dipoko Ndoumbe.
— Université Laval, Yan Doublet
Jérôme Frenette enseigne au programme de physiothérapie de l'École des sciences de la réadaptation à la Faculté de médecine de l'Université Laval. Sportif polyvalent aujourd'hui âgé de 58 ans, il n'avait jamais exploré les courses de vitesse pure... jusqu'à l'an dernier.
«Au mois d'août, après les Jeux olympiques de Paris, j'ai décidé de m'inscrire au Club d'athlétisme de Québec, explique-t-il. Je me suis décidé après avoir vu les Canadiens gagner leur médaille d'or au relais 4 x 100 mètres. Je m'étais toujours dit que je devais faire de la course. Je savais que j'avais les qualités d'un sprinteur. J'avais une certaine vitesse quand j'étais jeune.»
Après cinq mois d'entraînement, début février 2025, le professeur Frenette a participé à sa première compétition. «Ces championnats québécois se tenaient à Montréal, dit-il. À environ 170 mètres de ma course de 200 mètres, j'ai eu une grosse crampe au niveau du quadriceps. J'avais des signaux me disant de ralentir. J'ai continué. La douleur était tellement forte que j'ai arrêté de contracter mes muscles. J'ai presque chuté.»
Un mois plus tard, les 1er et 2 mars à Winnipeg, le coureur expérimentait un tout autre scénario durant les Championnats canadiens d'athlétisme en salle des vétérans.
«Entre Montréal et Winnipeg, j'ai vu une différence assez importante, raconte-t-il. Mes jambes étaient vraiment plus dures et plus fortes. Dans la catégorie des 55-59 ans, mes performances au 60 mètres (8,68 secondes) et au 200 mètres (28,09 secondes) m'ont valu deux médailles de bronze. J'étais même deuxième dans le dernier tournant au 200 mètres. Je suis descendu d'une seconde sur mon temps de Montréal. Cela dit, j'ai l'impression que ça va me prendre plus que cinq mois pour atteindre mon maximum, sans doute un an ou deux.»
Un entraîneur étudiant
Une partie de ses succès, Jérôme Frenette la doit à l'étudiant au baccalauréat en design de produits et membre du club d'athlétisme Rouge et Or, Cyprien Dipoko Ndoumbe. «Cyprien est un sprinteur, souligne-t-il. Il est mon entraîneur au niveau technique. Il est très bon. Juste à l'œil, il voit sur les vidéos des fautes que j'ai faites. Il m'a beaucoup appris au niveau de la technique de course, de l'échauffement jusqu'aux blocs de départ, en passant par comment courir. Je continue à apprendre. Les blocs de départ représentent mon plus gros défi, à savoir comment sortir des blocs rapidement. C'est mon point faible. Mais ça paraît moins sur 200 mètres.»
L'entraîneur étudiant lui a aussi fait comprendre l'importance des bras durant une course. «Avoir une performance significative, explique-t-il, passe par une force partout ainsi qu'une coordination parfaite entre le haut et le bas du corps.»
Il reste que le corps humain perd inéluctablement de sa vitesse avec le vieillissement. «L'âge est un gros facteur, affirme le professeur. À 25 ans, je courais le 100 mètres en 11,2 secondes sans entraînement. Aujourd'hui, c'est autour de 13,20, 13,40 secondes. J'ai perdu deux secondes en l'espace de 30 ans juste par le vieillissement. Quand on regarde les records du monde, les athlètes perdent environ 1 seconde par tranche de 10 ans, entre 40 et 80 ans.»
Selon lui, travailler les sprints est un peu contre-intuitif pour un coureur vieillissant. «On perd de la puissance avec l'âge, soutient-il. On devient de meilleurs marathoniens que des sprinteurs.»
À court terme, Jérôme Frenette entend participer aux Championnats canadiens, cet été, à Laval. Cette compétition se déroulera en extérieur, ce qui veut dire que la course de 100 mètres remplacera celle de 60 mètres.
Son objectif, à 60 ans, est de participer aux Championnats mondiaux d'athlétisme des maîtres, en Corée du Sud. «J'aimerais, dit-il, faire les relais avec l'équipe canadienne.»