12 février 2025
Cheffe de mission aux Universiades de Turin, Julie Dionne revient sur son expérience
En janvier, la directrice du Service des activités sportives à l'Université Laval a supervisé la délégation canadienne forte de 158 personnes, dont 112 athlètes universitaires

Julie Dionne, cheffe de mission et directrice du Service des activités sportives de l'Université Laval, entourée des porte-drapeaux du Canada, en marge de la cérémonie d'ouverture des Jeux mondiaux universitaires d'hiver de Turin 2025. À gauche: Kai Edmonds (hockey), étudiant à la Toronto Metropolitan University. À droite: Catherine Clifford (curling), étudiante à l’Université de l’Alberta.
— Rich Abney
«Ça a vraiment été une super belle expérience pour moi. Pour la première fois, je prenais la responsabilité de cheffe de mission.»
Julie Dionne est la directrice du Service des activités sportives à l'Université Laval. Au mois de janvier, elle a supervisé la délégation canadienne aux Jeux mondiaux universitaires d'hiver 2025 de la Fédération internationale du sport universitaire. Ces 32es Jeux se sont déroulés à Turin, en Italie, du 13 au 23 janvier. Ils ont attiré plus de 2000 étudiantes-athlètes et étudiants-athlètes de 57 pays. La délégation canadienne comptait près de 160 personnes, dont 112 athlètes. Cinq d'entre eux provenaient de l'Université Laval, dont trois du programme Rouge et Or.
«Tout au long des Jeux, j'étais là pour garder un rôle de leadership, poursuit-elle. Je m'assurais que les étudiants-athlètes se trouvent dans le meilleur environnement possible. Je m'assurais aussi de bien départager les rôles de chacun, que ce soit dans l'équipe médicale, l'équipe des communications, l'équipe de la logistique.»
La cheffe de mission avait également un rôle de représentante officielle. Elle rencontrait notamment les membres de la délégation à leur arrivée. Elle avait aussi des tâches de soutien, par exemple pour l'accréditation des athlètes. Elle se déplaçait énormément en voiture parce que la délégation canadienne résidait en ville et dans quatre villages.
«Dès le mois de septembre, rappelle-t-elle, j'ai fait la visite des lieux. Cela m'a permis de commencer à créer des liens avec le comité organisateur et avec la Fédération internationale du sport universitaire pour m'assurer que l'on sache qui appeler quand on se retrouve dans des situations problématiques, que ce soit la perte de bagages ou les problèmes d'accréditation.»
Gabrielle Fafard (ski alpin), Rémi Boilard et Mats Halvorsen (ski de fond) représentaient le Rouge et Or. Le contingent de l'Université Laval comprenait également Alexis Ermel en ski de fond et Simon Gauthier en biathlon. Ajoutons à ce groupe l'entraîneur-chef du club Rouge et Or de ski alpin, Martin Côté, ainsi que Godefroy Bilodeau, entraîneur-chef du club Rouge et Or de ski de fond. Le premier a dirigé l'équipe canadienne de ski alpin durant les Jeux, alors que son collègue agissait comme accompagnateur de la délégation. Enfin, la conseillère en communication du Rouge et Or, Andréane Girard, assurait la couverture des différentes épreuves au sein de l'équipe des communications de la délégation.

Rémi Boilard (au centre), étudiant au baccalauréat en génie civil et membre du club Rouge et Or ski de fond, en action lors de la finale du sprint mixte par équipes aux Jeux mondiaux universitaires d'hiver de Turin 2025.
Sites décentralisés, interprètes, médailles
Les Jeux étaient décentralisés, se déroulant sur différents sites. Les compétitions de sports de glace comme le patinage artistique, le patinage de vitesse, le hockey et le curling, avaient lieu dans différents arénas de Turin. Les compétitions de ski alpin, de ski de fond, de planche à neige et de biathlon se tenaient dans les montagnes environnantes à environ une heure de route de la ville.
Bien souvent, parler français ou anglais ne suffisait pas. «Des interprètes italiens, des bénévoles, suivaient souvent les équipes, explique Julie Dionne. On les appelait les “attachés”. Ils pouvaient nous aider dans toutes sortes de situations. Par exemple, trouver de l'équipement qui nous manquait, réserver une table dans un restaurant ou être à l'accueil des hôtels et des résidences étudiantes pour rendre l'expérience des Jeux plus facilitante.»
Au terme des Jeux, la délégation canadienne avait récolté 9 médailles, ce qui lui conférait la 18e place au classement général. Le contingent de l'Université Laval, pour sa part, n'a décroché aucune médaille durant ces Jeux.
«La délégation canadienne n'était pas présente pour certains sports, comme le patinage artistique et le patinage de vitesse, souligne-t-elle. On a eu du succès au curling et terminé quatrièmes à certaines compétitions.»
Selon elle, ce ne sont pas nécessairement les athlètes de plus haut niveau qui se présentent à ces Jeux. Cela dit, certains pays y envoient de futurs olympiens.
«Pour nous, poursuit-elle, c'était plaisant de voir nos étudiants performer. Mais nous voulions que nos gens aient eu la meilleure expérience possible. Ils veulent tous aller le plus loin possible selon leurs capacités, mais ils savent qu'ils ne sont pas parmi les meilleurs. Pour certains, une 15e place est très satisfaisante. Les Universiades auront été leur plus belle expérience sportive, la seule qu'ils auront vécue au niveau international.»
Des journées de 16 heures
En tout, Julie Dionne aura travaillé pendant 18 jours consécutifs au rythme d'environ 16 heures par jour. «C'était beaucoup de travail, soutient-elle. Je devais m'assurer que le moral était bon dans toute la délégation, que les gens restaient motivés. J'envoyais de petits mots d'encouragement sur notre réseau. J'envoyais aussi un peu d'information sur ce qui allait se passer le lendemain. J'ai essayé de créer une dynamique d'équipe, mais ce fut difficile. Il fallait rouler entre une heure et une heure trente pour se rendre d'un lieu de résidence à un autre.»
Selon elle, la nourriture pouvait représenter un défi. «Tous les hôtels, explique-t-elle, devaient être en mesure de desservir tous les athlètes entre 5h30 du matin jusqu'à 23h le soir. Dans les résidences étudiantes, ça se passait bien. Dans les hôtels, où on n'est pas habitués à ce rythme, il fallait gérer des contraintes alimentaires telles que les allergies, les aliments sans gluten, le végétarisme.»
Julie Dionne revient sur la question de la haute surveillance policière. «Le niveau de sécurité était maximal partout, explique-t-elle. Dans ce gros événement multisports international, nous étions protégés 24 heures sur 24 par des policiers. Nous nous sentions en sécurité, même lorsque nous rentrions très tard pour dormir. Il y avait de la surveillance tout le temps.»
Comment gérait-elle le stress? «J'ai une bonne capacité d'adaptation, répond-elle, une bonne capacité à résoudre les problèmes. Je suis aussi capable de bien fonctionner avec peu de sommeil.»
Et le bureau au PEPS? «À travers toutes mes tâches à Turin, dit-elle, je répondais régulièrement à mes courriels. Janvier est un mois occupé chez nous. Je n'étais pas en congé. J'ai pu me libérer de certaines tâches et j'ai tenu quelques rencontres à distance avec le bureau.»
Julie Dionne fait un lien entre son expérience à Turin et son développement professionnel. «Que mes patrons m'aient permis de vivre ce genre d'expérience est formidable, affirme-t-elle. J'ai rapporté avec moi beaucoup de choses qui feront de moi une meilleure gestionnaire, notamment une plus grande capacité à résoudre des problèmes dans un environnement en constante évolution, à mobiliser une équipe aux profils variés, à m'adapter rapidement aux imprévus et à développer des relations stratégiques dans un contexte international. Gérer un projet d'une telle envergure m'a permis d'affiner ma vision stratégique et ma prise de décision sous pression, des apprentissages qui auront un impact direct dans mon rôle actuel et futur.»