Du 18 au 21 mai, les installations du PEPS seront occupées par environ 1100 jeunes sportives et sportifs en provenance de 34 communautés autochtones réparties sur le territoire du Québec. Ces communautés font partie des peuples abénakis, anishinabe, atikamekw, innu, kanien’kehá:ka, mi’gmaq et wendat. Pendant quatre jours, ces jeunes s’affronteront dans des matchs de hockey cosom, de volleyball et de basketball. En athlétisme, ils concourront dans des épreuves de 100 mètres et de 4 X 100 mètres relais, dans une course à obstacles et une course en forêt, ainsi que dans des épreuves de lancer du poids et de saut en longueur.
«Du point de vue de la logistique, il est assez complexe, pour chaque élève, de faire plus d’une activité, avec un tel nombre de participants, indique le coordonnateur des Jeux interscolaires du Conseil en éducation des Premières Nations, David Gill. Mais nous le recommandons quand même. À ces âges, on veut que le jeune goûte au plus de choses possibles, qu’il acquière un maximum de compétences physiques. On veut se tenir loin de la spécialisation.»
Le nom de David Gill sera sans doute familier à celles et ceux qui ont suivi le Club d’athlétisme Rouge et Or de l’Université Laval dans les années 2000. En 2005 et 2006, ce spécialiste du 800 mètres issu de la communauté innue de Mashteuiatsh, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, avait mérité chaque fois le titre d’athlète masculin de l’année pour les épreuves de piste de Sport interuniversitaire canadien. En 2006, il participait, comme membre de l’équipe nationale canadienne, aux Jeux du Commonwealth.
«Ma première expérience en sport remonte à ma onzième année, rappelle-t-il. Je participais alors aux Jeux autochtones interbandes, l’ancêtre des Jeux interscolaires du Conseil en éducation des Premières Nations. Cela m’a modelé comme sportif. Pour nos jeunes vivant en région éloignée, les opportunités de participer à de tels événements sont plus rares. Cette expérience m’a permis pour la première fois de rencontrer des jeunes des autres communautés.»
À la découverte de l’autre
La création des Jeux découle d’une étude du Conseil en éducation des Premières Nations: la majorité des communautés membres n’avaient pas de politique en matière de sport et de loisir. Les Jeux ont pour objectif de faire la promotion de l’activité physique et de produire des effets positifs sur la santé, le bien-être et le parcours scolaire des élèves. La participation aux Jeux dépend de l’assiduité à l’école et aux entraînements.
En ce jeudi 18 mai, plus d’un millier de jeunes autochtones du primaire et du secondaire se retrouveront dans l’amphithéâtre-gymnase du PEPS pour la cérémonie d’ouverture des Jeux. «Ce sera une occasion de célébrer ensemble les Premières Nations, affirme David Gill, d’exprimer notre fierté d’en être membres.»
Le programme du premier jour d’activités comprend une course en sentier de cinq kilomètres à Lac-Beauport, près de Québec, ainsi qu’un match de hockey cosom, de basketball et de volleyball. À cette occasion, chaque équipe sera formée de jeunes de communautés ou d’écoles différentes, avec un représentant par sport par école. «Nous voulons ces matchs les plus éclectiques possible aux niveaux de l’âge, du genre et des habiletés sportives, explique-t-il. On veut prioriser les filles en basketball et en hockey, les garçons en volleyball. Par exemple, on veut qu’une fille de 10 ans soit dans la même équipe qu’un garçon de 18 ans. Dès les premières minutes des Jeux, on veut favoriser un état de mixage et d’ouverture vers l’autre.»
Prendre part aux Jeux a représenté un exploit pour la délégation de Pakua Shipi, un hameau de 300 habitants situé loin à l’est du Québec, passé l’île d’Anticosti, sur la Basse-Côte-Nord. Il faut savoir que la route 138 ne se rend pas au village, s’arrêtant à environ 330 kilomètres de là. Les déplacements se font en bateau.
La formation des équipes tient compte de la langue seconde parlée par les joueuses et les joueurs. Dans certaines communautés, la langue seconde est le français; ailleurs, c’est l’anglais. Pour que leurs membres puissent bien se comprendre entre eux, les équipes sont composées soit de francophones, soit d'anglophones.
La majorité des délégations ont voyagé en autobus scolaire et apporté leur équipement de sport. «Des accommodements sont possibles, souligne le coordonnateur. Hier, une délégation me demandait si nous pouvions leur fournir un équipement de gardien de but pour le hockey cosom. On donne un coup de main de ce côté.»
Une expérience universitaire
L’an passé, les Jeux ont attiré plus de 800 élèves à l’Université Laval. «Avec le genre de jeux que nous organisons, nous n’avons pas le choix que d’avoir accès à de grosses infrastructures qui permettent d’avoir simultanément des plateaux sportifs en action, dit-il. Une dizaine de matchs se jouent en même temps.»
Selon David Gill, les jeunes sont vraiment dans l’action à l’Université Laval. «Mais, ajoute-t-il, leur expérience universitaire ne s’arrête pas là. Nous les logeons dans deux résidences étudiantes du campus et quelques hôtels de Québec et nous les nourrissons pendant quatre jours à l’intérieur d’un grand chapiteau installé dans le Grand Axe et desservi par quatre camions-restaurants. Cette expérience globale démystifie ce qu’est la vie dans une université. On ne peut imaginer à quel point cette réalité est mystérieuse pour qui vient d’un tout petit milieu.»
Ce dernier insiste sur l’excellente collaboration de l’Université Laval dans l’organisation de l’événement. «Nous avons travaillé main dans la main avec le Service des résidences, indique-t-il. Ils sont vraiment super. Même chose avec les gens du PEPS. Chapeau aussi aux services plus généraux au niveau d’infrastructures comme le chapiteau du Grand Axe, son installation, son raccordement en eau et pour l’électricité, et pour la gestion des déchets.»
Une Chill Zone et un shaputuan
Les Jeux comprennent la Chill Zone Nouveaux Sentiers située à l’intérieur du PEPS où les élèves peuvent se reposer et se divertir entre deux compétitions. On y trouve des kiosques animés offrant, par exemple, des activités de perlage, de tressage et de confection de pancartes pour encourager ses amis sur les terrains de sports. Le shaputuan érigé devant l’ancienne entrée du PEPS est un autre espace de détente pour les jeunes sportifs. Le grand public peut visiter la Chill Zone Nouveaux Sentiers et le shaputuan, en plus d’assister aux compétitions. Toutefois, le chapiteau érigé dans le Grand Axe est réservé aux jeunes et à leurs accompagnateurs.
Ce jeudi 18 mai en soirée, les jeunes se verront proposer une sortie au centre commercial des Galeries de la Capitale ou une soirée piscine au PEPS. «Cette soirée est bloquée dans l’horaire des élèves, souligne le coordonnateur. Nous avons réservé pour eux le parc d’attractions intérieur des Galeries de la Capitale. On leur donne une carte cadeau pour qu’ils puissent manger sur place. Ils auront accès au Méga Parc et ils pourront faire du magasinage.»
C’est maintenant confirmé: les Jeux interscolaires du Conseil en éducation des Premières Nations reviendront sur le campus de l’Université Laval en 2024.