
— Mathieu Bélanger
Le 72e Gala du programme d’excellence sportive Rouge et Or de l’Université Laval a eu lieu le mercredi 3 mai au Centre des congrès de Québec. Au cours de cette soirée axée sur ceux et celles ayant le mieux performé dans leur sport en2022-2023, le Prix Jean-Marie-De Koninck du mérite académique a été décerné à Jean-William Rouleau. Cet étudiant s’est particulièrement distingué, non seulement sur le terrain au sein de l’équipe de football, championne canadienne en 2022, mais aussi en classe dans le programme de baccalauréat en génie civil.
«J’ai obtenu une note parfaite de 4,33 de la session d’hiver 2020 jusqu’à la session d’automne 2022», explique l’étudiant de quatrième année.
Depuis son arrivée à l’Université, Jean-William Rouleau consacre beaucoup de temps à ses études et à son sport. «L’encadrement offert par le programme Rouge et Or, en particulier pendant la saison de football qui dure d’août à novembre, m’a beaucoup aidé en ce qui concerne les travaux de session et les examens, dit-il. Les professeurs sont très compréhensifs. On a besoin de plus de temps que les autres étudiants pour remettre un travail. Ce n’est pas parce qu’on veut des vacances ou par lâcheté.»
La fin de la saison de football de 2022 est particulièrement éloquente à ce chapitre. Le Rouge et Or avait disputé et remporté le match de demi-finale canadienne à London, en Ontario. Une semaine plus tard, le 26 novembre, le match de championnat du football universitaire canadien se déroulait au même endroit.
«Nous ne sommes pas revenus à Québec durant la semaine en question, indique-t-il. J’avais des travaux à remettre et un examen à préparer. L’équipe pratiquait en avant-midi et je devais étudier chaque jour. Mon examen a été repoussé.»
L'étudiant-athlète insiste sur la préparation au match de finale. «Nous ne connaissions pas nos adversaires parce que nous ne les avions pas affrontés en saison régulière, souligne-t-il. La préparation a été beaucoup plus longue. Nous avons étudié plus longuement les vidéos des parties de nos adversaires. Mélanger ça avec les travaux de session et l’examen, c’était beaucoup d’ouvrage.»
Quant à cet intérêt pour l’ingénierie, il remonte au cégep. «J’ai beaucoup aimé les sciences pures, surtout la physique, en particulier quand le professeur appliquait des théorèmes, explique-t-il. J’ai toujours eu une certaine facilité à l’école. Parmi les différentes disciplines de génie, le génie civil m’attirait le plus. Je me sentais capable de relever ce défi.»
«On veut se rendre au ballon»
Sur le terrain, Jean-William Rouleau arbore le numéro 92. Avec ses1,88 mètre (6 pieds 2 pouces) et 140 kilos (310 livres), avec sa force physique et sa détermination, il joue un rôle clé au sein du dispositif défensif du Rouge et Or football. La qualité de son jeu lui a d’ailleurs mérité d’être nommé, par U Sports, l’organisation qui encadre les sports universitaires du premier niveau au Canada, au sein de la deuxième équipe d’étoiles défensive en 2021 et de la première équipe d’étoiles défensive en 2022.
«Mes coéquipiers et moi, ce qu’on veut, c’est se rendre au ballon, explique-t-il. Des joueurs adverses viennent nous bloquer et nous utilisons diverses stratégies, selon les situations, pour les déjouer. Tout va tellement vite. Les meilleurs plaqués sont lorsqu’on enveloppe le porteur de ballon adverse avec nos bras, avant qu’il fasse de progression vers l’avant, et qu’on roule à terre avec lui. Si le quart-arrière adverse se prépare à effectuer une passe, le plus beau jeu pour nous est de l’en empêcher en l’amenant au sol, en faisant un sac du quart. J’en ai réalisé quelques-uns l’an dernier. Un des plus satisfaisants pour moi est survenu sur l’avant-dernier jeu du match de la coupe Vanier. J’en étais bien fier. L’adversaire se devait de marquer. On les a empêchés.»
Selon lui, si le football semble très physique comme sport, il comporte aussi beaucoup de stratégies. «Cela peut paraître banal, dit-il, mais les stratégies demandent beaucoup de temps de préparation. Ce sport porte beaucoup d’attention aux détails. Son côté complexe, le fait que chaque détail est important, sont des choses qui me font aimer le football. Il y a beaucoup d’ajustements pendant une partie. Par exemple, on remarque que le quart arrière adverse a une façon particulière de bouger. On se dit: au prochain jeu, on va aller vers ce qui a l’air d’être une faiblesse dans sa manière de jouer.»
L’équipe défensive du Rouge et Or a vécu un moment fort l’an dernier en n’accordant aucun touché à leurs grands rivaux, les puissants Carabins de l’Université de Montréal, au cours des deux premiers matches de la saison. «Cet exploit a vraiment montré l’identité de notre brigade défensive, affirme Jean-William Rouleau. On a montré qu’on était capables d’accomplir de belles choses.»
Depuis l'école secondaire
L’étudiant s’est initié au football à l’école secondaire, à Rimouski. Il a ensuite poursuivi au cégep de l’endroit. C’est en regardant le Super Bowl à la télévision avec son père que l’adolescent a eu la piqûre pour ce sport.
«À la fin du cégep, raconte-t-il, l’entraîneur-chef du Rouge et Or, Glen Constantin, est venu me rencontrer à Rimouski avec deux de mes coéquipiers. Nous avons parlé pendant une heure. Je me suis ensuite déplacé à Québec pour voir les installations sportives du PEPS et pour rencontrer les autres entraîneurs de l’équipe. C’est à cause du football que j’ai choisi d’étudier à l’Université Laval. Je suis entré dans l’équipe dès mon arrivée.»
Dernièrement, les Falcons d’Atlanta, une équipe de la National Football League (NFL), ont repêché le joueur de ligne offensif québécois Matthew Bergeron. Il y a quelques années, un autre joueur de ligne québécois, Laurent Duvernay-Tardif, s’était taillé une place dans la NFL.
«Ces joueurs montrent qu’il est possible de se rendre à ce niveau-là sans être américain, soutient Jean-William Rouleau. J’ai déjà pensé à une carrière professionnelle. Ce serait de quoi d’intéressant. Quelques agents de joueurs m’ont contacté. Mais je n’ai pas eu de contacts avec des équipes professionnelles. Cela dit, je ne pense pas aller dans cette direction. Pratiquer le football au niveau universitaire est quand même très demandant. Tu ne peux pas te permettre de prendre un mois de congé. La préparation physique constante est très importante. À la fin de mon stage universitaire, il sera temps de tourner la page et d’explorer d’autres horizons.»

— Mathieu Bélanger

— Mathieu Bélanger