
Deux étudiants, Alex Harvey et Muncef Ouardi, se joignent aux meilleurs athlètes de la planète et participent aux XXIIes Jeux olympiques d'hiver.
— Nordic Focus et Dave Holland/CSI Calgary
Le pur-sang des pistes
Les 1er et 2 février, au terme de sa préparation en vue des Jeux de Sotchi, le fondeur Alex Harvey a pris part à deux compétitions à Toblach, en Italie. Les jours précédents, avec des camarades de l'équipe canadienne de ski de fond, il s'est astreint à de l'entraînement en altitude, sur un nombre élevé de kilomètres, afin de hausser sa forme d'un cran.
«Je me sens prêt, compte tenu de mes résultats cette année, explique l'étudiant-athlète de 1,84 m et 75 kg inscrit au baccalauréat en droit. Ma progression a été constante, tel que prévu en début d'année. De plus, l'expérience acquise aux Jeux de Vancouver va faire en sorte que j'arriverai mieux préparé.»
À 25 ans, Alex Harvey en sera à ses deuxièmes Jeux. Il y a quatre ans, avec son coéquipier Devon Kershaw, il avait pris le quatrième rang au sprint par équipe style libre. En prévision de ces jeux, il disait ne pas avoir d'attente. Et cette année? «Je vise une place sur le podium! s'exclame-t-il. J'ai obtenu un podium lors des deux derniers grands rendez-vous depuis Vancouver, et j'ai l'intention de confirmer tout ça.»
Ces rendez-vous sont les Championnats du monde de 2011 et de 2013. Alex Harvey a remporté respectivement la médaille d'or au sprint par équipe et la médaille de bronze au sprint individuel. Il considère l'or en 2011 comme son plus bel accomplissement en carrière. «Il s'agissait du premier titre canadien de champions du monde en ski de fond, souligne-t-il. À l'arrivée, j'ai ressenti une joie extrême.»
Depuis Vancouver, il dit s'être beaucoup amélioré comme athlète tant sur le plan de la puissance et de l'endurance que de la vitesse. Et la technique? «Depuis que je suis jeune, répond-il, la technique a toujours été l'une de mes forces. Une autre est ma préparation.» Il décrit le ski de fond comme un sport physique, un sport d'endurance et… un sport souffrant!
Alex est le fils de Pierre Harvey, lui-même ancien athlète olympique en ski de fond. Il explique ses succès, d'une part, par son bagage génétique et, d'autre part, par sa détermination et son travail. Sa passion pour le ski de fond remonte à l'enfance. À 12 ans, frustré, il avait promis à sa mère qu'il irait un jour aux Jeux olympiques, et pas seulement pour participer. Il venait de prendre part à ses premiers Jeux du Québec. Mais il n'avait réussi à monter sur aucun podium…
Le cheik le plus rapide sur glace
À 27 ans, le patineur de vitesse longue piste Muncef Ouardi vivra ses premiers Jeux olympiques. Cet étudiant-athlète de 1,82 m et 82 kg est inscrit au baccalauréat en intervention sportive. En décembre dernier, à Calgary, lors des épreuves de qualification olympiques canadiennes, il a terminé quatrième au 500 m et deuxième au 1 000 m. Grâce à ces excellents résultats, il obtenait son laissez-passer pour Sotchi.
«J'ai surtout ressenti de la fierté, une immense fierté lorsque j'ai su que j'allais aux Jeux, explique-t-il. J'étais vraiment heureux. Ce dénouement a été un baume sur une saison ardue.»
Il faut dire que l'année 2013 avait bien mal commencé pour le patineur. Dans un match de hockey amical disputé en janvier, il se tord le genou. Diagnostic: déchirure du ligament croisé postérieur. «Cet accident a mis fin à ma saison de patinage, indique-t-il. J'ai fait de la réhabilitation tout l'été jusqu'à un mois avant la sélection olympique.»
En janvier dernier, Muncef Ouardi s'est entraîné une semaine à Calgary avec ses coéquipiers. Le groupe a ensuite pris l'avion pour l'Allemagne. À Inzell, ils se sont acclimatés pendant six jours aux fuseaux horaires. Peu avant son départ pour l'Europe, le patineur québécois a véritablement pris conscience qu'il s'apprêtait à vivre une expérience unique.
S'il est un autre objet de fierté pour lui, ce sont les origines de ses parents immigrés du Maroc. D'ailleurs, sur Twitter, le compte de Muncef Ouardi porte le nom de «thaCheik», surnom que lui avait donné son entraîneur durant ses années junior. Dans la culture arabe, on attribue le nom de cheik à toute personne respectable, comme les religieux, les savants ou les chefs de village. Sur son compte Twitter, ce nom est suivi du commentaire «Le cheik le plus rapide sur glace»… Pas besoin de préciser qu'il manie bien l'humour. «Je suis un pince-sans-rire», indique celui qui a vu le jour à Montréal.
Sur le plan sportif, Muncef Ouardi possède une grande capacité d'endurance à l'effort. Comme patineur, sa technique lui permet d'atteindre un bon niveau comme sprinter. Il décrit le patinage de vitesse longue piste comme un sport de puissance. «On négocie les virages à haute vitesse, souligne-t-il. Au sprint, on approche les 70 km/h.» Il a eu son premier contact avec le patinage à l'âge de huit ans. À sa dernière année junior, il abaisse le record canadien junior au 500 m. En 2012, il termine troisième au 500 m des Championnats du monde de sprint. Et l'après-carrière, une fois le diplôme en poche? «Mon but est de devenir entraîneur en patinage de vitesse, répond-il. Pour redonner au sport et faire vivre aux plus jeunes une expérience d'athlète.»