![]() |
12 novembre 1998 ![]() |
Profitant de la campagne électorale, le recteur François Tavenas est à nouveau revenu à la charge auprès des trois chefs des principaux partis politiques à propos de la question du sous-financement de l'enseignement supérieur, et du réel danger de la perte de compétitivité des universités québécoises.
Dans une lettre adressée la semaine dernière à MM. Bouchard, Charest et Dumont, François Tavenas indique en effet que les grandes universités québécoises, qui disposent de moyens beaucoup plus faibles que les universités canadiennes, sont tout simplement sur le point d'être évacuées de la scène mondiale. Pour illustrer son propos, le recteur de l'Université Laval a fait suivre aux trois chefs une copie d'un commentaire du réputé chroniqueur Jeffrey Simpson, du Globe and Mail, sur les difficultés de l'Université de Toronto, "qui dispose aujourd'hui de revenus par étudiants supérieurs de 50 % à ceux des grandes universités québécoises. Par ailleurs, cette université mène actuellement une campagne de souscription qui devrait lui rapporter plus de 600 millions de dollars, dix fois plus que la Campagne Défi que l'Université Laval vient de terminer", de préciser François Tavenas.
On trouvera, ci-dessous, le texte de la lettre du recteur aux chefs de partis politiques, et, en page 8, une traduction du commentaire de Jeffrey Simpson paru dans le Globe and Mail de jeudi dernier. Voir également, en pages 6 et 7, le texte intégral envoyé aux chefs politiques par les recteurs de l'Université Laval, de l'Université de Montréal et de l'Université McGill.
___________
Monsieur Lucien Bouchard, président
Parti québécois
Monsieur Jean Charest, président
Parti libéral du Québec
Monsieur Mario Dumont, président
Parti de l'Action démocratique du Québec
Monsieur,
Au moment où la population québécoise doit décider de l'orientation de son prochain gouvernement et où votre parti propose ses lignes d'action, je me permets d'attirer votre attention sur le récent éditorial de Jeffrey Simpson dans le Globe and Mail.
Lors de la réunion récente des recteurs et présidents des universités du Groupe des dix à Toronto, nous avons longuement examiné les défis qui confrontent les universités canadiennes dans un contexte nord-américain et mondial de plus en plus compétitif.
Les préoccupations exprimées par notre collègue Rob Prichard, président de l'Université de Toronto, sont fondées sur nos observations récentes et elles sont graves pour l'avenir de nos universités et, partant, pour l'avenir du pays dans le contexte des économies du savoir de plus en plus intégrées à l'échelle mondiale.
Je ne peux faire autrement que de souligner que, si la situation de l'Université de Toronto est sérieuse au point de retenir l'attention d'un observateur informé comme Jeffrey Simpson, les acteurs de la vie politique québécoise comme vous devraient être doublement préoccupés. En effet, comme le soulignait notre collègue Robert Lacroix dans son entrevue à L'Actualité, l'Université de Toronto dispose aujourd'hui de revenus par étudiants supérieurs de 50 % à ceux des grandes universités québécoises. Par ailleurs, cette université mène actuellement une campagne de souscription qui devrait lui rapporter plus de 600 millions de dollars, dix fois plus que la Campagne Défi que l'Université Laval vient de terminer.
La conclusion devrait s'imposer d'elle-même: si l'Université de Toronto n'est plus en mesure de conserver sa position compétitive sur la scène mondiale, les grandes universités québécoises, qui disposent de moyens beaucoup plus faibles, sont tout simplement sur le point d'être évacuées de cette scène.
À l'ère des économies fondées sur le savoir, laisser faire une telle évolution est tout simplement mortel pour l'avenir du Québec. Il est de mon devoir de vous inviter à y réfléchir sérieusement et à décider, dans les meilleurs délais, de réinvestir massivement dans l'enseignement supérieur québécois, outil privilégié de notre développement économique et donc de notre avenir social, culturel et politique.
Je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments les meilleurs.