Trois comme dans Treize
Les artisans du théâtre fêtent
le printemps à l'Amphithéâtre Hydro-Québec,
au Théâtre de poche et au Théâtre de
la Cité universitaire
La troupe de théâtre Les Treize salue l'arrivée
du printemps en offrant un bouquet de trois pièces, de
la fin mars à la première quinzaine d'avril. Il
n'y a plus rien, de Robert Gravel, démarre le bal
printanier à l'amphithéâtre Hydro-Québec
du 23 au 26 mars. Nous voilà transportés dans le
décor vert passé de l'hôpital pour personnes
âgées Saint-Jacques-de-la-Providence où les
résidents traînent leur solitude sous le regard
sarcastique d'employés peu empathiques, quelques jours
avant Noël. "Dans cette comédie grinçante,
on rit de la vieillesse, de la maladie, de la mort, bref de plein
de choses qui d'habitude ne doivent pas faire rire", remarque
le metteur en scène Philippe Savard. Les soignants n'en
finissent plus de se moquer des pensionnaires, jusqu'à
ce que brusquement un comédien très connu arrive.
"Tous vont vouloir impressionner la grande visite, explique
Jérôme Gosselin, alias M. Zachary, un résident,
ce qui va provoquer des problèmes." Son personnage,
par exemple, ne cesse de raconter la tournée extraordinaire
accomplie par son frère musicien, tandis qu'un visiteur
parle sans arrêt de son amie de cur inscrite à l'École
nationale de théâtre. Peu à peu, la critique
virulente des théâtres institutionnels et du snobisme
de ses artisans prend alors le pas sur la critique de l'institution
hospitalière. Et les pensionnaires de se souvenir avec
plaisir des prestations des acteurs du Théâtre des
variétés comme Gilles Latulipe.
Quatrième dimension
Changement de propos et d'univers quelques jours plus tard
avec Les contes de la zone crépusculaire
de Guy Beausoleil, présentés du 29 mars au 2 avril
et du 5 au 9 avril. Les spectateurs installés au Théâtre
de poche du pavillon Maurice-Pollack vont se trouver plongés
dans une atmosphère rappelant un peu la série télé
américaine Twilight Zone. "Il y a une impression
d'étrangeté qui se dégage de la pièce,
explique la metteure en scène Tina Paquet, car on n'est
jamais sûr de rien. Des situations très banales
comme les conflits de deux couples lors d'un séjour dans
le bois basculent brusquement dans l'étrange." Le
texte de Guy Beausoleil se compose en fait d'une série
de tableaux bien distincts, présentant des événements
qui sont arrivés aux passagers d'un autobus bloqués
dans un restaurant. S'appuyant sur une trame musicale étrange
et d'éclairages se jouant des formes, le spectacle vise
à faire douter le public de l'action qui se déroule
sous ses yeux. Une impression de perte de repère encore
renforcée par la proximité avec les comédiens
au jeu très physique dans cette petite salle.
Vélo et moulins à vent
Roulement de tambours, pendant ce temps-là au Théâtre
de la Cité universitaire. Après quinze ans d'absence
de la programmation des Treize, Don Quichotte de la Manche,
du dramaturge québécois Jean-Pierre Ronfard, reprend
sa quête..sur une bicyclette, du 31 mars au 2 avril. Comme
dans le texte de l'espagnol Cervantès, le chevalier à
la triste figure se fait le défenseur des opprimés
de ce monde. Sa quête de justice et d'amour l'entraîne
dans un monde où se côtoient la réalité
et l'imaginaire. Accompagné de son fidèle Sancho
Panza, il croise au hasard de ses pérégrinations
pas moins d'une trentaine de personnages, dont des pique-niqueurs
des années 1950, des clients d'une auberge de Nouvelle-France,
un cortège funèbre, des saltimbanques, des prisonniers
en route vers le goulag. "J'ai attaché beaucoup d'importance
aux personnages secondaires et à leur mise en contexte
pour asseoir leur crédibilité, raconte la metteure
en scène Valérie Belzil. Par exemple, avant que
Don Quichotte n'arrive et ne déclenche une bagarre avec
les pique-niqueurs, ces derniers ont du plaisir à batifoler
dans l'herbe avec leur douce." Valérie Belzil a choisi
par ailleurs des décors très simples et demandé
à ses comédiens un jeu sobre pour ne pas perdre
les spectateurs dans cette folie collective. Les changements
de lieu et de temps passent donc souvent par les éclairages
et la musique omniprésente sur scène. Les anachronismes
ne manquent pas de pleuvoir tout au long de cette cavalcade à
travers le temps et l'espace, qui fait la part belle à
la folie d'un personnage dont la démesure a traversé
les siècles.
Les billets pour les spectacles sont disponibles dès maintenant
sur le réseau Billetech et à l'Animation socioculturelle
de l'Université Laval, au local 2344 du pavillon Alphonse-Desjardins
(656-2765), à10 $ en prévente et à 12 $
à l'entrée.
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