Record historique pour l'encan annuel des étudiants
en architecture
La vente de leurs objets design a atteint
7 170 $, une somme qui financera la présentation de leurs
travaux de fin d'études
"Je m'étais promis d'arrêter à 250
$, finalement j'ai misé jusqu'à 360 $ pour obtenir
mon objet." Comme bien d'autres mordus de l'encan organisé
chaque année par les finissants de l'École d'architecture,
l'architecte Mario Lafont n'a pu résister à l'attrait
de ces créations, réalisées tout au long
de l'année par les étudiants. Il avoue, sourire
en coin, que sa maison de quatre étages dans le Vieux-Québec
ainsi que son bureau regorgent de ces oeuvres parfois raffinées,
drôles, réalisées avec doigté. Cette
année, il repart avec l'aquarium "éconocontrôle",
conçu par Laurie Gosselin, un simple cube de plexiglas
habité d'un poisson et logé au milieu de blocs
de béton.
La plupart de la quarantaine d'objets fabriqués par les
étudiants brillent par leur simplicité. Sophie
Leborgne a donné naissance à des tasses à
vin en les collant dans des coupes. Jean-François St-Onge
et Francis Falardeau-Laperle ont résolu la question de
l'encombrement des bouteilles d'huile souvent dégoulinantes
en les insérant dans des blocs de bois qui s'encastrent,
tandis que les rebuts métalliques trouvés par Francis
Falardeau-Laperle se transforment en lampe de bureau par la magie
de la soudure. "Plusieurs étudiants utilisent des
matériaux recyclés pour fabriquer leur objet",
précise Guillaume Côté, un des responsables
de cette activité. À l'image, par exemple, de cette
table d'échec, construite sur des cadres de bois récupérés
et dont les cases se composent de bouteilles de bière
cassées, qui a gagné le prix du jury. Ou encore
de la lampe veilleuse "Blob" de Stéphane Vaillancourt
Lapointe faite de spirales en plexiglas.
Des enseignants acheteurs
Exposés pendant une semaine au Musée de la
civilisation, ces objets se sont ensuite retrouvés sous
les feux de la rampe, le 17 mars, pour un encan très animé
réunissant des dizaines d'acheteurs, mais surtout des
centaines de curieux. "J'ai besoin d'un 50 $, je suis à
40 $ pour cette merveilleuse lampe, encouragez la relève
étudiante!", lance avec aplomb Guillaume Côté,
l'encanteur volubile, à l'assemblée. Après
un réchauffement de quelques lots adjugés à
un prix modeste, les vraies affaires démarrent. Les enchères
s'envolent en quelques secondes pour la lampe de Stéphane
Vaillancourt sous l'il attentif de Carole Després qui
sélectionne dans son catalogue les pièces sur lesquelles
elle va miser. "Je fréquente l'encan chaque année
depuis douze ans, raconte cette professeure à l'Ecole
d'architecture, et j'aime beaucoup y acheter des objets. Un panier
à linge recueille les plans dans mon bureau, je range
mes biscuits aux pépites de chocolats dans une boîte
à lettres et j'ai prêté plusieurs chaises
achetées ici au café étudiant."
Conscients que l'argent recueilli sert directement aux activités
des finissants, plusieurs enseignants se font un devoir de dépenser
pour la bonne cause, et de miser sur les objets qui intéressent
leurs collègues. L'enchère vient justement de grimper.
La commode "Éliza", prix du public, s'envole
à 520 $ après un duel serré entre deux acheteurs.
C'est ensuite le duo de lampes en béton, en fait deux
cylindres vides éclairés par une ampoule, conçus
et fabriqués par Catherine Marcotte et Esther Rivard Sirois,
qui fait l'objet d'un combat digne d'un western. Plusieurs professeurs
lèvent leur carton pour emporter l'objet. En vain. Car
le directeur de l'École, acheteur notoire de lampes, ne
cesse de surenchérir, dos à l'encanteur et doigts
bien écartés pour indiquer sa mise. Finalement,
Émilien Vachon clôt la discussion avec un 1 350
$ bien senti, un record pour un objet à l'encan des finissants.
"Ce sont des lampes à l'atmosphère unique,
c'est très adroit d'avoir ainsi utilisé le béton,
se réjouit l'acheteur. Vous savez, pendant des années
j'ai encouragé beaucoup d'artistes ou autres lorsque j'avais
un bureau de pratique privée, aujourd'hui j'encourage
nos étudiants en architecture."
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