Force de première ligne
Tout comme le système de soins de santé
québécois, le médecin de famille suit la
courbe de la modernité
Le temps où le médecin de famille se murait
dans son cabinet, recevant ses patients l'un après l'autre
sur un mode paternaliste, est bel est bien révolu. Aujourd'hui,
la personne qui consulte arrive souvent bien informée
sur la santé et les malaises physiques qu'elle ressent.
Certes, elle attend de son médecin un avis d'expert mais
son attitude n'est plus passive. Face à ces changements,
le médecin doit faire preuve de beaucoup d'écoute
et d'ouverture, surtout si ses choix et ses valeurs diffèrent
de ceux de son patient.
Tel est le tableau du travail du médecin de famille
que dresse le Dr Rénald Bergeron, directeur du Département
de médecine familiale de la Faculté de médecine.
"De plus en plus, le patient s'attend à être
traité d'égal à égal, dans un esprit
de collaboration avec son médecin", explique le Dr
Bergeron, qui a présidé récemment une rencontre
ayant pour thème "Préparer des médecins
de famille pour le Québec de demain, un travail de concertation
de tous les partenaires". "La modernisation du rôle
du médecin de famille correspond à la transformation
du système de soins de santé québécois
amorcée il y a dix ans et aux nouveaux besoins de la société,
dit le Dr Bergeron. Aujourd'hui, le médecin de famille
est invité à servir la population là où
elle se trouve avec les ressources appropriées. Il doit
valoriser les soins globaux et continus pour tous les groupes
d'âges et se préoccuper autant de l'aspect préventif
que curatif. En somme, il a à traiter le patient dans
sa globalité."
Un rôle crucial
Selon le Dr Bergeron, l'un des enjeux visés par la formation
en médecine familiale tient à la nécessité
de former des généralistes qui ne deviendront pas
des spécialistes par manque de ressources. On voit par
exemple des médecins de famille se "spécialiser"
en obstétrique ou en pédiatrie, à cause
d'un manque de spécialistes dans le domaine. Si une collaboration
étroite entre le spécialiste et le généraliste
est essentielle pour assurer le bien-être du patient, il
faut éviter de considérer le médecin de
famille comme le parent pauvre de la médecine, car il
joue un rôle crucial en tant qu'intervenant de première
ligne dans les soins de santé.
"Dans l'exercice de son rôle, le médecin
de famille doit se sentir valorisé comme individu et comme
professionnel, constate le Dr Bergeron. En plus d'être
véritablement intégré dans une équipe
de médecins de famille, il doit avoir accès à
l'infrastructure technologique appropriée ainsi qu'à
des plateaux techniques lui permettant d'obtenir rapidement les
résultats d'une prise de sang ou d'une radiologie, par
exemple. C'est un fait que le système de soins de santé
aura au cours des prochaines années un besoin grandissant
de médecins de famille pour répondre aux besoins
de la population, indique le Dr Bergeron. On a le devoir d'investir
pour leur faciliter la tâche et tout mettre en uvre afin
qu'ils soient pleinement fonctionnels."
Quant aux qualités requises pour être un bon
médecin de famille, elles sont légion : compétence,
humanisme, flexibilité, disponibilité, engagement
et sens des responsabilités. Enfin, le généraliste
doit être capable de travailler en interdisciplinarité
avec d'autres professionnels de la santé comme les infirmières,
les travailleurs sociaux et les psychologues, pour ne citer que
ces exemples. "Un médecin de famille qui travaille
tout seul, c'est comme un plombier qui voudrait réparer
un tuyau sans outils", de conclure le Dr Bergeron.
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