Le courrier
Le recteur répond à la lettre ouverte de l'ACC
du CR du CHUL
Monsieur le Directeur,
Dans votre dernière édition, le Président
de l'Association des chercheurs et chercheur(e)s (ACC) du Centre
de recherche du CHUL, M. Pierre Julien, publiait une "Lettre
ouverte à la communauté" sur la question de
la propriété intellectuelle. Monsieur Julien exprimait,
sur cette question, une position différente de celle que
j'exposais dans mon dernier message à la communauté.
Dans ce message, j'écrivais que "La toute dernière
version de la politique [sur la propriété intellectuelle]
sera présentée très bientôt au Conseil
syndical du SPUL pour approbation. Elle propose que la propriété
intellectuelle des inventions soit initialement conjointe (UL-chercheur)
et ensuite transférée à l'Université
en vue de la commercialisation; les bénéfices de
cette opération étant partagés moitié-moitié
entre le chercheur et l'Université." J'ajoutais,
après avoir fait référence à certains
chercheurs qui s'opposent toujours à cette proposition
que "Personnellement, considérant que les chercheurs
sont payés à même les fonds publics et que
la recherche est subventionnée par l'État, il me
semble que le compromis proposé est acceptable et j'espère
qu'il sera accepté."
Monsieur Julien, comme c'est son droit, s'oppose à ce
compromis. Toutefois, il est difficilement acceptable, comme
il l'a fait dans sa lettre, qu'il qualifie de désinformation
les positions qui sont différentes de la sienne. Il n'est
guère plus acceptable qu'il utilise des mots comme attitude
oppressive, abusive et irrespectueuse à l'endroit
de la direction de l'Université Laval qui, en toute bonne
foi et au nom de l'intérêt de l'Université
et de la société qui la soutient, a réussi
à en arriver à une entente négociée
avec le SPUL sur cette question de la propriété
intellectuelle.
MICHEL PIGEON
Recteur
L'épicerie-école de Sobeys: un projet génial
Lorsque j'ai appris que l'Université Laval avait finalement
réussi à convaincre une importante entreprise canadienne
de distribution alimentaire de construire une épicerie-école
sur le campus, un vieux souhait venait de se concrétiser.
Ce projet, unique au monde, permettra d'offrir une formation
pratique à des centaines d'étudiants de premier
cycle en consommation, marketing, distribution alimentaire, génie,
horticulture, etc. en plus de permettre à des dizaines
d'autres d'y effectuer des études de 2e et 3e cycles.
J'imagine déjà des études sur les habitudes
alimentaires des Québécois afin d'en améliorer
la nutrition, sur des emballages plus écologiques, sur
la conservation des fruits et légumes, sur l'innocuité
des viandes, sur la réduction de la consommation énergétique.
J'imagine que dans 10 ans, des étudiants et des chercheurs
du monde entier viendront à l'Université Laval
pour en connaître davantage sur cette formule originale
et structurante.
Ce projet se compare à celui du pavillon Envirotron, inauguré
en 1993 et majoritairement financé par le secteur privé
(Provigo, Daishowa, Petro Canada, Industries Harnois, et plusieurs
autres). Ce projet, contesté initialement, a permis aux
membres du Centre de recherche en horticulture de diplômer
plus de 500 étudiants gradués à la maîtrise
et au doctorat, dont environ 150 provenant de l'étranger.
Tous les mémoires et toutes les thèses ont été
publiés et les données sont disponibles pour le
bénéfice de tous, même si la majorité
du financement provenait du secteur privé.
Les commentaires négatifs sont nettement exagérés,
à croire que l'Université s'apprête à
construire un casino ou encore pire un restaurant de malbouffe.
Il ne s'agit en fait que d'une épicerie qui n'est en soi
aucunement différente d'autres services commerciaux déjà
présents sur le campus, soit une caisse populaire, un
salon de coiffure, une compagnie de location de voitures ou divers
magasins.
Bravo au professeur Jean-Claude Dufour et merci à la Famille
Sobeys.
ANDRÉ GOSSELIN
Professeur d'horticulture, Département de phytologie,
Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation
L'ONU et la balkanisation de la République démocratique
du Congo
La paix en République démocratique du Congo
(RDC) semble loin d'être une réalité puisque
l'ONU a un penchant pour un groupe ethnique non congolais d'origine
à qui elle veut donner un espace territorial au détriment
des autochtones. L'idée de balkaniser la RDC ne date pas
d'aujourd'hui. Cet article veut montrer que l'ONU a une part
de responsabilité dans le chaos en RDC, chaos qui compromettra
le processus de paix.
À la veille de son indépendance, le Congo a connu
des sécessions qui ont plongé le nouvel État
dans un chaos total. Le discours du premier ministre Lumumba
qui rappelle les méfaits de la colonisation n'est pas
le seul mobile qui justifie l'appui des États-Unis, de
la Belgique et de la France à la balkanisation du pays.
La province du Katanga se sépare sous Tchombe, et Kalonji
veut faire du Kasaï un État indépendant. À
cet appui s'ajoute celui des multinationales minières.
Par ailleurs, taxer Lumumba de communiste ne justifie pas cette
situation même si, à sa mort, ces puissances occidentales
obligèrent Tchombe et Kalonji à abandonner leur
rêve de créer un État indépendant
et de se rallier au gouvernement central. Par des calculs stratégiques
politiques et économiques, l'unité du pays devient
importante pour ces puissances. Les Casques bleus (ONUC) furent
envoyés pour mettre fin à ce rêve sécessionniste.
Pendant la guerre froide, Mobutu, avec la bénédiction
de ces mêmes puissances, prend le pouvoir par un coup d'État
et devient vite le chouchou des Occidentaux à qui l'on
a donné un chèque en blanc pour la gestion du pays
pourvu que les richesses du Zaïre ne tombent pas entre les
mains des pays communistes. Le droit, la justice, le bien-être
de la population, le développement du pays seront sacrifiés
pour assouvir les besoins de ces puissances.
Avec la fin de la guerre froide et le démantèlement
de l'URSS, Mobutu devient inutile après avoir rendu des
services à ses chefs au détriment de sa propre
population. L'État est presque inexistant, la misère
est à son comble, la corruption Bref, peu de Zaïrois
sont fiers de l'être: leur identité a subi un choc.
C'est à ce moment propice de désarroi que l'invasion
du Zaïre est organisée par les États-Unis,
la Belgique, la Grande-Bretagne, le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi.
En plus, pendant son règne, Mobutu s'est fait des ennemis
parmi les pays voisins. Ceux-ci ont aussi participé à
son éviction de la présidence.
L'ONU intervient avec la Mission des Nations Unies en République
démocratique du Congo (MONUC) dirigée par l'Américain
William Swing. Elle a, parmi ses mandats, celui d'obliger les
Congolais à créer un territoire autonome pour les
réfugiés Tutsi rwandais dans les zones d'Uvira,
Fizi et Mwenga à l'Est de la RDC au détriment des
autochtones. Les autorités congolaises sont actuellement
harcelées non seulement par ce chef de la MONUC, mais
aussi par des ONG internationales et certains membres du Comité
international d'accompagnement de la transition (CIAT). Ce territoire,
appelé Minembwe, est plus grand que le Rwanda. Et si chaque
ethnie demandait un territoire autonome, qu'adviendra-t-il de
la RDC?
Avec un tel agenda, l'idée de créer un "tutsiland"
en RDC existe toujours. L'ONU devient alors exécutant
malgré son échec au moment d'exiger la liste fermée
dans la loi électorale pour favoriser les ressortissants
rwandais à briguer des postes de responsabilité
en RDC. La stratégie d'annexer le Kivu au Rwanda par les
armes a aussi échoué. Avec la création d'un
territoire autonome, le "tutsiland", la paix s'envole
en fumée puisque les autochtones n'abandonneront pas leurs
terres comme en témoignent les lettres des sénateurs
et députés ressortissants du Kivu. Nous risquons
alors de vivre une espèce de guerre israélo-palestinienne
en RDC.
CHARLES KATEMBO
Diplômé de l'Université Laval
Travailler à l'Université pour donner
Il y a déjà deux ans, j'entreprenais ma retraite,
après une carrière de 33 ans à l'Université
Laval. Pendant les premiers mois de la retraite, les expériences
et les différentes situations vécues durant la
vie professionnelle décantent lentement. Les meilleures
restent en surface, les moins bonnes, fort heureusement, disparaissent
graduellement. Le but de cette lettre ouverte est de vous communiquer
la principale chose qui me reste en tête, après
deux ans à la retraite: dans la vie, quand on peut avoir
un impact positif, une influence bénéfique, ne
serait-ce que sur une seule personne, on a fait quelque chose
de bien. À l'Université Laval, les gens en place
et en fonction peuvent avoir, directement ou indirectement, une
influence sur plusieurs personnes, les personnes sous leur responsabilité,
évidemment, mais principalement sur de jeunes étudiantes
et sur de jeunes étudiants. Quelle chance j'ai eue. Quelle
chance vous avez. Bons succès dans vos fonctions respectives.
JEAN-CLAUDE MÉTHOT
Professeur retraité, fier membre de l'ARUL
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