
L'aventure du savoir
Étudier peut mener non seulement à
la conquête de soi mais aussi à celle du monde
En 1971, 4 % de la population du Québec détenait
un diplôme universitaire. Trente-cinq ans plus tard, ce
pourcentage s'élève à 20 %. Pour Olivier
Clain, professeur au Département de sociologie, ces statistiques
indiquent clairement que la société québécoise
est bel et bien engagée dans la grande aventure collective
du savoir. Menant vers l'émancipation, cet engagement
permet l'avancement de la science, de la pensée et de
la création. Dans cette foulée, l'université
constitue un lieu privilégié de transmission des
connaissances où le maître et l'élève
tentent de donner le meilleur d'eux-mêmes, sachant qu'ils
sortiront l'un et l'autre grandis de l'expérience.
"Qu'on ait aujourd'hui la possibilité d'étudier
à l'université jusqu'à l'âge de 30
ans m'apparaît comme une conquête historique indéniable",
a soutenu Olivier Clain, qui donnait un exposé sur le
sens et la finalité des études universitaires dans
le cadre des activités campus de l'Heure pédagogique,
le 24 février, au pavillon Charles-Eugène-Marchand.
"Chaque fois qu'on apprend quelque chose, on conquiert une
partie de son ignorance, d'affirmer le sociologue. En ce sens,
étudier est un travail qui rend possible une transformation
profonde de l'être. Certes, le savoir se gagne grâce
à l'effort, mais la jouissance qu'on en retire est à
la mesure de l'effort consenti."
Payez au suivant
Dans la pratique de l'enseignement, le professeur fait une
promesse tacite à l'étudiant: "Si tu suis
bien ce que j'enseigne, tu seras payé de retour".
Mais cette transmission des connaissances n'est possible que
parce que l'étudiant effectue un travail de reconstruction
dans sa tête, à partir du discours de l'enseignant,
celui qui écoute faisant ainsi confiance à celui
qui promet. Sans ce travail de reconstruction, insiste Olivier
Clain, on ne peut parler de véritable transmission. Une
part de mystère demeure cependant quant à la part
des connaissances acquises; le maître ne sachant pas exactement
ce qui sera saisi par l'élève. D'où l'importance
d'enseigner dans une sorte de lâcher prise, en espérant
que l'étudiant embarquera dans l'aventure. Car l'aventure
individuelle de la transformation par le savoir rejoint intimement
l'aventure collective.
"On raconte qu'au cours des 50 années ayant suivi
la parution de Critique de la raison pure, ouvrage écrit
en 1781 par le philosophe allemand Emmanuel Kant, quelque 5 000
articles ont été écrits sur les idées
qui y étaient proposées, a souligné Olivier
Clain. Moi, je crois que le goût d'apprendre et de discuter
est encore bien présent de nos jours: à preuve,
depuis 23 ans que j'enseigne la sociologie, je n'ai heureusement
pas encore rencontré de cohorte d'étudiants qui
soient différents de ceux et celles qui ont lu Kant au
18e siècle."
Lancée à l'automne 2004, l'Heure pédagogique
est une initiative visant à stimuler l'échange
d'opinions et d'informations d'ordre pédagogique entre
le personnel enseignant, le personnel administratif et les étudiants
dans le but d'accroître encore davantage la qualité
de la formation à l'Université.
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