
Soigner au pays de Fidel
Trois étudiantes de la Faculté
de médecine en stage à Cuba sont revenues impressionnées
par le système de santé de ce pays en développement
par Yvon Larose
"J'étais intriguée par Cuba, raconte Andréane
Lavallée, étudiante au doctorat en médecine.
J'ai choisi ce pays comme milieu de stage parce que je voulais
connaître leur système de santé qui est renommé
pour sa qualité. J'ai vécu une très belle
expérience. Mais cela ne m'a pas ouvert l'esprit pour
pratiquer éventuellement dans un pays en développement."
En compagnie d'Émilie Vallières et de Meryl Tabah,
Andréane a séjourné du 13 mai au 22 juillet
2005 au pays de Fidel Castro, plus précisément
dans la ville de Santa Clara, une des principales agglomérations
du pays. "Nous n'avions jamais voyagé en Amérique
latine, mais le milieu hispanophone nous intéressait,
explique Émilie. Cuba nous apparaissait comme un endroit
intéressant pour notre formation puisque c'est un entre-deux
entre les pays vraiment pauvres et les pays développés."
Le samedi 4 février, au pavillon Ferdinand-Vandry, une
trentaine d'étudiantes et d'étudiants du pré-externat
en médecine, dont Émilie Vallières, ont
présenté les faits saillants de leurs stages de
formation en santé internationale effectués l'an
dernier dans six pays en développement, soit le Sénégal,
le Mali, le Liban, l'Inde, le Honduras et Cuba. En octobre, une
première présentation avait permis à une
trentaine d'autres stagiaires de relater leur expérience
dans cinq autres pays. L'encadrement des stages était
assuré par la Faculté de médecine, le Bureau
international de l'Université et divers partenaires.
Au consultario
Les sept premières semaines de leur stage, les
trois étudiantes les ont passées dans de petites
cliniques médicales appelées consultario.
Dans le système cubain, le consultario dispense
les soins de santé primaire. On y trouve un médecin
et une infirmière. Les jeunes enfants et les femmes enceintes
ont priorité. Les soins de base offerts comprennent les
suivis de grossesses normales et la vérification de l'état
de santé des bébés. "Le médecin
du consultario nous supervisait, raconte Émilie. Nous
avons fait, entre autres, des prises de pression sanguine et
des injections. Nous avons aussi fait l'examen complet des nouveaux-nés,
comme les peser et les mesurer. En après-midi, nous faisions
des visites à domicile avec le médecin et l'infirmière.
La médecine préventive est très importante
là-bas. Ils vérifiaient notamment si le milieu
de vie était adapté pour de jeunes enfants. Les
visites servaient aussi à dispenser des soins aux personnes
qui ne peuvent se rendre au consultario."
Andréane et Émilie qualifient le système
de santé cubain d'"impressionnant", malgré
des carences dans les infrastructures et matériels médicaux.
Si l'économie de ce pays se compare à celle des
pays en développement, le niveau des systèmes d'éducation
et de santé, qui sont entièrement gratuits, situe
avantageusement Cuba parmi les pays développés.
En 2001, Cuba comptait un médecin pour 167 habitants.
"Les gens ne meurent pas de maladies tropicales, mais de
maladies semblables à celles que l'on voit dans les pays
développés, souligne Andréane. Il y a de
nombreux cas de diabète et de crises cardiaques, des problèmes
causés par l'obésité. Le cancer est une
autre importante cause de mortalité. Mais le taux de sida
est très bas. Et il n'y a pas de malaria. Les problèmes
de diarrhées tropicales sont nombreux, mais les gens sont
bien traités, en particulier les enfants. En Afrique,
beaucoup d'enfants en meurent. À Cuba, on hospitalise
immédiatement l'enfant. Le programme de réhydratation
et les traitements intensifs font qu'il y a peu de mortalité."
Le reste du stage s'est déroulé en milieu hospitalier
dans des établissements spécialisés en obstétrique
ou en pédiatrie. À ces endroits, les stagiaires
ont surtout fait de l'observation. Elles ont assisté à
des accouchements et à des chirurgies. "Ils n'utilisent
pas l'épidurale pour l'accouchement, indique Émilie.
Ils prétendent que l'analgésie prolongerait le
temps d'accouchement. Les femmes ne s'en plaignaient pas."
En pédiatrie, les étudiantes ont examiné
des enfants et posé de nombreuses questions aux parents.
"Leur programme pédiatrique est très important,
explique Andréane. Il offre un très bon suivi aux
enfants et ce, dès la naissance. La mortalité infantile
est, à Cuba, parmi les plus faibles au monde."

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