
Des axes rentables
L'implantation du Métrobus a fait
augmenter la valeur des propriétés résidentielles
dans certains quartiers centraux de Québec
En 1992, le Réseau de transport de la Capitale (RTC)
implantait le Métrobus, un système rapide à
fréquence élevée qui allait changer la face
du transport en commun dans la région métropolitaine
de Québec. S'étant ajusté à la demande
au fil des ans, ce service, constitué des parcours 800
et 801, rejoint aujourd'hui Beauport et Charlesbourg, avec un
tracé commun desservant l'axe Sainte-Foy/Sillery. En plus
d'améliorer l'accessibilité aux pôles d'emploi
et aux principaux centres d'activité de la région,
la mise en place du Métrobus a eu des impacts sur la valeur
des résidences, selon les secteurs desservis. Dans les
quartiers centraux de Sainte-Foy et Sillery, la valeur des maisons
a ainsi augmenté, alors qu'elle a diminué dans
les quartiers situés en périphérie (Beauport
et Charlesbourg), c'est-à-dire ceux situés aux
extrémités des parcours 800 et 801.
C'est ce que révèle une étude réalisée
par Patricia Dib qui a présenté les résultats
de sa recherche le 11 février, lors du 11e colloque du
CRAD (Centre de recherche en aménagement et développement).
Pour les fins de son essai visant à mesurer l'impact de
l'arrivée du Métrobus sur le marché immobilier
résidentiel, l'étudiante en aménagement
du territoire et en développement régional s'est
basée sur les données d'enquêtes réalisées
à tous les cinq ans par le ministère des Transports
du Québec et le RTC, données qui lui ont permis
de connaître l'évolution de la part modale entre
les moments de vente et de revente d'une résidence dans
certains secteurs. Elle a analysé 8 500 propriétés
ayant fait l'objet d'une vente et d'au moins une revente, entre
1986 et 2004, limitant son étude aux bungalows, cottages,
maisons en rangée et jumelés. Au total, 11 500
paires de transactions ont été traitées.
"Selon les résultats obtenus, une résidence
située dans l'axe central du Métrobus aurait connu
une évolution de sa valeur de 7,4% entre 1986 et 2004,
explique Patricia Dib. Si elle valait 100 000 $ en 1986, sa valeur
était de 107 400 $, en 2004. Dans les secteurs périphériques,
la valeur, après 12 ans, était de 101 900 $."
Investir là où la demande le justifie
Selon Patricia Dib, les habitations situées à
proximité du Métrobus se vendent avec une plus-value
significative, pourvu que le transport en commun y soit déjà
bien implanté et valorisé, et que les résidents
puissent bénéficier d'un service intensif combinant
des voies réservées et des véhicules doubleurs
en période de pointe. C'est le cas des quartiers centraux
où l'accès aux parcours 800 et 801, à l'intérieur
d'une distance de 500 m, constitue un véritable bénéfice
dans la valeur des habitations. Partout où l'accès
au Métrobus est plus éloigné, et en particulier
dans les zones en périphérie où l'automobile
demeure le mode de transport privilégié, l'arrivée
du Métrobus exerce un effet à la baisse sur l'évolution
du prix de vente des propriétés, l'effet de nuisance
liée au bruit l'emportant en quelque sorte sur l'effet
positif d'accessibilité, précise la chercheure.
"Pour que le transport collectif soit rentable, l'idée
consiste à investir là où la demande potentielle
le justifie, c'est-à-dire dans un corridor urbain dense
où se trouve une mixité de services, souligne Patricia
Dib. À Québec, ce corridor est sans contredit l'axe
Québec/Sainte-Foy, plus précisément entre
le Vieux-Québec et la route de l'Église à
Sainte-Foy." Dans cet esprit, Patricia Dib estime que la
Ville de Québec gagnerait à contribuer financièrement
aux coûts d'infrastructure du réseau de transport
collectif. L'accroissement des valeurs foncières qui découlerait
de cet investissement permettrait de financer, entre autres,
les coûts d'exploitation du réseau de transport
en commun et, par le fait même, aiderait à son développement.

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