
Un hiver sur les planches
Sept productions de calibre au nouveau
programme de la troupe de théâtre Les Treize
Robert Gravel, Jean-Pierre Ronfard, Jacques Prévert,
William Shakespeare, voici quelques-uns des auteurs d'ici et
d'ailleurs qui composent le menu hivernal de la troupe de théâtre
Les Treize. Pas moins de sept productions prendront l'affiche
de février à fin avril. Bien calés dans
leur siège, les spectateurs voyageront par la magie du
théâtre vers l'époque médiévale,
le Paris du 19e siècle, la campagne tunisienne, le bois
québécois ou une résidence pour personnes
âgées bien d'aujourd'hui.
La saison démarre en lion avec Les enfants du Paradis,
le chef-d'oeuvre du poète français Jacques
Prévert, présenté du 16 au 19 février.
En 1828, à Paris, sur le boulevard du crime, Garance,
une jeune femme mystérieuse et séduisante se trouve
au cur d'intrigues amoureuses. Deux de ses soupirants commencent
leur carrière au Théâtre des Funambules.
Brusquement, l'objet de leur flamme disparaît pour réapparaître
quelques années plus tard et provoquer bien des bouleversements.
Rémi Saint-Michel, un passionné de ce drame romantique
depuis plusieurs années, fera la mise en scène
d'un texte qui montre bien que l'amour et l'argent mènent
le monde.
Autre grand classique, Le songe d'une nuit d'été,
de William Shakespeare, du 2 au 5 mars. Un classique
que la metteure en scène a choisi de revisiter en mélangeant
cirque et théâtre. "J'ai pensé à
cette pièce en voyage, et toutes sortes d'idées
me sont passées dans la tête sous une tente une
nuit et m'ont empêché de dormir", raconte Geneviève
Dionne, diplômée en théâtre. Pour accentuer
l'atmosphère mystérieuse et magique de ce chassé-croisé
amoureux, compliqué par l'intervention des elfes et des
fées, les acteurs deviennent acrobates et danseurs, tandis
que le décor en tissu contribue au merveilleux. Changement
d'univers du 15 au 19 mars avec Les braises de Kanoun,
de Jeannine Valignat, une pièce intimiste autour de la
lutte de villageois contre la sécheresse qui les menace
en Tunisie. "Je suis très contente que ce texte soit
monté car il nous parle d'une autre culture, celle des
femmes du milieu rural en Afrique du Nord", fait valoir
la présidente du Conseil d'administration des Treize,
Stéphanie Moreau.
Quelques jours plus tard, du 23 au 26 mars, c'est le thème
de l'abandon des personnes âgées qu'aborde Il
n'y a plus rien de Robert Gravel. Le metteur en scène
Philippe Savard mise beaucoup sur l'émotion et le sentiment
de culpabilité que le public peut ressentir face à
ces vieillards un peu séniles séjournant dans un
hôpital. À quelques jours de Noël, leur quotidien
va se pimenter cependant grâce à l'arrivée
d'un grand acteur dans leurs murs. Un vent de démesure
souffle ensuite du 31 mars au 2 avril, car le grand Don Quichotte,
version Jean-Pierre Ronfard, reprend le combat contre l'oppresseur
en compagnie de son fidèle Sancho. Une énorme distribution
pour cette pièce hautement fantaisiste, mise en scène
par Valéry Belzil, que la troupe n'avait pas présentée
depuis une bonne quinzaine d'années.
Beaucoup de comédiens aussi pour interpréter
les personnages un brin décalés des Contes de
la zone crépusculaire, oeuvre présentée
du 29 mars au 2 avril, puis du 5 au 9 avril. L'auteur québécois
Guy Beausoleil réunit sur scène des clients d'un
casse-croûte confrontés à des situations
étranges. La pièce, mise en scène par Tina
Paquet, a des allures de "Twilight Zone", la série
télévisée, sur fond de chasse-galerie. Ambiance
étrange garantie également avec Les secrets
de l'invisible, proposé les 28 et 29 avril, grâce
à un échange avec l'Université de Clermont-Ferrand
en France. Ce spectacle permet une rencontre unique entre des
étudiants passionnés de théâtre et
d'autres en sciences autour du thème de la physique. Pierre
Bonton, le professeur responsable, promet de l'humour, de la
poésie, mais aussi du sérieux dans les saynètes
traitant de l'infiniment petit et de l'infiniment grand, tout
aussi bien que des secrets de famille ou des secrets de l'imaginaire.
"Je suis contente de cette saison car elle est très
diversifiée, remarque Stéphanie Moreau. Par contre,
je crains que nous n'ayons beaucoup moins de pièces à
présenter l'an prochain. Il se pourrait même que
Les Treize ne fêtent pas leur soixantième anniversaire
dans quelques années." La présidente du conseil
d'administration de la troupe anticipe en effet une baisse du
nombre de membres de la troupe, et donc du volume de productions
présentées. La mise en vigueur de règlements
dès septembre prochain, selon lesquels 80 % à 85%
des membres des Treize devront être des étudiants,
le reste provenant de la communauté universitaire, va
exclure des acteurs chevronnés travaillant à l'extérieur
du campus.
"Il est normal qu'une troupe accréditée comme
étudiante soit majoritairement composée d'étudiants,
répond Guy St-Michel, le directeur du Bureau d'accueil
et d'animation de l'Université. On avait parfois l'impression
aux Treize que les mêmes comédiens revenaient d'année
en année. Notre mission, c'est de rendre le théâtre
accessible aux étudiants, afin qu'ils puissent assumer
les rôles importants, la mise en scène, la scénographie."
Selon lui, le fait de produire deux ou trois pièces par
an plutôt qu'une douzaine ou plus comme actuellement n'a
rien de négatif puisqu'il s'agit avant tout pour les étudiants
de découvrir leurs talents et de contribuer à animer
le milieu universitaire.
Les spectacles seront présentés au Théâtre
de poche, à l'Amphithéâtre Hydro-Québec
ou au Théâtre de la cité universitaire.Le
coût des billets est de 10 $ en prévente à
l'Animation socioculturelle, au local 2344 du pavillon Alphonse-Desjardins,
et de 12$ à l'entrée.

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