| 
   La dépendance à l'aide sociale      se transmet-elle entre les générations?Une équipe de chercheurs du Département       d'économique établit un lien direct entre la participation      des parents et celle de leurs enfants Au Québec, une personne dont les parents ont été      bénéficiaires de l'aide sociale risque fort de      faire appel elle aussi à cette forme d'aide, une fois      arrivée à l'âge adulte. Au terme d'une vaste      étude publiée dans le dernier numéro du      Journal of Population Economics, une équipe de      chercheurs du Centre universitaire sur le risque, les politiques      économiques et l'emploi (CIRPÉE) de l'Université      Laval composée de Nicolas Beaulieu, Jean-Yves Duclos,      Bernard Fortin et Manon Rouleau conclut qu'il existe bel et bien      un lien entre le fait de faire appel à l'aide sociale      et celui d'avoir eu des parents y ayant eu recours. Cette recherche      a analysé les demandes de prestations d'aide sociale de      17 203 jeunes adultes âgés de 18 ans en 1990 et      dont les parents avaient été bénéficiaires      de l'aide sociale durant au moins un mois entre 1979 et 1990.
 "Statistiquement, nous constatons qu'une hausse de 10 %      du taux de participation des parents à l'aide sociale      quand leur enfant a entre sept et 18 ans entraîne à      son tour une hausse du taux de participation de 3 % à      l'aide sociale chez l'enfant devenu jeune adulte (18-21 ans),      explique Bernard Fortin. Notre recherche montre aussi que cet      impact se fait davantage sentir durant la période où      l'enfant est âgé entre 7 et 9 ans, au moment où      il conteste peu le modèle parental, et celle où      il s'apprête à entrer dans l'âge adulte, c'est-à-dire      vers l'âge de 16 et 17 ans."
 Pour les générations futuresL'enfant qui voit ses parents remplir une demande de prestations      d'aide sociale, recevoir un chèque du gouvernement fédéral      ou qui entend souvent parler du sujet dans son quotidien, "apprend"      en quelque sorte de ses parents. En outre, ayant souvent peu      de contacts avec le monde du travail, il demeure  moins informé      de ce qui s'y passe et des possibilités qu'il pourrait      y trouver dans le futur. Enfin, à l'âge de 18 ans,      au moment où il perd son statut d'étudiant tout      en habitant encore le foyer familial, il peut être incité      par ses parents - qui voient en même temps le montant de      leur chèque diminuer - à s'adresser à l'aide      sociale.
 
 "Au-delà de ce lien de causalité, d'autres      caractéristiques transmises entre générations      et influençant la dépendance à l'aide sociale      peuvent aussi jouer un rôle important, souligne Bernard      Fortin, comme le fait d'avoir un faible taux de scolarité,      d'habiter une région où le recours à l'aide      sociale est élevé ou plus généralement      de vivre dans la pauvreté. Sur le plan des politiques      sociales, nos résultats montrent que les mesures qui réussissent      à réduire la participation à l'aide sociale      des parents ont aussi des effets importants sur la dépendance      à l'aide des générations futures. On doit      en tenir compte dans l'évaluation de ces mesures."
 
                   | 
 |  |