
Une année déterminante pour l'avenir
de l'Université
À mi-mandat, le recteur Michel Pigeon
jette les bases d'un important virage institutionnel
par Yvon Larose
"C'est à un changement de notre culture institutionnelle
que nous sommes appelés. La bonne nouvelle, c'est que
je crois que nous sommes disposés à prendre le
virage. L'Université Laval, qui doit demeurer une grande
université de recherche, devient, je dis bien devient,
une université adaptée au monde, engagée
dans son milieu, en somme une université citoyenne."
C'est par ces mots que le recteur Michel Pigeon a clos le discours
de la rentrée qu'il a prononcé, le mardi 13
septembre en la salle du Conseil du pavillon Louis-Jacques-Casault,
devant les membres du Conseil universitaire et du Conseil d'administration.
Développement de la formation continue et de la formation
à distance, renouvellement du Plan de développement
de la recherche, nouvelle tournée des unités et
des services, développement de la vocation résidentielle
de l'extrémité nord-est du campus, nomination de
responsables du développement stratégique de l'Université
en régions et à Montréal, enfin création
d'une commission d'examen des pratiques de gestion à l'Université,
telles sont les principales actions qu'entendent concrétiser
Michel Pigeon et son équipe au cours de l'année
2005-2006.
D'entrée de jeu, le recteur a demandé: "Où
va l'Université Laval?" Il a répondu: "Je
vous dirai d'abord que l'Université Laval est à
une croisée de chemins. Nous vivons une situation difficile,
financièrement parlant, et nous la vivons dans un monde
en ébullition et extrêmement concurrentiel. Il n'est
un secret pour personne que nous assistons présentement
à une véritable révolution dans le monde
de l'enseignement supérieur." Selon lui, la direction
de l'Université, dans ce contexte, a la responsabilité
de faire des choix et de poser les gestes qui s'imposent. "Il
faut, a-t-il dit, prendre maintenant des décisions qui
vont orienter ce que sera l'Université Laval dans cinq,
voire dans dix ans."
Une révolution tripartite
Le recteur Pigeon a convié ses auditeurs à
relever un défi élevé: celui de positionner
l'Université Laval dans ce qu'il a appelé "la
révolution du savoir, du savoir-faire et du savoir-être".
Il faut, selon lui, tout mettre en oeuvre pour répondre
aux besoins d'apprentissage de l'étudiant du 21e siècle.
Le défi est de taille puisque cet étudiant change
beaucoup et rapidement dans un monde lui-même en mutation.
"Certains veulent des cours à distance, d'autres
veulent se former sur cinq ans, certains veulent attendre à
30 ans avant d'acquérir une formation universitaire, d'autres
sont retraités du marché du travail, les demandes
sur l'université sont multiformes, explique Michel Pigeon.
Nous vivons par ailleurs dans un monde très différent.
Étudier est devenu une activité parmi d'autres.
Aujourd'hui, on peut vouloir apprendre tout au long de sa vie.
Les étudiants ne veulent pas seulement la connaissance,
ils veulent aussi le savoir-faire comme la capacité d'analyse,
le travail d'équipe ou la communication écrite.
Ils veulent aussi être mobiles et poursuivre leurs études
à l'étranger. Aujourd'hui, près de 10 %
de nos étudiants de premier cycle vont en stage à
l'étranger. Au fond, l'université doit être
citoyenne en étant attentive aux besoins de la société
et en s'y adaptant."
Les principaux chantiers en 2005-2006: développement
de la formation continue et de la formation à distance;
renouvellement du Plan de développement de la recherche;
nouvelle tournée des unités et des services; développement
de la vocation résidentielle de l'extrémité
nord-est du campus; nomination de responsables du développement
stratégique de l'Université en régions et
à Montréal; création d'une commission d'examen
des pratiques de gestion à l'Université.
S'ouvrir à la formation non traditionnelle
En 2005-2006, la direction de l'Université assurera
une évaluation régulière ainsi qu'un suivi
plus systématique de l'évaluation de l'enseignement.
Elle prendra les mesures nécessaires pour favoriser un
meilleur accueil et une meilleure intégration des étudiants
nouvellement admis. Mais le choix le plus stratégique
vise le développement de la formation non traditionnelle,
en particulier la formation continue et la formation à
distance. À Laval, 15 % des activités d'enseignement
sont en formation continue. La direction de l'Université
demandera donc à chaque faculté et à chaque
département de se prononcer et de se positionner sur la
formation non traditionnelle. Les actions posées tiendront
compte des spécificités propres à chaque
discipline. Le prochain exercice budgétaire, pour l'année
2006-2007, prévoira des allocations pour le développement
des priorités stratégiques que sont la formation
à distance et la formation continue.
"Le développement de la formation non traditionnelle
constitue un enjeu clé, prioritaire et déterminant
pour l'avenir de l'Université, a affirmé Michel
Pigeon. Il y a une demande croissante pour ces types de formation
et, pour demeurer concurrentielle, l'Université doit se
donner les moyens de répondre à cette demande."
Ce dernier rappelle que plusieurs professeurs et plusieurs unités
ont déjà fait un grand pas dans le développement
d'une offre de formation non traditionnelle. Il estime toutefois
que ce mouvement doit être accéléré.
Il faut aussi regrouper les forces et créer une synergie
et une cohérence institutionnelles. "Il y a un virage
à prendre pour assurer à la fois notre pertinence
et le maintien de notre croissance, mais aussi, disons-le clairement,
pour assurer notre financement, a-t-il ajouté. Car la
formation traditionnelle, c'est-à-dire la formation initiale
des jeunes en classe, n'est plus en croissance."
En internationalisation de la formation, un groupe de travail,
mis sur pied au début de l'année, soumettra des
avis, notamment sur le développement international, sur
le recrutement international, en particulier aux cycles supérieurs,
et sur le développement de projets de formation à
l'étranger. "La stratégie primaire que nous
nous étions donnée portait sur l'internationalisation
de la formation au moyen du profil international, souligne Michel
Pigeon. Nous sentons le besoin de développer une stratégie
plus large."
Le vice-recteur à la recherche, en collaboration avec
la Commission de la recherche, produira, quant à lui,
un nouveau plan de développement de la recherche ainsi
que la stratégie pour le mettre en oeuvre. Le but visé
est le maintien du leadership de l'Université dans de
nombreux domaines, de même que le développement
de nouveaux créneaux d'excellence.
Poursuivre l'amélioration de la communication interne
En 2003, le Conseil d'administration a adopté cinq
grandes orientations stratégiques. L'une d'elles, "la
réussite par une cohésion interne accrue",
a pris plusieurs formes, dont une tournée des unités
et des services, l'automne dernier, par le recteur et des membres
de son équipe. "Malgré tous les efforts faits
en communication interne, précise ce dernier, les gens,
à tous les niveaux, veulent être de plus en plus
en contact avec la direction de l'Université. Nous allons
prendre divers moyens pour répondre à ce besoin,
dont une nouvelle tournée des unités et services
cet automne." L'équipe de direction intensifiera
son interaction, notamment auprès des directeurs des départements,
écoles et services ainsi qu'auprès des chercheurs.
Avec une négociation en cours, deux qui débuteront
sous peu et quatre conventions collectives venant à échéance
au printemps prochain, l'année 2005-2006 aura une forte
connotation "relations de travail". Elle sera également
une année-charnière pour les services offerts aux
étudiants. La direction de l'Université fera un
examen rigoureux des pratiques et des services offerts. La Politique
de reconnaissance de la participation étudiante sera revue
à l'automne. La Commission des affaires étudiantes
déposera un avis sur l'accueil et l'intégration
des étudiants étrangers.
La direction de l'Université donnera cette année
le coup d'envoi pour la mise en oeuvre des recommandations de
la Commission d'aménagement de l'Université Laval.
Le groupe de travail mis sur pied pilotera le démarrage
d'un premier chantier, celui du secteur Myrand, appelé
à une vocation résidentielle et situé à
l'extrémité nord-est du campus. "Si l'on avait
voulu faire un pavillon Parent avec deux tours, on n'aurait pas
eu besoin d'une commission d'aménagement, indique le recteur.
Il faut penser en termes de quartier d'habitations." Dans
les prochaines semaines, le groupe de travail contactera toutes
les parties concernées par le développement de
ce secteur, en particulier les associations étudiantes
qui ont soumis des projets de résidences. Plus globalement,
l'équipe de direction souhaite travailler avec les étudiants
dans différents projets, par exemple la mise sur pied
d'un programme de covoiturage et la création d'un laissez-passer
universel d'autobus.
Être partenaire du développement des régions
La direction de l'Université nommera cet automne une
personne responsable de l'action de l'Université dans
les régions du Québec, à l'exception de
Montréal, pour tout ce qui touche à l'enseignement,
à la recherche et aux services à la collectivité.
Son mandat portera sur le développement des activités
de formation en région, sur la coordination avec les pôles
universitaires et sur le développement de partenariats.
"L'Université doit passer du rôle de simple
pourvoyeuse de services à partenaire du développement
des régions", a affirmé le recteur Pigeon.
Ce dernier a rappelé que 45 % des étudiants inscrits
à Laval viennent de l'extérieur de la région
de Québec, d'où l'importance des régions
pour le recrutement. La direction nommera par ailleurs une personne
responsable sur place de la grande région de Montréal.
Son mandat portera sur l'offre de formation initiale et continue
dans des secteurs complémentaires à ceux offerts
par les autres institutions montréalaises, ou qui font
partie des créneaux d'excellence de l'Université.
Lobbying et philanthropie
Le recteur entend poursuivre cette année ses efforts
dans le dossier du sous-financement des universités. Il
entend également mettre l'accent sur le financement privé.
Il a rappelé que le PEPS, l'agrandissement du pavillon
Palasis-Prince et le pavillon Alphonse-Desjardins, entre autres,
ont vu le jour grâce à des campagnes de financement.
Selon Michel Pigeon, le contexte de budget restreint dans lequel
évolue l'Université appelle à une révision
des façons de faire. Les structures doivent être
simplifiées et allégées et devenir plus
cohérentes et plus souples. Dans ce but, le recteur demandera,
lors de la réunion du Conseil d'administration du 28 septembre,
de mettre sur pied une commission d'examen des pratiques de gestion.
Cette commission sera présidée par un membre externe
du Conseil. Elle examinera les façons de faire de toutes
les unités et services. Elle se penchera notamment sur
les problèmes liés au cloisonnement des unités,
sur la gouvernance, sur la rationalisation des programmes et
sur la stratégie de renouvellement du personnel. "Je
pense que l'on fait du bon travail en matière de gestion,
indique Michel Pigeon. Mais il y a toujours place à amélioration.
La Commission aura un impact, tant au niveau de notre manière
de gérer qu'au niveau de la transparence. Et la commission
ne travaillera pas pendant trois ans. Nous voulons aller vite
et nous attendrons un rapport en dedans d'un an."
Un bilan de trois ans
Élu à l'automne 2002 pour un mandat raccourci
de quatre ans et demi, avec un an et demi à faire avant
la prochaine course au rectorat, le recteur Michel Pigeon a livré
un bilan couvrant non pas l'année écoulée,
comme le veut la tradition, mais ses trois premières années
de mandat à la direction de l'Université. "Dans
le contexte financier et concurrentiel qui est le nôtre,
je suis plutôt satisfait de ce que nous avons accompli
en 33 mois", a-t-il déclaré.
Entre 2002 et 2005, la direction de l'Université a privilégié
l'ouverture aux besoins des étudiants et l'adaptation
aux besoins de la société. Le volet enseignement
a vu en particulier la création de nouveaux baccalauréats,
de nouveaux programmes de deuxième et de troisième
cycles, et de nouveaux bacs intégrés, ainsi que
la création du profil international. Depuis 2003, la direction
de l'Université a signé 96 nouvelles ententes DEC+BAC.
Elle a aussi donné le feu vert à la modernisation
du système de gestion des études. Mentionnons également
l'avis de la Commission des affaires étudiantes sur la
persévérance et la réussite des étudiants,
de même que la réflexion en cours à la Faculté
des études supérieures relativement à l'encadrement
des étudiants aux cycles supérieurs. Le volet recherche
a vu la réaffirmation de l'importance du lien enseignement-recherche,
l'évaluation en continu des centres de recherche, la dotation
de plusieurs Chaires de recherche du Canada, ainsi que la création
de chaires industrielles et de chaires capitalisées. L'Université
occupe tantôt le cinquième, tantôt le sixième
rang des dix plus grandes universités de recherche au
Canada.
À l'écoute de la communauté universitaire
Le recteur s'est donné, entre autres priorités,
celle d'être à l'écoute de la communauté
universitaire, accessible et en lien avec elle. Tournée
des unités, des services et du personnel administratif,
déjeuners ponctuels et lettre aux membres de la communauté
témoignent de cet engagement. Plusieurs éléments
ont contribué à rehausser la qualité de
vie au travail, notamment des activités de reconnaissance,
la politique pour contrer le harcèlement et le programme
de formation des gestionnaires. La direction a aussi signé
des conventions collectives avec le SPUL, le SCCCUL, le SEUL,
le SPPRUL et l'APAPUL. Les trois dernières années
ont vu, entre autres, le coup d'envoi des travaux de construction
du Centre de transformation sur le bois ouvré et du Centre
d'optique photonique et laser.
Pour favoriser le rayonnement et la mise en valeur de l'Université,
l'équipe de direction a notamment mis en place une plate-forme
d'identification visuelle, lancé une campagne publicitaire
de recrutement et créé la Direction des affaires
publiques. Depuis 2002, 299 nouvelles ententes visant l'internationalisation
de la formation ont été signées avec des
institutions de par le monde. L'Université est maintenant
implantée sur la Rive-Sud de Québec. Elle est partenaire
de pôles universitaires en Montérégie et
dans les Basses-Laurentides. La diversification de l'offre en
formation continue se poursuit dans la région de Montréal.
Sous-financée, comme les autres universités québécoises,
Laval souffre en plus d'un manque à gagner annuel de 11
millions de dollars causé par l'iniquité de la
grille de financement du ministère de l'Éducation.
"Malgré cela, a précisé le recteur,
nous avons réussi à maintenir, depuis notre arrivée
en poste, des budgets d'opérations équilibrés."
Depuis deux ans, l'Université a par ailleurs atteint ses
objectifs de recrutement d'effectifs étudiants. Enfin,
la campagne "De toutes les révolutions" a permis
d'amasser, à ce jour, près de 70 millions de dollars
sur un objectif de 150 millions.
Selon Michel Pigeon, l'Université Laval a progressé
dans sa volonté de positionnement sur l'échiquier
québécois et international. Elle a également
progressé sur le plan de son image de marque centrée
sur sa mission, soit la réussite étudiante. "Mais,
a-t-il dit, il reste beaucoup à faire et nous devons accélérer
la cadence."
Le
texte intégral du discours de la rentrée 2005-2006
du recteur Michel Pigeon sera disponible sous peu dans le site
Web institutionnel.
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