Le courrier
Avaler n'importe quoi?
Dans Le Soleil du 8 courant, on nous entretenait du
bras-de-fer qui se profile (ou se poursuit) à l'Université
Laval entre la gent étudiante et la multinationale étatsunienne
Sodexho en regard au lucratif contrat de distribution alimentaire
sur le campus pour... les dix prochaines années. Bien
que je m'explique fort mal que l'administration du recteur Pigeon
ait dans ce dossier accordé sa confiance à cette
entreprise plutôt qu'à "ses propres ouailles"
- formées par ses propres soins et lesquels ne sont tout
de même pas des enfants -, je ne reviendrai pas ici sur
le fond du litige que je laisse aux "compétiteurs"
concernés et à la direction de mon alma mater.
Je me contenterai plutôt d'un "petit" détail
qui, à mes yeux, en dit déjà fort long sur
cette firme Sodexho. En quelques secondes à peine,
ce même 8 septembre (je n'avais même pas encore lu
l'article du Soleil à ce moment-là), je
désirais me sustenter rapidement à la cafétéria
du pavillon Bonenfant, alors que beaucoup de travail m'attendait
à la Bibliothèque générale aux étages
supérieurs. Or, le temps de m'accaparer un sandwich et
un café, il me fut permis en un éclair de constater
maintes gifles à la langue française dans l'affichage
des lieux. Tout d'abord, un placard à hauteur d'homme
immédiatement derrière le comptoir - on ne peut
le manquer -, lequel écriteau faisait la promotion de
je ne sais quel produit en anglais. Puis, c'est la distributrice
à café qui "s'adresse" à moi,
toujours dans l'idiome de ce grand sage amoureux de paix, de
démocratie, de Cajuns et de négritude nommé
George W. Bush. Enfin, le temps de récupérer une
serviette de table ou deux, voilà que c'est le distributeur
de ces produits qui ne fait aucun cas de la langue des Québécois...
Alors voici, ma position est fort simple, messieurs/mesdames
de Sodexho: dégoûtée, on ne m'y reprendra
plus. Désormais, j'apporterai mes propres victuailles
à mon travail (dont un thermos de "vrai" café)
ou, selon les jours, sans doute, je fréquenterai les quelques
rares comptoirs étudiants encore accessibles dans l'enceinte
de l'Université, notamment au pavillon De Koninck.
Cela dit, et pour ainsi dire en revanche sinon en aparté
(soyons honnêtes en mettant les choses en perspective),
il faut bien admettre que ces entreprises qui viennent faire
des affaires au Québec comme s'il s'agissait du English
Canada, voire des United States of America, ont devant
les yeux d'ores et déjà - ici même dans notre
propre maison nationale, et en provenance des plus hautes
autorités - des illustrations réitérées
d'un laisser-aller sinon d'un mépris de notre propre langue.
Du gouvernement de M. Jean Charest qui s'amuse à tout
bilinguiser sur son passage (l'enseignement de l'anglais dès
la première année de l'élémentaire
en prime, alors que nos enfants sortent encore des universités
doués d'une maîtrise approximative de leur propre
langue maternelle) au ministre Pierre Pettigrew qui n'a pas énoncé
une phrase intelligente sur le Québec depuis certainement
vingt ans (au bas mot) - et devant lequel s'écrase Mme
Monique Gagnon-Tremblay, "notre" (?) ministre québécoise
des Affaires internationales. Il faut bien considérer,
en effet, que l'exemple du discrédit systématique
du foyer national de la Francophonie en Amérique vient
de haut. De très haut. Avec des "parents" semblables,
hélas!, nul besoin de pédophiles dans les cours
d'école...
Alors, quoi, sinon qu'il faut revenir à la "base".
C'est pourquoi je vous dis: beaucoup de succès dans vos
démarches, jeunes lavallois !
MARIE-LOUISE LACROIX
Québec
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