
Saut de puce vers le TSX Venture
Pour la première fois, une entreprise
soutenue par Entrepreneuriat Laval, Ariane Controls, sera bientôt
cotée en bourse
Dès cet automne, Ariane Controls, une firme dirigée
par deux diplômés en génie mécanique
de l'Université Laval, devrait faire son entrée
à la bourse de Toronto, dans le secteur des entreprises
émergentes, le TSX Venture. Les deux associés,
Daniel Noiseux et Jean-Pierre Fournier, risquent de bénéficier
des effets de la montée du prix des énergies fossiles
puisqu'ils commercialisent une puce électronique capable
d'améliorer l'efficacité de l'éclairage
et d'empêcher le chapardage énergétique.
L'idée trottait dans la tête du directeur général
Daniel Noiseux depuis une bonne vingtaine d'années, lui
qui a travaillé dans un organisme aidant les entreprises
en démarrage. Il a fallu cependant que cet ingénieur
rencontre en 2002 un de ses anciens confrères de classe
pour que les deux hommes décident de se lancer en affaires.
En février 2004, Ariane Controls prenait son envol, après
une année consacrée à consolider les finances
de l'entreprise.
La puce électronique qu'ils ont mise au point avec leur
équipe, à partir d'une technologie existante, tient
dans le creux de la main. "Les clients ne cherchent pas
à acheter un morceau de silicone, mais ses applications",
témoigne Jean-Pierre Fournier, le président de
l'entreprise. À l'écoute de leurs acheteurs, les
ingénieurs d'Ariane Controls peuvent donc tout aussi bien
contribuer à diminuer les coûts de maintenance de
feux de circulation qu'à réduire la facture énergétique
de l'éclairage public ou d'immenses rampes électriques
dans une usine, par exemple. Avec cet outil, un entrepreneur
a ainsi la possibilité de moduler sa consommation tout
au long de la journée pour bénéficier de
tarifs préférentiels à certaines heures
et, ainsi, rendre un bâtiment "intelligent".
Placées à des endroits stratégiques, leurs
puces contribuent aussi à prévenir des vols d'électricité
dans des pays comme le Brésil où certains citoyens
se branchent directement à la source, sans se soucier
des compteurs électriques. C'est d'ailleurs de ce géant
du continent sud-américain qu'est venue, par Internet,
la première commande d'Ariane Controls.
L'aide d'Entrepreneuriat Laval
Convaincus de l'utilité et de la fiabilité
du produit qu'ils offraient, les deux associés ont eu
bien de la difficulté, par contre, à convaincre
les sociétés à capital de risque d'investir
à leurs côtés. "Il faut se rappeler
que ce genre d'investisseurs se sont plutôt retirés
sur leurs terres en évitant les entreprises en démarrage
après l'éclatement de la bulle technologique",
rappelle Daniel Noiseux. Heureusement, Entrepreneuriat Laval
leur a donné un bon coup de pouce en conseillant les deux
associés sur leur plan d'affaires et en leur suggérant
certains partenaires. "C'est toujours intéressant
d'avoir un regard extérieur sur notre projet, témoigne
Jean-Pierre Fournier. Notre conseiller, Alain Cadoret, nous a
souvent interrogé sur nos prévisions financières,
sur la façon dont nous comptions atteindre nos objectifs.
Le fait d'avoir gagné en 2003 le premier prix au niveau
local en innovation technologique au Concours québécois
en entrepreneurship nous a donné beaucoup de visibilité
également."
À partir de ce moment-là, les organismes contactés
ont commencé à croire au projet. En quelque mois,
les deux dirigeants ont réussi à réunir
un peu plus de 2 millions de dollars auprès du Fonds d'investissement
de la CSN, du Centre national de recherche du Canada et de différents
programmes gouvernementaux. Ce premier investissement leur a
permis de défrayer les coûts d'acquisition du procédé
auprès de l'inventeur, mais également de le perfectionner
et d'en commencer la commercialisation. "Ce que je trouve
très intéressant dans leur technologie, c'est qu'elle
permet de commander à des interrupteurs sans passer de
nouveaux fils électriques, remarque Alain Cadoret. De
plus, la vente se fait directement à des fabricants d'appareils
électriques ou à des sociétés énergétiques
qui disposent déjà de leur réseau de distribution.
L'entreprise a donc beaucoup moins d'efforts à investir
dans la commercialisation."
Pour l'instant, les acheteurs d'Ariane Controls se situent essentiellement
à l'extérieur du continent américain, plus
exactement en Asie, une région du monde très en
demande d'énergie pour la production industrielle et les
besoins résidentiels. Tout juste revenu d'un voyage dans
ce coin de la planète, Jean-Pierre Fournier doit bientôt
repartir pour l'Inde, tandis que son associé se rendra
prochainement en Europe. L'entreprise de dix personnes a le vent
dans les voiles et s'apprête à conclure une deuxième
ronde de financement de 2,5 millions de dollars. Les premiers
partenaires ont accepté d'investir à nouveau, tandis
qu'un groupe de gens d'affaires de la région de Québec
fait son entrée dans la société publique
en devenir. Cela permettra à Ariane Controls d'accentuer
ses efforts en marketing et en commercialisation en se rapprochant
des fabricants pour intégrer la puce directement dans
leurs appareils électriques. Confiants en l'avenir, les
deux associés prévoient que leur entreprise sera
rentable en 2007, soit 5 ans après sa création.

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