Bug informatique
Des chercheurs du Département d'informatique
et de génie logiciel et de la Faculté de médecine
mettent au point un simulateur pour prédire la progression
du virus du Nil occidental au Québec
Grâce à des recherches menées à
l'Université Laval, le Québec pourrait disposer
dès l'an prochain d'un outil simulant de façon
plausible la dynamique de population et les comportements des
moustiques et des oiseaux qui propagent le virus du Nil occidental
(VNO). Les détails concernant cet outil de simulation,
conçu par Mondher Bouden et Bernard Moulin, du Département
d'informatique et de génie logiciel, et par Pierre Gosselin
de la Faculté de médecine, ont été
dévoilés dans le cadre de la Conférence
scientifique annuelle du Réseau GEOIDE, qui se déroulait
à Québec du 29 au 31 mai, sous le thème
"La géomatique pour vos besoins".
Depuis que le VNO a fait son apparition au Québec en 2002,
40 cas ont été signalés. La transmission
du virus aux humains se fait par l'entremise de moustiques infectés
qui ont eux-mêmes contracté le microbe en piquant
des corneilles, corbeaux ou geais porteurs du VNO. Au Québec
comme ailleurs, l'expansion de ce virus a mené à
la mise en place de systèmes de surveillance qui reposent
sur le dépistage du virus chez des oiseaux morts et chez
des moustiques capturés dans des pièges. Cette
approche présente le désavantage de ne pas permettre
de prévoir la propagation de l'infection. "Si nous
disposions de prévisions fiables, nous pourrions déclencher
des actions préventives au bon moment en fonction du niveau
de risque attendu", fait valoir Mondher Bouden.
Les chercheurs ont donc pensé appliquer le simulateur
MAGS (Multi-Agent-Geo-Simulation), mis au point par l'équipe
de Bernard Moulin, pour prédire le comportement et les
interactions des moustiques, corneilles, corbeaux et geais qui
interviennent dans le cycle vital du VNO. Cette simulation, qui
se déroule dans un environnement cartographique virtuel
représentant le Sud du Québec, permet aux chercheurs
de suivre l'expansion anticipée du virus dans chaque région
en faisant varier les conditions climatiques et les scénarios
d'applications d'insecticides contre les larves de moustiques.
"La vie sexuelle des moustiques est difficile à prévoir,
ce qui fait que présentement les décisions sont
prises au petit bonheur la chance", estime Pierre Gosselin,
qui a siégé sur le comité d'experts chargé
de conseiller le ministère de la Santé et des Services
sociaux dans le dossier du VNO. "La reproduction des moustiques
dépend de paramètres comme la température
et la pluie, rappelle-t-il. Au début de chaque saison,
le ministère supervise une première application
d'insecticide dans les puisards municipaux, les étangs
et les mares, mais on ne peut pas arroser partout et tout le
temps. L'outil sur lequel nous travaillons pourrait permettre
de prévoir à quel moment il convient d'intervenir
de nouveau avec un insecticide ou d'émettre des mises
en garde pour la population. On pourrait ainsi éviter
deux ou trois applications inutiles d'insecticides chaque année,
minimiser l'impact sur l'environnement et émettre des
avis lorsque la situation l'exige vraiment."
Le simulateur utilise les normales de saison, compilées
par Environnement Canada depuis quelques décennies, pour
effectuer des prévisions sur le VNO quelques semaines
à l'avance. Il peut aussi tirer profit des prévisions
météorologiques à court terme pour ajuster
le tir. "Le système ne sera pas précis à
100 %, prévient Mondher Bouden. C'est un outil d'aide
à la décision qu'il faudra utiliser avec prudence
puisque la santé des gens en dépend."
Une étude préliminaire réalisée en
2004 avait permis d'établir la faisabilité du projet.
"Nous sommes actuellement à la deuxième phase
du projet et un système opérationnel sera disponible
d'ici la fin de l'année. Nous allons ensuite le calibrer
avec les données de terrain de 2004 et 2005", précise
Mondher Bouden. "Si le simulateur offre une bonne performance,
il pourrait être utilisé dès l'an prochain
pour appuyer les recommandations hebdomadaires du comité
d'experts qui conseille le ministère au sujet du VNO",
estime Pierre Gosselin.
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