Questions de fond
Des chercheurs présentent les méthodes
grâce auxquelles ils reconstituent l'histoire du climat
à l'aide des sédiments des lacs polaires
S'il faut en croire certains scientifiques, la Terre serait
entrée récemment dans une nouvelle ère géologique.
Bienvenue dans l'Anthropocène, cette période de
l'histoire de notre planète caractérisée
par le fait que les principaux changements qui surviennent dans
la biosphère résultent des activités humaines
et de leurs impacts sur l'environnement. Le réchauffement
exceptionnel de la dernière décennie - qui a été
la décennie la plus chaude depuis que la température
est enregistrée à l'aide d'instruments de mesure
- aurait confirmé la venue de ce temps nouveau.
Jusqu'à présent, ce réchauffement a surtout
fait sentir ses effets aux deux pôles et les modèles
de prévisions climatiques planétaires y laissent
présager, d'ici la fin du 21e siècle, de nouvelles
hausses de température allant jusqu'à 6 degrés
Celsius. Pour bien situer l'ampleur de l'actuel soubresaut du
mercure et pour anticiper ce qui nous attend dans le prochain
siècle, il faut considérer la situation dans une
perspective à long terme des variations climatiques, insistent
les climatologues.
Depuis quelques décennies, les chercheurs disposent d'une
foule d'instruments qui leur permettent d'accumuler des données
sur les températures minimales, maximales et moyennes,
sur les précipitations, sur le rayonnement solaire, etc.
Toutefois, comme ces données météorologiques
datent de moins de un siècle, elles n'offrent pas le recul
nécessaire pour apprécier l'évolution à
long terme du climat. Heureusement, des données indirectes
qui renseignent sur les tendances séculaires du mercure
gisent au fond de milliers de lacs qui parsèment l'Arctique
et l'Antarctique. Les restes d'animaux et d'algues microscopiques
accumulés au fil des siècles dans les sédiments
lacustres sont autant de témoins qui reflètent
les conditions climatiques qui prévalaient à chaque
époque. Mais encore faut-il posséder les outils
requis pour en décoder la signification.
C'est l'inventaire de cet arsenal que décrit le récent
ouvrage Long-term Environmental Change in Arctic and Antarctic
Lakes, édité chez Springer (2005) et préparé
par Reinhard Pienitz, professeur au Département de géographie
et membre du Centre d'études nordiques, et par ses collègues
Marianne S.V. Douglas (Université de Toronto) et John
P. Smol (Université Queen's). En plus de prendre eux-mêmes
la plume, les trois chercheurs ont invité les plus grands
spécialistes de la paléolimnologie à présenter
les différentes techniques utilisées pour reconstituer
les climats passés à l'aide des registres environnementaux
stockés au fond des lacs des régions circumpolaires.
L'ouvrage de 562 pages offre également un survol de l'étendue
géographique des travaux paléolimnologiques entrepris
jusqu'ici dans ces régions. Enfin, il aborde les diverses
façons par lesquelles la paléolimnologie contribue
à répondre aux questions les plus pressantes concernant
les régions polaires. À la fois guide d'introduction
aux différentes techniques d'analyse paléolimnologique
et revue exhaustive du sujet, ce volume devrait intéresser
les étudiants autant que les chercheurs en sciences de
la Terre, de l'atmosphère et de l'environnement, estiment
ses auteurs. Long-term Environmental Change in Arctic and
Antarctic Lakes est le huitième volume de la série
Developments in Paleoenvironmental Research.
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