La règle d'or
Paul Lavallée a trouvé en saint
Benoît un guide pour la vie
Si la plupart des églises paroissiales brillent par
la quasi absence de fidèles le dimanche, il n'en est pas
de même pour l'église abbatiale de Saint-Benoît-du-Lac
qui, elle, manque souvent d'espace pour accueillir la foule qui
s'y presse pour assister aux offices religieux, particulièrement
en été. Même phénomène durant
la semaine alors que des centaines de visiteurs convergent vers
le monastère pour y effectuer un court ou un long séjour.
"Certains prétendent que tout cela n'est que pur
sentimentalisme et nostalgie d'un paradis perdu, mais je crois
plutôt que cette affluence répond à un profond
désir de paix et d'intériorité chez l'être
humain, et que la soif d'absolu conduit naturellement vers des
lieux auréolés de spiritualité", explique
Paul Lavallée, grand spécialiste de saint Benoît
devant l'Éternel et qui, à 83 ans bien sonnés,
vient tout juste de publier un ouvrage intitulé Saint
Benoît. Une spiritualité pour le 21e siècle,
aux Éditions Logiques, fruit d'un travail de vulgarisation
de sa thèse de doctorat en théologie de l'Université
Laval, complétée à l'âge de 77 ans.
Ainsi, l'homme affirme que la fameuse Règle de saint Benoît
sur laquelle se base la vie des moines bénédictins
depuis quinze siècles - peut s'avérer un guide
de vie très inspirant pour qui cherche la voie de la simplicité,
de l'amour et de la justice.
"Par exemple, pour saint Benoît, la règle d'or
des relations humaines consiste à ne pas faire aux autres
ce qu'on ne veut pas qu'on nous fasse, dit Paul Lavallée.
À notre époque, cela signifie que les parents doivent
commencer par accepter leurs enfants pour ce qu'ils sont, les
écouter davantage pour mieux les comprendre et les traiter
avec équité si des corrections s'imposent. Les
jeunes auraient ainsi la chance d'apprendre très tôt
à aimer et à être prévenants, au lieu
d'adopter des comportements violents et agressifs envers les
adultes." De la même façon, estime le théologien,
les relations de travail seraient autrement plus productives
pour l'entreprise et bénéfiques pour les employés
si elles se vivaient dans un plus grand respect mutuel. Enfin,
à l'échelle de la planète, un peu plus d'humilité
de la part des chefs d'États aiderait sans contredit à
réduire le risque de conflit.
Un supplément d'âme
Fasciné depuis toujours par la vie bénédictine,
Paul Lavallée a eu un véritable coup de cur pour
la Règle de saint Benoît au milieu des années
1940. Au fil d'une lecture répétée et attentive
de ce texte écrit au 6e siècle qui résume
en quelque sorte la doctrine de l'Évangile, il a trouvé
ce "supplément d'âme" apte à guider
ses pas sur le chemin de l'existence. Travailleur social de formation
ayant uvré plusieurs années auprès des jeunes
délinquants, l'homme s'est marié et a eu deux enfants.
C'est à l'âge de la retraite, en 1984, qu'il a entrepris
des études de théologie qui le mèneront
jusqu'au doctorat. "Écrire un livre sur la Règle
de saint Benoît est la réalisation d'un rêve,
confie-t-il. À ma connaissance, il n'existe pas d'ouvrages
sur la Règle rédigé par un laïc et
pour des laïcs. J'espère seulement contribuer à
ce que d'autres personnes découvrent la riche pensée
de cet homme de prière et de contemplation qu'est saint
Benoît. Dans un monde inquiet et tourmenté comme
le nôtre, on gagne beaucoup à le connaître."
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