Le drapeau rouge
L'hypertension de grossesse constituerait
un signal de risque de maladies cardiovasculaires
Une étude publiée dans le numéro de
juin de la revue scientifique Obstetrics & Gynecology
par une équipe de la Faculté de médecine
porte à penser que les femmes qui ont souffert d'hypertension
pendant leur première grossesse courent davantage de risques
d'avoir une maladie cardiovasculaire plus tard dans leur vie.
Le lien entre l'hypertension de grossesse, qui touche de 6 %
à 8 % des femmes enceintes, et les maladies cardiovasculaires
proviendrait d'une plus grande susceptibilité, chez certaines
patientes, à développer un syndrome métabolique.
Chez la femme, le syndrome métabolique se caractérise
par la présence simultanée d'au moins trois des
cinq critères suivants: obésité abdominale
(tour de taille plus grand que 88 cm), pression artérielle
augmentée, taux sanguin de sucre élevé,
diminution du "bon cholestérol" et augmentation
de la concentration sanguine des triglycérides.
Jean-Claude Forest, Yves Giguère et Joël Girouard,
de la Faculté de médecine, et leurs collaborateurs
Jean-Marie Moutquin, Jacques Massé, Abdelaziz Kharfi,
Roberta Ness et James Roberts, ont comparé 168 victimes
d'hypertension de grossesse à 168 femmes qui ont eu une
grossesse normale, huit ans après leur accouchement. Ils
ont ainsi découvert que 20 % des femmes qui ont souffert
d'hypertension de grossesse ont développé le syndrome
métabolique, une incidence cinq fois plus élevée
que dans le groupe témoin. Les femmes qui ont une histoire
d'hypertension de grossesse montraient des pressions sanguines
plus élevées, des taux de bon cholestérol
plus bas et des concentrations sanguines de glucose et d'insuline
plus élevées que les femmes du groupe témoin.
De plus, 32 % d'entre elles montraient un tour de taille dépassant
88 cm, contre 14 % dans le groupe témoin. Pourtant, les
participantes des deux groupes avaient des tours de taille similaires
huit ans plus tôt. "Comme elles sont encore dans la
mi-trentaine, nous n'avons pas observé de maladies cardiovasculaires
chez les femmes qui ont eu de l'hypertension de grossesse. Elles
sont cependant sur une pente dangereuse puisque leur profil de
risques équivaut à celui des femmes de plus de
50 ans", précise Jean-Claude Forest.
Selon les chercheurs, l'hypertension de grossesse constituerait
en quelque sorte un "drapeau" qui serait agité
pour signaler la possibilité plus importante de la survenue
du syndrome métabolique. "Elles semblent avoir une
susceptibilité génétique au syndrome métabolique,
mais la bonne nouvelle est qu'il y a quelque chose à faire
pour prévenir ce problème", poursuit le professeur
Forest. Il faudrait reconsidérer le suivi à long
terme et les conseils à donner aux femmes ayant souffert
d'hypertension de grossesse." Des mesures de suivi médical
plus serré et des traitements préventifs devraient
être mis en place plus tôt, afin de prévenir
d'éventuelles complications cardiovasculaires chez les
jeunes femmes présentant ces facteurs de risque. Ceci
est d'autant plus pertinent que ces mesures de prévention
sont simples et peu coûteuses, estiment les chercheurs.
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