"Gagnon, c'est moi"
Comme Flaubert, le publicitaire de renom Claude
Cossette fait corps avec son premier roman, Un loup parmi les
loups
Il fallait s'y attendre de la part d'un esprit créatif
comme Claude Cossette: après avoir rédigé
de nombreux ouvrages sur la publicité et quelques recueils
de poésie, l'homme a décidé un beau jour
de se lancer dans l'écriture d'un roman. Un an et des
poussières plus tard, ce gourou de la pub émerge
de l'ombre avec Un loup parmi les loups, publié
aux Éditions du Septentrion, un roman de presque 400 pages.
Un coup d'oeil sur la page couverture du livre annonce bien les
couleurs de cette histoire où les coups bas volent parfois
haut : on y voit un homme habillé en complet veston cravate
dont la chemise déchiquetée laisse apparaître
un bras musclé couvert de sueur.
"Écrire un roman exige beaucoup plus d'efforts qu'un
essai sur la publicité", avoue Claude Cossette, professeur
titulaire en publicité sociale au Département d'information
et de communication. "Quand on rédige un essai, ce
n'est pas tant le style qui compte mais le contenu. Dans un roman,
tout doit se tenir du début à la fin; la cohérence
doit être parfaite, qu'il s'agisse de l'histoire ou des
personnages."
Parlons justement de cette histoire qui se déroule dans
un milieu que Claude Cossette connaît comme le fond de
sa poche pour l'avoir fréquenté durant des années:
celui de la publicité. Président d'une agence réputée,
homme de carrière intelligent et branché, Michel
Gagnon vise avant tout la réussite. De lucratifs contrats
l'amèneront à frayer avec les bonzes des médias
et de la politique, jusqu'au jour où ses petites magouilles
se retourneront contre lui, ce qui le forcera à remettre
en questions ses priorités. "Gagnon, c'est moi",
répond Claude Cossette avec un sourire au coin des lèvres,
quand on lui demande de qui il s'est inspiré pour créer
son personnage principal. "Mais c'est aussi Richard Belleau,
le bras droit de Gagnon, Lipstick, Vallerand et d'autres encore."
Même procédé pour la belle Mélanie
Lachance, qui remplacera sans autre forme de procès la
réceptionniste du bureau après avoir été
l'amante du patron, et pour l'universitaire à lunettes
serties de brillants Marie Andreapoulos, spécialiste en
comportement du consommateur et en sémiologie, qui tentera
tant bien que mal de s'adapter à l'univers un peu fou
de la pub. "Même si j'ai emprunté à
plusieurs personnes ayant croisé ma route pour ma galerie
de personnages, écrire un roman demeure d'abord et avant
tout une réflexion sur soi-même", raconte Clause
Cossette.
Un coup publicitaire
À part quelques brèves incursions à
Montréal, l'histoire se déroule entièrement
à Québec. Ainsi, Communimark Publicité,
l'agence de publicité présidée par Gagnon,
a pignon sur rue au coin de Claire-Fontaine et Saint-Jean, sans
compter le café Chez Temporel, le Cercle de la Garnison
de Québec, les restaurants du boulevard René-Lévesque,
la rue Myrand, autant d'endroits qui "font" Québec.
Se définissant comme un touche-à-tout avide de
relever des défis, Claude Cossette a plongé dans
l'écriture de son roman comme un poisson dans son bocal.
"Depuis cinq ans, je lisais des romans d'un autre oeil en
sachant que ce serait mon tour un jour. J'avais un plan, une
structure, des histoires qui se déroulaient en parallèle,
il fallait tout mettre cela ensemble. J'en ai eu pour quatre
mois à temps plein." Après avoir soumis son
roman à cinq maisons d'édition, le publicitaire
voit son roman accepté par les Éditions du Septentrion.
Le livre, qui s'intitulait Un coup publicitaire, devient
Un loup parmi les loups, titre jugé plus"
punché". Les ventes de son livre allant bon train
depuis sa sortie, Claude Cossette songe déjà à
faire une suite. "Écrire constitue un apprentissage
et j'aime apprendre", dit le publicitaire, qui n'a pas dit
son dernier mot ni écrit sa dernière phrase, lui
qui garde sur lui en permanence un petit calepin dans lequel
il note des réflexions, des idées et des images.
"Je me considère comme une sorte de missionnaire
dans la vie, confie Claude Cossette. J'ai toujours écrit
pour dire ce que je pensais. C'est comme si en écrivant,
je voulais en convaincre d'autres de faire comme moi et d'écrire."
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