Cinéma sur canapé
À lire les textes de six professeurs de l'Université
Laval qui ont accepté de jouer le jeu de l'analyse avec
le psychanalyste Marcel Gaumond, on comprend que le cinéma
est une affaire de coeur qui permet d'aller à l'essentiel.
En effet, quoi de mieux qu'un bon film pour favoriser la discussion
et, de là, le rapprochement entre les âmes? Dans
Le Cinéma, âme sur de la psychanalyse, publié
chez L'instant même à l'occasion du dixième
anniversaire de Ciné-psy, ces cinéphiles avertis
chaussent leurs lunettes de spécialistes, apportant un
éclairage particulier à certaines uvres tout en
dégageant des pistes de réflexion susceptibles
de mener le lecteur encore plus loin.
Professeur au Département de médecine sociale et
préventive, Michel Vézina a été particulièrement
touché par La chambre du fils de Nanni Moretti
(2001). Ayant lui-même vécu la mort d'un enfant
drame se trouvant au centre de ce film italien - Michel
Vézina souligne que l'une des grandes qualités
du film est de montrer qu'il est possible de sortir de cette
épreuve sans troquer son identité pour celle d'une
victime en s'enfermant dans un univers de refus de la réalité.
De son côté, l'ethnologue Lucille Guilbert entretient
le lecteur d'un documentaire particulièrement émouvant
tourné en 1990 par la Québécoise Marquise
Lepage. Intitulé Des marelles et des petites filles,
ce film laisse la parole à 11 petites filles provenant
de différents pays en développement dont le destin
bascule bien avant l'âge de la puberté. Mariées
de force, vendues comme esclaves, ces fillettes gardent tout
de même l'espoir de s'en sortir un jour, illuminées
par la vision fugace d'une existence libre.
Dans un tout autre registre, le médecin et philosophe
Jean Désy examine à la loupe les scènes-clés
du film australien Le projet d'Alexandra (Rolf
de Heer, 2003). Flouée par un mari qui la considère
comme un objet, une femme décide de se venger, livrant
pièce par pièce les raisons de sa colère,
offrant un douloureux strip-tease à l'homme qu'elle
en est venue à détester. Si Clermont Gauthier (Faculté
des sciences de l'éducation) se penche sur Gare centrale
de Walter Sales (Brésil, 1998) et nous dévoile
comment une femme se réapproprie son humanité à
la suite d'une rencontre avec un enfant tout aussi perdu qu'elle,
Pierre Ringuette (École des arts visuels), lui, part à
la découverte du sens caché d'Elephant de
Gus Van Sant (États-Unis, 2003), film qui porte sur la
violence en milieu scolaire. Enfin, la philosophe Marie-Andrée
Ricard propose une lecture très personnelle du film de
Wolfgang Becker, Good Bye, Lenin! (Allemagne, 2003).
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