Les jeunes de 15 à 24 ans, un groupe
à risque en sécurité au travail
par Renée Larochelle
Au Québec, les jeunes âgés de 15 à
24 ans accorderaient de plus en plus d'importance à la
famille, aux relations personnelles et au temps libre. Si le
travail ne figure pas au premier rang de leurs préoccupations,
ils souhaitent cependant trouver un travail intéressant
et valorisant qui leur permette de mettre à profit leurs
habiletés, de participer aux décisions et d'assumer
des responsabilités.
Tel est l'un des constats qu'a dressés Éléna
Laroche, professionnelle de recherche à la Chaire en gestion
de la santé et de la sécurité du travail,
lors d'une conférence portant sur la santé et la
sécurité des jeunes travailleurs québécois
qui a eu lieu le 24 mars, au pavillon Palasis-Prince. "Les
jeunes d'aujourd'hui ne voient plus le travail de la même
façon qu'avant", a affirmé Éléna
Laroche qui est aussi coordonnatrice scientifique au Réseau
de recherche en santé et en sécurité du
travail du Québec (RRSSTQ). "Par exemple, un jeune
m'a déjà dit qu'il faisait attention de ne pas
se blesser au travail car il souhaitait continuer à faire
de la planche à neige tout l'hiver. C'est tout dire."
Selon une étude récente, les jeunes travailleurs
ne possédant pas de diplôme d'études secondaires
se sentiraient moins à l'aise de refuser d'exécuter
une tâche dangereuse et seraient moins susceptibles de
recevoir de la formation en santé et sécurité
au travail, a rappelé Éléna Laroche. Davantage
attirés que leurs aînés par le risque, l'inconnu,
l'incertitude et les émotions fortes, les 15 à
24 ans sous-évalueraient les dangers inhérents
à leur travail. Comme on pourrait s'y attendre, les diplômés
de ce groupe d'âge exerçant un emploi qualifié
à temps plein détiennent un plus faible risque
de se blesser au travail que les travailleurs non spécialisés
uvrant dans le secteur manufacturier. La catégorie d'emploi
comportant le plus de risques pour la santé et la sécurité
demeure celle des étudiants qui occupent un emploi dans
les secteurs du commerce au détail, de l'hébergement
et de la restauration.
Selon Statistique Canada, a expliqué Éléna
Laroche, les 15 à 24 ans représentaient, en 2001,
15 % de la population active du Québec, alors qu'ils occupent
10 % des heures totales travaillées et qu'ils génèrent
17 % des lésions professionnelles indemnisées.
En 2000, la Commission de la santé et de la sécurité
au travail (CSST) a rapporté 15 décès et
26 000 lésions professionnelles indemnisées pour
ce groupe d'âge. Plus de 60 % de ces lésions concernaient
des blessures traumatiques aux muscles ainsi que des plaies et
des contusions.
Les horaires irréguliers, le travail répétitif,
la manipulation fréquente de charges lourdes et les efforts
déployés lors de la manipulation d'outils sont
les principales contraintes de travail responsables des lésions
corporelles. "Une plus grande scolarisation est souvent
synonyme de meilleures conditions de travail et d'emploi, rappelle
Éléna Laroche. Le fait que les jeunes soient de
plus en plus longtemps sur les bancs d'école au Québec
ne peut donc qu'avoir un impact positif sur leur santé
et sécurité au travail."
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