Finies les générations perdues
Les cahiers du 27 juin, une invitation
à philosopher sur la place publique
par Thierry Bissonnette
Le 24 mars dernier, à la Galerie Rouje, l'équipe
des Cahiers du 27 juin lançait un quatrième
numéro dans un contexte relativement détendu. Au
milieu de deux expositions et des habitués de la galerie,
quelques penseurs soucieux d'une inscription sociale de la philosophie
rappelaient alors les principaux objectifs de la revue.
Nommés ainsi en référence à l'adoption
de la Charte des droits et libertés de la personne (en
1975), Les cahiers du 27 juin veulent d'abord faire écho
aux valeurs véhiculées par ce document en publiant
des textes traitant "du vivre-ensemble entendu dans un sens
large" et en participant à la redéfinition
de la gauche québécoise. Éthique et politique
sont donc au menu, et ce, à travers des dossiers, des
débats, des entrevues et des articles de fond sur la société
actuelle. Chaque parution faisant aussi place à une démarche
artistique contemporaine, le volume 2 no2 nous permet d'en apprendre
davantage sur la très iconoclaste "firme" Doyon/Rivest.
Échanges intergénérationnels
Membre fondateur et rédacteur en chef de la revue,
Jocelyn Maclure, professeur à la Faculté de philosophie
de l'Université Laval, mentionnait dès le premier
numéro la volonté de créer un lieu intermédiaire
entre la théorie et la praxis. Tout comme lui,
les principaux animateurs de la revue sont nés au début
des années 1970 et ont soif d'investir le discours de
leur société en favorisant tout d'abord les échanges
disciplinaires et générationnels. Trêve donc
de ces "générations perdues" ou X dont
la prétendue exclusion sert souvent d'alibi au refus de
s'engager et de dialoguer.
Témoignant bien de cet engagement, le nouveau numéro
a comme pièce de résistance un dossier sur la société
de consommation. Alors que Joseph Heath et Andrew Potter désamorcent
une rhétorique anti-consommation sujette à se contredire,
Carle-Bernier Genest nous entretient notamment du commerce équitable,
alors que Wayne Norman place la question du côté
des mégafirmes en prenant l'exemple du scandale Enron.
À la suite de ces contributions, la chroniqueuse de La
Presse Sophie Cousineau répond à l'invitation
qui lui a été faite de clore le dossier en prenant
position sur les articles précédents.
Dans le cadre d'un partenariat avec la Chaire de recherche et
d'enseignement "La philosophie dans le monde actuel"
de l'Université Laval, dirigée par Thomas De Koninck,
ce dernier effectue un retour sur le rapport Parent pour mieux
exprimer son point de vue sur l'éducation. Partisan d'un
humanisme réactualisé, il insiste sur la relation
dynamique que devraient entretenir spécialisation et formation
générale afin de former des citoyens authentiques.
Soulignons également l'entretien avec Paul Gérin-Lajoie,
constitutionnaliste qui fut le premier à occuper le poste
de ministre de l'Éducation au Québec. Tout comme
l'article de Thomas De Koninck, ce document tombe à point
pour alimenter la réflexion active qui a cours depuis
quelque temps dans le milieu scolaire. Pour en savoir davantage
avant de se procurer un exemplaire des Cahiers, ou pour
connaître le contenu des numéros précédents,
on peut consulter le site www.cahiersdu27juin.org.
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