Lever de rideau
Avec la pièce Les monologues du
vagin, la sexualité féminine se retrouve enfin
sous les projecteurs
par Pascale Guéricolas
Il y a quelques jours, une grande partie des affiches annonçant
les prochaines représentations des Monologues du vagin
sur les babillards du campus ont été enlevées
ou déchirées. Cet incident a eu au moins le mérite
de prouver hors de tout doute à l'équipe de production
l'absolue nécessité d'un tel spectacle, au nom
de la tolérance. Écrite par Eve Emsler, une jeune
comédienne new-yorkaise qui s'est inspirée des
témoignages de 200 femmes de tous âges et de toutes
conditions, cette pièce lève le voile sur la sexualité
féminine en osant utiliser à maintes reprises un
mot encore tabou: le vagin.
"Encore cette semaine, une de mes collègues de travail
dans la cinquantaine m'a expliqué qu'elle allait acheter
un billet pour la pièce même si le titre l'"écoeurait"",
raconte Sophie Boissonneault, une des comédiennes, chargée
d'intégration à l'École de langues. "C'est
vrai qu'entre copines, on s'exprime sur notre vécu par
rapport à la sexualité, constate Barbara Langis,
une autre actrice, coordonnatrice d'opérations au Service
de placement. Mais je ne suis pas sûre que de tels sujets
soient abordés par des femmes de l'âge de nos mères.
Assister à une telle pièce permet souvent de défaire
des nuds, de lever des interdits et de rapprocher les générations."
Bien des spectateurs appréhendent cependant d'assister
à un spectacle voyeur ou racoleur. Rien de plus faux,
soutient Maud Deschênes-Pradet, étudiante en enseignement
au secondaire. "Le texte des Monologues du vagin
est tout en douceur, en délicatesse, parce que plusieurs
des femmes qui racontent leur expérience ne voulaient
pas prendre la parole et se dévoilent peu à peu.
Finalement, la pièce parle de la vie." Les personnages
féminins s'entretiennent donc sur scène du rapport
à leur corps, de leurs menstruations, de leur plaisir,
mais aussi des mutilations génitales et du viol.
"J'ai choisi cinq comédiennes pour le monologue portant
sur le viol de guerre pour bien montrer au spectateur que cela
peut arriver à des femmes très différentes",
explique la metteure en scène Valéry Belzil. C'est
la deuxième année que cette diplômée
en ethnologie monte ce spectacle, forte du succès incroyable
remporté lors de l'édition précédente.
La pièce, pour rappeler encore plus la féminité,
se déroule cette année dans des toilettes pour
femmes, et l'accent est mis davantage sur le jeu des comédiennes
que sur les effets visuels et la musique. Des actrices professionnelles
invitées, Ann-Sophie Archer et Érika Gagnon, feront
d'ailleurs une apparition les vendredi et samedi soir.
Selon l'équipe de production, Les monologues du vagin
contribuent à faire tomber les préjugés
à l'égard des femmes et de la sexualité,
mais peuvent aussi aider matériellement des personnes
aux prises avec la violence conjugale. Le spectacle, auquel a
collaboré le Groupe gai de l'Université Laval (GGUL)
et qui se tient dans le cadre de la Semaine de la diversité
sexuelle, va en effet permettre d'aider deux organismes: la Jonction
pour elle de Lévis, un centre d'hébergement pour
femmes victimes de violence, et le Groupe d'aide aux personnes
impulsives (GAPI) qui vient en aide aux hommes désireux
de venir à bout de leur problème de violence.
La pièce Les Monologues du vagin sera présentée
les 10, 11 et 12 février à 20 h au Théâtre
de la cité universitaire (pavillon Palasis-Prince). Les
billets sont en vente à l'Animation socioculturelle, au
local 2344 du pavillon Alphonse-Desjardins (656-2765), au coût
de 10 $ et sur place, le soir des représentations, au
coût de 12 $.
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