Médaille Luc-Lacourcière 2005
Depuis 1978, la Médaille Luc-Lacourcière souligne,
tous les deux ans, l'excellence d'un ouvrage d'ethnologie publié
en langue française en Amérique du Nord. Le Centre
interuniversitaire d'études sur les lettres, les arts
et les traditions (CELAT) récompense cette année
deux ouvrages, fruits d'un travail individuel.
Coédité en 2003 par les Presses de l'Université
Laval et les Éditions de la Maison des sciences de l'homme
à Paris, Patrimoines métissés. Contextes
coloniaux et postcoloniaux, de Laurier Turgeon "décentre"
la notion traditionnelle de patrimoine. À partir de cinq
objets traditionnellement sensibles à la patrimonialisation
et dont l'étude renvoie à des périodes allant
de la Nouvelle-France à l'époque contemporaine
l'archive, l'objet matériel, le sol, le paysage
et la cuisine il explore en effet en quoi ces patrimoines,
loin d'être toujours "centré(s) sur l'idée
de pérennité, d'authenticité et d'identités
originaires enracinées dans des lieux et des temps immuables",
sont le résultat des continuelles interactions entre les
cultures en contact et se sont donc toujours, eux aussi, continuellement
construits et transformés.
Sang sucré, pouvoirs codés, médecine amère
(PUL, 2002) de Bernard Roy porte sur le diabète en milieu
autochtone. À partir de très nombreux contacts
et entretiens avec les membres de la communauté innue
de Pessamit (Betsiamites) sur la Haute-Côte-Nord du Saint-Laurent,
l'auteur met en évidence à quel point le contexte
d'exclusion peut marquer le rapport au corps et à l'acte
alimentaire et entraîner l'obésité. Les résultats
de cette recherche obligent à ne plus seulement considérer
cette maladie comme un problème de santé mais aussi
et surtout à se poser de nouvelles questions sur l'origine
de l'accroissement rapide des taux de prévalence du diabète
chez les autochtones, ainsi d'ailleurs que dans tous les milieux
défavorisés.
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