
L'urgence d'agir
Gravement sous-financée, l'Université entend
moderniser son système informatique de gestion des études
avec la contribution financière des étudiants
par Yvon Larose
Un projet de 26 millions de dollars étalé sur
dix ans, visant à moderniser le système informatique
de gestion des études de l'Université, aura comme
particularité, s'il est approuvé par le Conseil
d'administration à sa séance du 16 février
prochain, d'être financé à 50 % par les étudiants
sous forme de frais technologiques de 1,65 $ du crédit
étudiant. Ainsi en ont décidé les membres
du Conseil universitaire, au terme d'un long débat en
séance ordinaire, et par un vote très serré
de 23 voix à 21, le mardi 1er février, à
la suite de la recommandation de la vice-rectrice aux études
Christiane Piché.
La contribution étudiante envisagée atteindrait
1,3 million $ par an, soit 24,75 $ par session de 15 crédits.
"Notre demande est raisonnable, a indiqué Christiane
Piché. Les autres universités québécoises
qui ont procédé à la modernisation de leur
système de gestion des études et qui ont instauré
des frais technologiques exigent le quadruple des frais que nous
demandons. Ils sont de 87 $ par session de 15 crédits
à l'Université McGill et de 105 $ à HEC
Montréal." Si Laval envisage un financement en partenariat
avec ses étudiants, c'est qu'elle souffre d'un grave sous-financement.
De plus, elle ne pourra financer ledit projet qu'à hauteur
de 1,3 M $ annuellement, à partir d'une enveloppe budgétaire
versée chaque année par le ministère de
l'Éducation du Québec pour le développement
des systèmes informatiques.
Un appui rassurant
Les membres du Conseil universitaire ont également
donné un appui très clair, à 36 voix contre
neuf, à la recommandation de la vice-rectrice aux études
portant sur le démarrage des travaux dans les meilleurs
délais. "Il est important de rappeler qu'il s'agit
d'un dossier extrêmement important pour le développement
de l'Université Laval, et qu'à ce titre, l'appui
fortement majoritaire des membres du Conseil est rassurant et
enthousiasmant", explique Christiane Piché.
L'actuel système informatique de gestion des études
effectue annuellement plus de 53 000 demandes d'admission, plus
de 16 000 changements de programmes et de cycles, et plus de
300 000 inscriptions à des activités. gé
de plus de vingt ans, ce système vieillissant apparaît
maintenant désuet et peu fiable. Il ne répond plus
efficacement aux besoins de suivi des dossiers étudiants.
Et il est caractérisé par une grande lourdeur administrative.
Ses problèmes ont entraîné une prolifération
de systèmes parallèles dans les facultés.
"Il y a une urgence d'agir, a affirmé Christiane
Piché. Tout retard augmente les coûts du projet
et le risque de bris de fonctionnement." La solution technologique
retenue, le logiciel de la société SunGard SCT,
est utilisée à grande échelle en Europe
aussi bien qu'en Amérique du Nord. "Nous voulons
une information intégrée, pertinente, cohérente,
interactive, dynamique et centrée sur les besoins des
étudiants", a précisé la vice-rectrice
aux études.
L'avis de la Commission des affaires étudiantes
La Commission des affaires étudiantes a émis
un avis sur le projet de modernisation et son président,
Bernard Garnier, en a fait la présentation devant le Conseil
universitaire. À l'unanimité, les membres de la
Commission recommandent le rejet de la demande de financement
en partenariat avec les étudiants. "La Commission,
est-il écrit, reconnaît la pertinence de moderniser
le système de la gestion des études. Toutefois,
elle considère injustifié que ce type de dépenses
d'infrastructures soit facturé aux étudiants. Elle
juge que des efforts supplémentaires pour trouver d'autres
sources de financement devraient être faits." Un point
de vue que partagent notamment les deux principales associations
étudiantes de l'Université, la CADEUL et l'AELIÉS,
lesquelles déplorent que le Conseil universitaire n'ait
pas davantage tenu compte du point de vue de la Commission. "Ce
n'est pas le rôle de l'étudiant de financer des
infrastructures, soutient Olivier Cournoyer Boutin, président
de la CADEUL. Après, ce sera quoi?" Pour Christiane
Piché, le vote serré indique que l'avis de la Commission
a été entendu par les membres du Conseil. "Ce
résultat, ajoute-t-elle, indique aussi qu'il sera très
important de bien expliquer à tous les membres de la communauté
universitaire les enjeux financiers reliés au financement
de ce projet et surtout de maintenir les liens avec les étudiants
de manière à préserver la collaboration
que nous avons établie dans plusieurs dossiers."

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