
Le secret de la sauce
À quoi carburent les profs étoiles
de la Faculté des sciences et de génie?
par Renée Larochelle
"Vous avez besoin de moi pour apprendre et j'ai besoin
de vous pour améliorer mon enseignement", dit souvent
à ses étudiants Guy Gendron, professeur de génie
mécanique. À elle seule, cette phrase résume
l'esprit qui régnait en ce 24 novembre dans un local anonyme
du pavillon Alexandre-Vachon, alors que neuf professeurs étoiles
de la Faculté des sciences et de génie étaient
invités à dévoiler leurs trucs et recettes
de "bons profs", dans le cadre d'une rencontre intitulée
à bon escient "Le mystère des étoiles".
Triés sur le volet, pas mystérieux pour deux sous
mais brillant des feux de l'intelligence, ces professeurs partageaient
un point en commun: celui d'avoir récolté au moins
trois fois une note de 90 % de satisfaction chez les étudiants
et étudiantes qui avaient à les évaluer
en fin de session.
"La rétroaction, c'est important pour moi, a révélé
Guy Gendron. Pour savoir où en sont les étudiants,
je donne une tranche de cours et je vérifie immédiatement
s'ils comprennent en leur donnant des problèmes à
résoudre. Selon les questions posées, je ralentis
le rythme ou je vais de l'avant. Enfin, je respecte toujours
mes engagements auprès des étudiants. Si je dis
qu'un devoir sera corrigé à tel date, il le sera."
Même chose pour Claire Bilodeau, professeure en actuariat,
qui se fait un point d'honneur de ne jamais demander à
ses étudiants ce qu'elle ne pourrait pas elle-même
exécuter, qu'il s'agisse d'un devoir ou d'un examen. Si
André Darveau, professeur de biochimie et microbiologie,
prend "une bonne heure" en début de trimestre
pour expliquer les objectifs généraux et spécifiques
du cours, afin que les étudiants sachent exactement à
quoi s'en tenir, Dominick Pallotta (biologie) n'a de cesse de
répéter à ses étudiants que son cours
est tout à fait à jour et très bien organisé.
"Cela les met en confiance", explique-t-il.
De l'intérêt à la passion
Dans tous les cas, ces professeurs étoiles se soucient
constamment du degré de compréhension de la classe
face à la matière enseignée, à l'affût
des points d'interrogation pouvant surgir dans la tête
des étudiants. "J'essaie de voir là où
ils en sont et je corrige le tir si je vois qu'ils ne comprennent
pas tel ou tel aspect d'un problème, note Frédéric
Gourdeau (mathématiques). Si une explication est ratée,
je le leur dis franchement." Même son de cloche pour
Yvan Maciel (génie mécanique), pour qui le mot
interaction représente le mot clé. "Si je
vois que les étudiants ne suivent pas, je n'hésite
pas à repartir sur de nouvelles bases."
À entendre ces professeurs parler avec le plus grand respect
de leurs étudiants, on se dit que ce n'est sûrement
pas pour rien qu'ils ont la cote auprès d'eux. "Ce
qui me motive avant tout, c'est de voir les étudiants
progresser", souligne Claude Gosselin (génie mécanique).
Pour sa part, Sylvain Moineau (biologie et microbiologie), souhaite
que l'intérêt des étudiants pour la microbiologie
se transforme en passion. "Je garde toujours 15 minutes
à la fin du cours pour parler d'un sujet d'actualité,
comme la grippe aviaire, la qualité de l'eau potable,
etc. Les étudiants apprécient beaucoup ce lien
avec l'actualité."
Le mot de la fin appartient à Pierre Giovenazzo, chargé
de cours en biologie, qui donne bravement ses trois heures de
cours en ligne. "Je suis plus fatigué au bout de
trois heures de cours qu'au bout de trente minutes de tennis,
blague-t-il. Mais j'adore expliquer, rendre disponible l'information
que je possède de façon dynamique. Je sais qu'il
n'y a rien de plus ennuyeux qu'un professeur plate en avant d'une
classe. Alors, je fais de mon mieux."

|
|