
Jeunes et dans la «marge»
Les 18 à 29 ans connaissent mal les règles
du crédit
Par Renée Larochelle
Plus de 42 % des jeunes adultes québécois ignorent
qu'utiliser une carte de crédit pour obtenir une avance
de fonds entraîne automatiquement des intérêts
qui seront en vigueur à partir du jour du retrait. Par
ailleurs, environ 46 % d'entre eux ne savent pas que des frais
d'intérêt sont demandés lorsqu'ils ne paient
que le montant minimum inscrit sur le relevé mensuel de
leur carte de crédit, et ce, même avant la date
d'échéance.
C'est ce que révèle, entre autres, une récente
étude réalisée par Marie Lachance, Pierre
Beaudoin et Jean Robitaille, professeurs au Département
d'économie agroalimentaire des sciences de la consommation.
Selon Marie Lachance, on peut comparer le manque de connaissances
des règles du crédit chez les jeunes à la
méconnaissance des règles de sécurité
routière. "Au bout du compte, cela peut coûter
très cher de ne pas connaître la signification des
panneaux de signalisation, dit-elle. Pensons seulement aux conséquences
négatives sur le plan personnel que peut générer
une mauvaise gestion de ses dettes. Des jeunes peuvent ainsi
voir leur rêve d'avoir une maison ou de fonder une famille
s'écrouler." D'autant plus que le quart des 980 jeunes
interrogés rapportent que l'expérience personnelle
constitue leur principale source d'apprentissage en matière
de finances. C'est donc dire que plusieurs apprennent "sur
le tas", par essai et par erreur.
"Combien ça coûte?"
L'étude révèle également que, si
près de 75 % des jeunes sondés détenaient
au moins une carte de crédit, 37 % disposaient d'une marge
de crédit. Plus de 75 % avaient une dette s'élevant
en moyenne à 17 705$, incluant les prêts hypothécaires
et les prêts étudiants. Face au crédit et
à l'endettement, les avis sont partagés, près
d'un jeune sur deux estimant qu'il est normal d'avoir des dettes.
En revanche, 36 % trouvent que le crédit est synonyme
de problèmes et 43 % ne pensent pas que l'utilisation
du crédit représente une nécessité.
Finalement, 16 % croient qu'il ne sert à rien d'économiser
pour acheter des biens ou des services puisqu'il y a le crédit.
Enfin, près de 70 % affirment payer le solde entier de
leur carte de crédit avant l'échéance.
"Certains jeunes comprennent très bien les mécanismes
des marchés boursiers mais ne savent même pas le
montant exact de leur abonnement mensuel à Internet ou
au câble, par exemple, explique Marie Lachance. À
cet égard, les parents ne se rendent pas toujours compte
qu'ils sont un modèle pour leurs enfants et qu'ils ont
une responsabilité envers eux. En fait, l'éducation
à une consommation intelligente peut commencer lorsque
les enfants sont très jeunes au moyen de petits exemples
quotidiens, à l'épicerie ou au magasin."
Aux jeunes qui sont endettés jusqu'au cou, Marie Lachance
conseille de consulter des organismes spécialisées
en la matière, notamment les associations coopératives
d'économie familiale de leur région (ACEF). "Mais
le mieux consiste toujours à faire un budget en bonne
et due forme et à le respecter."
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