
Matière grise pour matière ligneuse
Lancement de la Chaire industrielle sur
les bois d'ingénierie structuraux et d'apparence
par Jean Hamann
Robert Beauregard caresse un grand rêve: il souhaite
que le Québec exporte des maisons aux quatre coins du
monde plutôt que du bois de construction. "Notre industrie
du bois de sciage exporte annuellement 4 milliards de pieds mesure
de planche, dont les trois quarts servent à la construction
de maisons aux États-Unis. Avec le même volume de
bois, nous pourrions produire environ 300 000 maisons préfabriquées
de haute qualité, adaptées à la ressource
ligneuse disponible ici et aux besoins des clients étrangers,
et les exporter partout dans le monde. Il y aurait des gains
appréciables au plan de l'emploi et du développement
économique", a soutenu le professeur Beauregard lors
du lancement officiel de sa Chaire industrielle sur les bois
d'ingénierie structuraux et d'apparence (CIBISA), qui
a eu lieu le 26 novembre sur le campus.
Pour que ce rêve devienne réalité et pour
que le bois de seconde transformation (parquet, ameublement,
bois structuraux, etc.) livre tout son potentiel économique,
il faudra adapter les produits, les procédés et
les stratégies d'affaires des entreprises québécoises,
a souligné le professeur du Département des sciences
du bois et de la forêt de la Faculté de foresterie
et de géomatique. C'est justement ce à quoi le
professeur Beauregard et son équipe du CIBISA ont commencé
à s'attaquer.
Ce groupe de chercheurs veut mettre de la science dans le bois.
"Pendant longtemps, le Canada a été un leader
dans le domaine de l'industrie du bois en raison de l'abondance
de ses ressources ligneuses. Depuis, d'autres régions
du monde se sont développées et nous ne pouvons
espérer rivaliser avec elles au chapitre du coût
des matières premières et de la main-d'oeuvre,
analyse le titulaire de la chaire. Par contre, nous pouvons demeurer
des leaders en concevant des produits novateurs et performants
qui fonctionnent mieux que ceux qui existent déjà
et qui coûtent moins cher."
Trois millions sur cinq ans
Pour mener à bien ses travaux, CIBISA a obtenu des
appuis de taille. Le Conseil de recherche en sciences naturelles
et en génie lui octroie 1,3 M$, répartis sur cinq
ans. Pour compléter le financement, une somme de 1,7 M$
sera versée par l'Université Laval et par les 11
partenaires privés et publics de la chaire: Forintek Canada,
le Centre de recherche industrielle du Québec, le ministère
des Ressources naturelles, de la Faune et des Parcs du Québec,
Abitibi-Consolidated, Kruger, Chantiers Chibougamau, Shermag,
Les Industries de la Rive Sud, Uniboard Canada, le Mouvement
des caisses Desjardins et Industries Maibec.
"Dans le contexte où l'industrie du bois, au Québec
comme au Canada, traverse actuellement une période difficile,
cette Chaire offre un énorme potentiel de maillage et
de développement entre les milieux de la recherche, de
l'enseignement et de l'industrie", a souligné le
recteur Michel Pigeon, lors du lancement. "Ses retombées
auront un impact positif majeur non seulement sur notre université
et sur notre région, mais aussi sur toutes les régions
tributaires de l'industrie du bois, par une contribution active
au développement économique régional, notamment
par le maintien et le développement de l'emploi."
Le noyau dur de CIBISA est formé de Robert Beauregard
et d'Alexander Salenikovich, qui occupe le poste de titulaire
junior. Déjà, 16 étudiants-chercheurs se
sont joints à leur équipe pour réaliser
des travaux de maîtrise ou de doctorat. Les locaux qu'occupera
dans quelques mois l'équipe de CIBISA apportent la démonstration
convaincante que le bois peut se substituer avantageusement à
d'autres matériaux de construction. Les bureaux et les
laboratoires de la chaire seront installés dans le Centre
de transformation sur le bois ouvré, un édifice
présentement en construction sur le campus dont la charpente
est entièrement faite de bois.

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