
Le travail ou la famille? Le choix est parfois difficile, mais il faut oser par Renée Larochelle À l'ère de l'instantané où l'individu doit être disponible en tout temps pour répondre à son patron qui l'interpelle sur Internet, y compris les fins de semaine, un nouveau culte est né: celui de l'urgence, de la réponse immédiate à tout prix, sous peine d'être considéré comme un employé qui ne prend pas son travail à coeur. Et pourtant, la vie existe bel et bien en dehors des heures de bureau; il s'agit non seulement de l'admettre, mais aussi de trouver un juste équilibre entre ces deux pôles. But de l'opération: avoir du temps pour s'occuper de soi et de sa famille, un objectif simple comme bonjour mais qui devient de plus en plus difficile à réaliser dans un monde où on exige de plus en plus des travailleurs au nom de la productivité.
Tel est l'un des constats dressés par Hélène Lee-Gosselin, professeure au Département de management, lors d'une conférence ayant pour thème le rôle de l'entreprise privée et celui de l'État dans le développement des politiques de conciliation travail-famille. "De plus en plus, le temps consacré au travail ne se mesure plus en heures mais en fonction de la capacité de l'individu à réaliser un mandat donné dans le temps voulu, a révélé Hélène Lee-Gosselin. Si la personne ne réussit pas cette course à l'exploit, elle en conclut immédiatement qu'elle n'est pas compétente."
Dans certaines entreprises, les systèmes de rémunération encouragent les personnes qui placent le travail au premier rang de leurs préoccupations, et ce, au détriment de celles qui ne peuvent se le permettre, comme la mère de famille qui doit aller chercher son enfant à la garderie à 17 h, par exemple. D'ailleurs, les modèles et les héros célébrés dans les entreprises - ceux qui obtiennent des gratifications monétaires - demeurent toujours les bourreaux de travail. "Il est fréquent que des employés - hommes ou femmes - ayant une famille taisent la raison pour laquelle ils ne pourront assister à une réunion qui a lieu en fin de journée, a souligné Hélène Lee-Gosselin. Tout se passe comme s'il était mal vu dans notre société de faire passer le travail avant la famille.
" Heureusement, note la conférencière, de plus en plus de jeunes réclament une nouvelle conception des rôles sociaux où on n'est ni seulement un parent ni seulement un travailleur mais les deux à la fois. Car l'un n'exclut pas l'autre, bien au contraire. "Seulement, il faut faire des choix et oser si on veut faire bouger les choses." 
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