
Prix Synergie Le CRSNG souligne le fructueux partenariat entre Line Rochefort et l'industrie canadienne de la tourbe Les premiers pas de Line Rochefort dans le domaine du partenariat université-industrie n'ont pas été de tout repos. Début des années 1990, la jeune professeure, qui venait tout juste d'arriver au Département de phytologie de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation, avait choisi d'orienter ses recherches vers la restauration des tourbières exploitées. Le sort des tourbières abandonnées après l'exploitation de leur tourbe soulevait l'indignation populaire en Irlande et l'industrie canadienne de la tourbe, qui craignait que le mouvement ne traverse l'Atlantique, était à la recherche d'experts qui pourraient lui proposer des solutions. Des experts comme Line Rochefort. Les premiers essais de culture de sphaignes sur le terrain menée par la jeune "experte" ont été un échec total, raconte-t-elle. "Mes trois premiers étudiants-chercheurs et une professionnelle de recherche ont même quitté mon laboratoire pour aller travailler ailleurs. Parfois, je me demandais moi-même ce que je faisais à l'Université." Ces débuts laborieux et ce cruel questionnement étaient sans doute loin dans l'esprit de Line Rochefort le 28 octobre lorsqu'elle est allée cueillir son prix Synergie, et la subvention de 25 000 $ qui l'agrémente, des mains du président du CRSNG, Tom Brzustowski, dans la salle de réception du Waterloo Inn, à Waterloo en Ontario.
Décernés depuis 1995 par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG), les prix Synergie récompensent les partenariats université-industrie qui se démarquent par la qualité de leur recherche, l'innovation, la créativité, l'esprit d'entreprise, la formation d'étudiants-chercheurs et l'utilisation efficace des ressources humaines et techniques de l'université et de l'industrie. Il aura fallu une bonne dose de chaque ingrédient pour que le projet entrepris par Line Rochefort livre la marchandise attendue. La méthode Rochefort Par essai et erreur, Line Rochefort et son équipe du Groupe de recherche en écologie des tourbières ont mis au point une méthode basée sur la transplantation de sphaignes qui permet de reconstituer de verdoyants tapis de sphaignes sur les sols mis à nu par l'extraction des dépôts tourbeux. Ces plantes proviennent présentement de tourbières naturelles, mais la chercheure entrevoit la création de fermes qui en feraient la culture. Il faut 1 mètre carré de sphaigne pour restaurer 15 mètres carrés de tourbière abandonnée. Une fois cette roue enclenchée, le temps fait son oeuvre. La méthode Rochefort a prouvé son efficacité sur une douzaine de sites jusqu'à présent. "Le but de l'intervention n'est pas de reconstituer un dépôt de tourbe pour en faire la récolte, mais de recréer une tourbière fonctionnelle", insiste la chercheure.
Depuis 1993, les producteurs de tourbe suivent de près ses travaux et collaborent d'ailleurs à leur financement. "Les entreprises ont adopté des politiques en faveur de la restauration des tourbières et, grâce à des ateliers de transfert technologique que nous offrons chaque année et à un guide que nous avons publié, elles peuvent désormais effectuer elles-mêmes tous les travaux de restauration", signale la professeure Rochefort.
En affaires, l'argent fait foi de tout, dit-on. Il y a un an, l'industrie canadienne de la tourbe exprimait concrètement sa satisfaction face à ces dix années de partenariat en s'associant au financement de la Chaire de recherche industrielle en aménagement des tourbières du Canada, dont Line Rochefort est la première titulaire. Le CRSNG et 12 partenaires industriels - Sungro Horticulture Canada, Premier horticulture, l'Association canadienne de mousse de sphaigne, Tourbe Fafard, le Groupe Berger, le Groupe Qualité Lamèque, Fafard & Frères, ASB Greenworld, La Mousse Acadienne, Modugno-hortibec, Tourbes Nirom Peat Moss et Tourbières Lambert - ont accordé 2,4 M$ à Line Rochefort pour qu'elle poursuive ses travaux pendant les cinq prochaines années. De toute évidence, l'industrie canadienne de la tourbe a finalement trouvé l'experte qu'elle cherchait. 
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