
À quatre mains Histoire de rompre la glace, une vingtaine d'étudiants en arts visuels et autant d'étudiants étrangers ont fait fusionner leurs horizons par Pascale Guéricolas Sur la toile, les toits de Florence se déclinent doucement dans les teintes rosées propres à la lumière toscane, tandis qu'une basilique accroche le regard au centre de la composition. Un doute naît en s'approchant du tableau, s'agit-il d'une photo ou d'une peinture? "Les deux!", répond en riant Sylvianne Laflamme, finissante au baccalauréat en arts plastiques à l'École des arts visuels. "J'ai travaillé à partir de photocopies couleurs de photographies, en les collant sur la toile. Par contre, pour plusieurs de ces photos, il a fallu imaginer un décor autour, en reproduisant le paysage le plus fidèlement possible." L'artiste disposait d'une alliée de choix pour accomplir cette délicate tâche jusqu'au bout des tuiles, puisque Cathia Bucci, une étudiante italienne, l'aidait de ses conseils. Jumelées par les bons soins d'Annie Lévesque, une des organisatrices de l'exposition "Fusions d'horizons", les deux femmes ont travaillé à quatre mains cette toile italo-québécoise. "J'ai beaucoup appris de cette expérience car je n'avais jamais eu l'occasion de suivre la construction d'un tableau du début à la fin, bien que j'apprécie beaucoup la peinture, témoigne Cathia Bucci, doctorante en études littéraires. Nous avons aussi beaucoup parlé de l'Italie, du Québec et de ses coutumes, ce que j'ai rarement l'occasion de faire puisque j'habite en résidence sur le campus où vivent surtout des étrangers."
Initiée par l'Animation socioculturelle du Service des affaires étudiantes, l'exposition "Fusions d'horizons" se veut un pont jeté entre les étudiants en art québécois et ceux originaires d'autres pays, à l'occasion de la Semaine interculturelle des résidences. Un comité de quelques étudiants a organisé les jumelages entre étudiants en arts visuels et les étudiants étrangers, et invité ces paires nées du hasard à se rencontrer pour partager leur réalité culturelle. Certains ont écouté de la musique ensemble, compulsé des albums photo, visité des bars à saveur latino, ou tout simplement parlé. Tous les moyens étaient bons pour briser la barrière qui sépare souvent les étudiants venus d'ailleurs de leurs compagnons québécois. "C'est vrai qu'on a souvent tendance à se regrouper avec les étudiants de notre culture car les Québécois ne font pas souvent le premier pas, reconnaît la sénégalaise Nguissali Turpin, étudiante au baccalauréat en administration des affaires et membre du comité organisateur de l'exposition. Grâce à cette expérience, j'ai eu beaucoup de plaisir à échanger sur le Sénégal avec Llsa Gagnon, à lui montrer des photos, lui faire écouter de la musique. J'espère qu'un tel projet pourra pousser les étudiants d'ici à s'ouvrir davantage à l'étranger." Le produit de la rencontre, une toile très colorée faite de collages et de fil entrelacé, témoigne de la réalité sénégalaise et illustre une phrase en langue walof de Nguissali sur la nécessité de liens solidaires entre tout un chacun. Un peu plus loin, le tableau expressionniste réalisé par Adeline Lamarre avec le concours d'Alexei Perepelkine, un étudiant russe, donne un visage un peu fantomatique de ce pays aux prises avec de nombreux démons près de treize ans après la chute du régime communiste.
L'exposition "Fusions d'horizons" présente une vingtaine d'oeuvres, qu'il s'agisse de peintures, de sérigraphies, de gravures, et donne donc aperçu de la réalité mexicaine, camerounaise, martiniquaise, russe. Présentées jusqu'au 12 novembre à la salle d'exposition du pavillon Alphonse-Desjardins, les créations pourront également être vues le 20 novembre lors de la soirée interculturelle organisée par l'Association des étudiantes et étudiants internationaux de l'Université Laval (ASÉTIL).

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