
Une cure de désintox pour le lac Saint-Augustin
Une équipe du Département de génie civil
propose une solution pour dépolluer ce lac urbain
par Jean Hamann
Pour rejuvéniliser le lac Saint-Augustin, il suffirait
de balayer les polluants qui empoisonnent ce plan d'eau sous
le tapis! Mais pas n'importe quel tapis: on parle ici d'une couche
composite qui immobiliserait les polluants dans les sédiments
et qui agirait comme barrière active en permettant la
circulation normale des eaux dans le fond du lac. Cette solution
écologique aux problèmes du lac Saint-Augustin
a été mise de l'avant par une équipe du
Département de génie civil, formée des professeurs
Rosa Galvez-Cloutier et Serge Leroueil et des étudiants-chercheurs
Yon Trentin et Gérardo Dominguez, à l'occasion
du 57e Congrès canadien de géotechnique qui réunissait
environ 600 personnes à Québec cette semaine.
Le lac Saint-Augustin, situé à proximité
de l'autoroute 40 et entouré de terres agricoles et de
quartiers résidentiels, est alimenté par des eaux
chargées de sels de déglaçage, d'engrais
et de polluants qui contribuent à son vieillissement prématuré.
Sa forte concentration en phosphore, qui favorise les explosions
d'algues et de cyanobactéries toxiques en période
estivale, et ses taux élevés de métaux lourds
limitent les activités aquatiques qui peuvent y être
pratiquées en plus de détériorer la qualité
globale de ce plan d'eau. "Même si on parvenait à
couper toutes les sources de pollution, il faudrait au moins
300 ans pour que le lac Saint-Augustin retrouve son état
naturel", avance Rosa Galvez-Cloutier.
Le problème vient du fait que la circulation des eaux
souterraines favorise le relargage des polluants contenus dans
les sédiments du lac. Les chercheurs proposent donc de
couvrir tout le fond d'une couche de roches calcaires d'environ
cinq cm d'épaisseur sur laquelle on déverserait
une couche de sable de trois cm. Des simulations effectuées
en laboratoire dans de petites colonnes d'eau dans lesquelles
le fond du lac a été reconstitué ont donné
des résultats très encourageants. La couche composite,
qui agit comme filtre naturel, stabilise la plupart des métaux
lourds et réduit de cinq à dix fois la remontée
du phosphore.
Selon Rosa Galvez-Cloutier la couche composite présente
plusieurs avantages sur la solution qui consisterait à
recouvrir le fond du lac d'une membrane géotextile. "La
couche composite permet de maintenir le flux naturel des eaux
souterraines, elle est moins dispendieuse et elle est plus durable",
résume-t-elle.
Les chercheurs entreprendront sous peu une nouvelle série
de tests, en collaboration avec le ministère de l'Environnement
du Québec, pour peaufiner leur approche en utilisant cette
fois des colonnes d'eau de trois mètres de hauteur. Ils
ont aussi commencé à étudier l'applicabilité
de cette approche dans deux sites pollués du lac Champlain
ainsi que dans la baie Missisquoi et la baie de Venise-en-Québec.

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