Duos pour automates
Le collectif Machines se produit ce soir au complexe Méduse.
Abstractions sonores électroniques et surprises au programme!
Des improvisations entre des humains et des ordinateurs, des
haut-parleurs mobiles, des sons imprévus: les amateurs
de nouveauté vont être comblés lors du concert
organisé par le collectif Machines ce jeudi12 février
à 20 h 30 à la salle Multi du complexe Méduse,
dans le cadre du "Mois Multi".
Épris d'art et de technologie, Philippe Pasquier, étudiant
au doctorat en informatique à la Faculté des sciences
et de génie, a imaginé un dispositif sonore hors
du commun pour l'audition de ce spectacle. Ce spécialiste
de l'intelligence artificielle et des sciences cognitives a en
effet créé un plafond mouvant d'une vingtaine de
haut-parleurs. Suspendus à environ 45 centimètres
de la tête des spectateurs, ces appareils vont se promener
le long d'un câble long de quelques mètres au cours
de la soirée, grâce au petit moteur à hélices
intégré qui les fait avancer.
«Il s'agit d'éveiller l'intérêt du
public, de favoriser sa concentration. À ma connaissance,
c'est la première fois qu'un tel système est présenté
dans un concert», explique Philippe Pasquier. L'étudiant
a passé plusieurs semaines à mettre ce système
au point avec l'aide d'Avatar, un centre d'artistes spécialisé
dans le son, et de Recto-Verso, en utilisant du matériel
recyclé. Membre du collectif «Machines» qui
travaille depuis trois ans sur la musique électronique,
le jeune homme se passionne pour les alliances entre l'art et
la technologie. Avec la complicité des autres musiciens
du groupe, il a donc concocté un concert permettant de
conjuguer les talents d'improvisateurs en chair en os avec ceux
d'automates sonores tant analogiques que numériques.
Interface humain-machine
Présents sur scène, ces ordinateurs n'ont rien
de vulgaires machines passives. Ils perçoivent les sons
grâce à leur entrée audio, et surtout en
développent de nouveaux à partir de la musique
entendue. «L'automate détecte très bien les
mesures, les attaques musicales et répond plus vite qu'un
humain à ce qu'il entend, explique Philippe Pasquier.
Il peut utiliser comme matériel sonore ce qu'il perçoit
via son entrée audio, des sons qu'il synthétise
lui-même ou ses propres échantillons.» Placés
au centre de la salle Multi et entourés par les spectateurs,
les artistes vont se livrer à des duos avec les automates.
Des automates tous différents puisque chacun a été
conçu par son propre luthier électronique. Ils
ne réagissent donc pas tous de la même manière
aux sons perçus, et chacun possède sa propre couleur
musicale.
De leur côté, les improvisateurs en chair et en
os travaillent aussi sur des machines, puisqu'ils enregistrent
des sons sur ordinateur qu'ils modifient ensuite, ou produisent
directement de la musique électro-accoustique, ou encore
de la poésie sonore. «Il y a une certaine ouverture
vers la musique populaire, un des musiciens par exemple utilise
des percussions, mais d'une façon différente que
peut le faire un percussionniste traditionnel», indique
l'étudiant au doctorat
La soirée du 12 février s'annonce donc pleine de
surprises sonores au 591, rue Saint-Vallier Est. Le coût
d'entrée est de 10 $.
PASCALE GUÉRICOLAS
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