
LE COURRIER
Se souvient-on?
Hier était le jour du souvenir. Étrangement,
un presque silence régnait à ce sujet dans les
médias francophones au Québec. À la SRC,
on n'a pris connaissance de cette nouvelle qu'à la vingtième
minute du téléjournal, dans un bref entrefilet.
À la onzième heure du onzième jour du onzième
mois, le Québec ne se souvenait plus, une fois encore.
Pourtant, c'est la situation opposée qui prévalait
dans le reste du Canada. Pas un poste de radio, pas une chaîne
de télévision qui ne s'est arrêtée
pour se souvenir de nos soldats courageux, morts sur le champ
de bataille pour faire triompher la liberté de la tyrannie.
Pour preuve, il y avait, à l'heure de grande écoute,
un spécial d'une heure à la CBC (avec Peter Mansbridge)
dans lequel des étudiants canadiens d'origines diverses
avaient la possibilité de questionner quelques vétérans
ayant participé à la Deuxième Guerre mondiale.
On pouvait sentir l'importance de l'événement,
le côté solennel de ce jour hautement symbolique
de même que la profonde gratitude de ces jeunes étudiants
à l'égard des anciens combattants.
Mais qui nous parlera de ces 150 000 Canadiens français
défiant les Groulx, Chalout, Arcand, Houde et Laurendeau
de cette période, qui ont pris parti pour la cause des
Alliés et qui sont partis combattre aux quatre coins du
monde? Qui nous parlera de ces fameux agents secrets canadiens-français
ayant fait la pluie et le beau temps dans une France soumise
à la botte allemande? Ce n'était pas que la guerre
des autres, c'était aussi la nôtre.
FRÉDÉRIK DE NEVERS
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