
Un métissage fécond
L'équipe d'Éric Dewailly associe les communautés
inuites à ses travaux de recherche en santé environnementale
Les quelque 20 années pendant lesquelles Éric Dewailly
a bourlingué dans diverses communautés du Nord
canadien pour y étudier l'impact des polluants sur la
santé des Inuits l'ont conduit à un constat: pour
que les conclusions de ses recherches aient un impact dans le
quotidien des personnes, il faut transformer la recherche "sur
les Inuits" en recherche "avec les Inuits". Après
avoir longtemps mûri dans l'esprit du chercheur, cette
idée aura la chance de faire ses preuves sur le terrain
grâce à une subvention de 1,5 million de dollars
de l'Institut en santé des autochtones - une branche des
Instituts de recherche en santé du Canada -, annoncée
le 27 juin dernier à l'occasion du lancement officiel
du Centre pour la santé des Inuits et les changements
environnementaux.
"Il est loin le temps où les chercheurs venaient
chez nous pour y faire des études qu'on ne comprenait
pas et dont on ne voyait jamais les résultats", a
rappelé, lors de l'événement, Minnie Grey,
présidente du Comité nutrition santé au
Nunavik. "Plus de 50 % de notre population est composée
de jeunes de moins de 16 ans, a-t-elle souligné. Du nombre,
certains pourront recevoir une formation qui leur permettra de
collaborer aux travaux de recherche. Un jour, ils pourront peut-être
même devenir les responsables des études sur la
santé de leur communauté", a-t-elle souhaité.
D'ici là, le Centre pour la santé des Inuits et
les changements environnementaux permettra aux communautés
inuites de s'impliquer directement dans les recherches qui les
concernent. Les membres des communautés seront d'abord
appelés à identifier les questions de santé
environnementale qu'ils jugent prioritaires dans leur milieu.
Le Centre encouragera aussi les Inuits à poursuivre des
études collégiales et universitaires en sciences
de la santé et il favorisera leur implication dans les
activités de recherche menées dans leur région.
Enfin, le Centre veillera à diffuser, dans les communautés
inuites, les connaissances générées par
ses travaux. Les activités de recherche du Centre porteront,
entre autres, sur les contaminants de la chaîne alimentaire,
sur l'impact des changements climatiques sur la santé
ainsi que sur l'évaluation des médecines inuites
traditionnelles.
Éric Dewailly, professeur à la Faculté de
médecine et responsable de l'Unité de recherche
en santé publique du Centre de recherche du CHUL, assume
la direction du Centre. Le professeur Dewailly est un expert
dans le domaine de la persistance et de l'impact des polluants
organochlorés sur la santé humaine dans l'Arctique.
Christopher Furgal, un chercheur dont les travaux sont fondés
sur une étroite coopération avec les populations
autochtones du Nord canadien, agit comme codirecteur. L'équipe
est complétée par deux chercheurs de la Faculté
de médecine, Pierre Ayotte et Pierre Gosselin, et par
Gina Muckle de l'École de psychologie.
JEAN HAMANN
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