
Sur les routes du Moyen Âge
Didier Méhu et Annie Beauregard ont collaboré
étroitement au contenu scientifique de l'exposition «Gratia
Dei» présentée au Musée de la civilisation
Avec l'exposition «Gratia Dei», présentée
au Musée de la civilisation jusqu'au printemps prochain,
le Moyen Âge se dévoile sous un nouveau jour. Didier
Méhu, professeur au Département d'histoire et conseiller
scientifique de l'exposition, tient à ce que ses contemporains
observent cette période en se débarrassant de leurs
préjugés. Pas question en effet de ne parler que
de la vie galante de ces dames, ou d'insister seulement sur la
chasse aux sorcières et les épidémies. Avec
plus de 350 objets présentés ainsi que de très
nombreux textes, «Gratia Dei» permet de comprendre
le fonctionnement d'une époque riche en bouleversements.
Plusieurs des oeuvres présentées, comme ces vitraux
du 13e et du 15e siècles, ou ces parchemins vieux de plus
de neuf siècles, proviennent d'ailleurs des collections
de l'Université Laval.
Pour Didier Méhu, la religion constitue le fil d'Ariane
entre les différentes sections de l'exposition puisque
le catholicisme omniprésent imprègne alors aussi
bien l'urbanisme que les relations commerciales, le rapport à
l'écriture ou les relations amoureuses. Au gré
de ses déambulations, le visiteur apprend ainsi que les
juifs devaient rallier leur ghetto dès la nuit tombée
et porter parfois un insigne distinctif, que les chemins du Moyen
Âge connaissaient une grande affluence puisque chacun devait
accomplir au moins un pèlerinage dans son existence, et
que la journée de 24 heures comme nous la connaissons
correspond à une division du temps imposée par
les marchands.
Apprendre en jouant
Pour attirer les jeunes adultes vers cette grande exposition,
le Musée de la civilisation propose par ailleurs aux visiteurs
de se transformer en moine, en paysanne, en chevalier ou en marchand,
de façon toute virtuelle. Annie Beauregard, fraîchement
diplômée en muséologie, a profité
de son stage de fin d'études pour mettre au point un jeu
interactif qui se présente sous la forme d'un ordinateur
de poche. Chaque utilisateur se choisit un personnage et effectue
la visite en répondant à un certain nombre de questions.
«Pour le jeu, je me suis basée sur l'existence de
gens qui ont réellement existé, explique la jeune
femme. Par exemple, le marchand venait de Florence. Il vendait
des vins de Bourgogne, de la laine, rencontrait les grands de
ce monde, tandis que le chevalier anglais a fait des croisades
et augmenté ses fiefs tout au long de sa vie.» Didier
Méhu a vérifié, bien entendu, la véracité
historique de chacune des informations d'un jeu qui permet d'appliquer
concrètement les connaissances acquises dans l'exposition.
Rien de mieux que de calculer le temps d'un voyage Bruxelles-Munich
effectué à pied pour prendre conscience de la longueur
des déplacements médiévaux, ou d'additionner
le montant des taxes acquittées au seigneur pour saisir
la réalité du système féodal
PASCALE GUÉRICOLAS
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