
Qui dort se soigne?
Le profil immunitaire des insomniaques diffère de celui
des bons dormeurs
Le système immunitaire des personnes souffrant d'insomnie
chronique présenterait un profil différent de celui
des bons dormeurs, révèle une étude publiée
par une équipe de l'École de psychologie et du
Centre de recherche en cancérologie, dans le numéro
de mars-avril du journal Psychosomatic Medicine. Les chercheurs
Josée Savard, Liny Laroche, Sébastien Simard, Hans
Ivers et Charles Morin ont démontré que les insomniaques
avaient des concentrations plus basses de trois types de lymphocytes
(CD3, CD4, CD8) et de monocytes que les bons dormeurs. Ces cellules
sanguines veillent à la défense de l'organisme
contre les microbes et les corps étrangers. Par ailleurs,
les autres paramètres du système immunitaire étaient
comparables dans les deux groupes de sujets, ont constaté
les chercheurs après avoir effectué des analyses
sanguines chez 19 bons dormeurs et 17 insomniaques chroniques.
La sagesse populaire veut que le manque de sommeil augmente la
vulnérabilité aux maladies et, inversement, qu'il
retarde la convalescence de personnes malades. Les tenants de
la psychoneuroimmunologie soutiennent que le lien entre ces événements
passe par le système immunitaire, mais les preuves directes
manquaient jusqu'à présent. Les seules études
disponibles qui liaient le manque de sommeil et l'immunité
avaient porté sur des personnes gardées éveillées
pendant des périodes allant de 48 à 72 heures.
Les résultats de ces recherches ne pouvaient être
transposés directement au cas des véritables insomniaques,
expliquent les chercheurs, parce que la privation de sommeil
diminue l'opportunité de sommeil chez des dormeurs alors
que l'insomnie est l'absence de sommeil chez des personnes qui
ont l'opportunité de dormir. Les chercheurs ne savent
pas encore si les différences décelées entre
les deux groupes de dormeurs peuvent avoir une incidence sur
la santé.
JEAN HAMANN
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