
Une éthique moins élastique
La formation médicale continue sera désormais
régie par un seul code d'éthique
La Faculté de médecine compte au nombre des 11
institutions médicales québécoises qui viennent
d'entériner un code d'éthique relatif au rôle
des compagnies pharmaceutiques dans le financement et l'organisation
des activités d'éducation médicale continue
(ÉMC). Le Code d'éthique des intervenants
en éducation médicale continue, que les organisations
médicales et l'industrie pharmaceutique se sont engagées
mutuellement à respecter, est officiellement entré
en vigueur le 5 juin. "Auparavant, les formateurs avaient
leur code d'éthique et les compagnies pharmaceutiques
avaient le leur, signale le directeur du Centre de formation
continue de la Faculté de médecine, Michel Rouleau.
Maintenant, tout le monde fonctionnera avec les mêmes règles."
Le but avoué de l'exercice est de préserver l'indépendance
professionnelle en ÉMC. En termes plus crus, "ce
code vient aider les pharmaceutiques à ne pas acheter
les docteurs", a déclaré le président
du Collège des médecins, Yves Lamontagne, à
la Presse canadienne. Toutes les parties impliquées dans
l'organisation et la mise en uvre d'activités d'ÉMC
pourront désormais se référer à ce
guide pour éviter d'errer hors des sentiers éthiques.
Le code d'éthique vient répondre aux préoccupations
de plusieurs organisations médicales qui se sentaient
mal à l'aise face à certaines pratiques de l'industrie
pharmaceutique. Le document reconnaît l'importance du soutien
financier des compagnies à la formation médicale
continue, mais il en balise la portée tout en encourageant
une comptabilité transparente. "Les nouvelles règles
feront en sorte que les organismes qui pilotent des activités
d'ÉMC auront toute latitude pour l'élaboration
du contenu et le choix des conférenciers invités",
a déclaré Gilles Hudon, président du Conseil
de l'ÉMC du Collège des médecins du Québec.
Le code d'éthique précise également que
les médecins ne pourront accepter de rémunération,
de remboursement ou de cadeau de la part d'une compagnie pour
assister à une activité d'ÉMC, que les activités
de promotion des nouveaux médicaments ne pourront se draper
du titre de formation médicale et que les compagnies pharmaceutiques
ne pourront plus régler la facture des activités
sociales tenues en marge d'une activité d'ÉMC.
"Les compagnies pharmaceutiques pourront encore contribuer
au financement des activités d'ÉMC par la location
de stands ou en versant des bourses éducationnelles, mais
elles devront répondre à des critères très
précis, signale Michel Rouleau. Le but du code n'est pas
de restreindre la formation continue, mais d'éviter qu'il
y ait des subventions inappropriées."
Les compagnies pharmaceutiques qui ne respecteront pas le code
d'éthique sont passibles d'amendes allant jusqu'à
15 000 $. Quant aux organisations médicales fautives,
elles pourront perdre leur agrément du Collège
des médecins du Québec.
JEAN HAMANN
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