
Êtes-vous randonneur ou multimodal?
L'étude de Nathalie Noël permet
de mieux comprendre la stratégie globale de déplacement
des cyclistes adultes actifs en milieu urbain
Du cyclotourisme aux pistes cyclables, des chaussées
désignées en milieu urbain aux espaces de stationnement
pour bicyclettes sur les lieux de travail, le vélo fait
de plus en plus partie de notre vie. Pourtant, rares sont les
études à avoir abordé la question de la
mobilité des cyclistes. La thèse de Nathalie Noël
est l'une d'elles. Conseillère en recherche au ministère
des Transports du Québec et étudiante au doctorat
en aménagement du territoire et développement régional,
Nathalie Noël a fait sa soutenance de thèse le mercredi
7 mai, au pavillon Louis-Jacques-Casault. Intitulée "Formes
urbaines, aménagements routiers et usage de la bicyclette",
sa recherche permet une avancée significative pour une
meilleure compréhension des comportements de déplacement
de cyclistes adultes actifs ayant pour la plupart accès
à une automobile. "Cette information s'avère
nécessaire dans le nouveau contexte de planification des
transports qui s'observe un peu partout et qui vise la réduction
de l'utilisation de l'automobile pour des raisons environnementales,
explique-t-elle. Elle permet aussi de constituer une typologie
de cyclistes afin de mieux cerner la dynamique et la pratique
de la bicyclette et, par conséquent, de répondre
de manière informée aux besoins réels des
cyclistes dans le cadre de la planification d'un territoire."
Un carnet à remplir
Pour cette étude exploratoire, Nathalie Noël
a recruté près de 200 cyclistes de la région
métropolitaine de Québec. Tous usagers réguliers
de la bicyclette, soit quatre fois minimum par semaine, ceux-ci
ont complété un carnet d'activités et de
déplacements tous modes confondus (automobile, transport
collectif, marche et bicyclette) durant sept jours consécutifs.
Ils y ont consigné leurs activités (travail, loisirs,
courses, etc.) et les contraintes associées à ces
activités (temps, distances à parcourir, lieu de
destination, choix d'itinéraire, etc.). L'utilisation
d'un système d'information géographique a permis
de développer une base de connaissances sur la variation
des comportements individuels de déplacement. La recherche
a par ailleurs permis d'identifier sept types de cyclistes, soit
quatre plutôt utilitaires (les intégrateurs, les
obligés, les navetteurs et les multimodaux) et trois plutôt
récréatifs (les randonneurs, les volontaires et
les polyvalents). Elle a aussi démontré que les
cyclistes ont différents besoins et qu'ils font différents
usages de leur bicyclette.
Les cyclistes utilitaires
L'analyse des données révèle, entre
autres, que ceux et celles ayant un accès exclusif à
une voiture se servent fréquemment de la bicyclette et
ce, à des fins utilitaires. L'étude montre également
que les plus grandes distances parcourues à bicyclette
à des fins utilitaires s'observent en banlieue. "Ces
cyclistes, indique Nathalie Noël, utilisent davantage la
bicyclette pour des activités contraintes comme, par exemple,
le travail. Cela remet en question l'effet qu'a l'éloignement
des destinations sur l'usage de la bicyclette." La recherche
met en lumière le fait que les cyclistes optimisent leurs
parcours. Ainsi, le cycliste de type utilitaire suivra le chemin
le plus direct pour arriver à destination. "Les besoins
de ce dernier ne se situent pas au niveau des aménagements
cyclables, explique-t-elle, mais plutôt pour des interventions
plus ponctuelles sur le réseau routier afin de rendre
l'usage de la bicyclette plus sécuritaire. Ces interventions
peuvent être au niveau des aménagements qui facilitent
la traversée des carrefours ou qui augmentent la visibilité
des cyclistes."
YVON LAROSE
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