
Fabrique d'art actuel
Performance, peinture, sculpture, photographie, installation,
vidéo et image numérique: les finissantes et finissants
du baccalauréat en arts plastiques en mettent plein la
vue.
La cuvée 2003 des finissantes et finissants du baccalauréat
en arts plastiques s'avère un excellent cru, si l'on en
juge par l'impressionnante exposition que ces quelque 40 jeunes
artistes présentent sur plusieurs étages de l'Édifice
La Fabrique, où loge l'École des arts visuels,
ainsi que par leur magnifique catalogue. Des photos, des installations,
des performances, des projections d'images, il y en a pour tous
les goûts. Petit coup d'oeil sur ce foisonnement de création.
Si les matériaux traditionnels, comme la toile et la peinture,
occupent toujours une place de choix, le domaine des nouvelles
technologies se taille aussi une portion de plus en plus importante
parmi les oeuvres, puisque cinq étudiants ont suivi la
concentration "Nouveaux médias". Ainsi, une
des installations de Chloé Bertrand permet au spectateur
de donner naissance à une entité virtuelle, et
du coup d'endosser le rôle de créateur. Pour sa
part, Alejandra Manrique projette des extraits d'informations
télévisées sur une maison construite en
pintes de lait, pour mettre en lumière toute la vacuité
de ce médium qui finit par tourner à vide.
D'autres étudiantes montrent une prédilection pour
la matière. Attirée par le bleu, Katia Racine utilise
des coquilles d'oeufs écrasés et de la cire d'abeille
pour composer des tableaux abstraits qui deviennent de véritables
paysages imaginaires. Non loin de là, Catherine Sheedy
met à profit sa connaissance des techniques de joaillerie
pour produire à grande échelle d'immenses treillis
métalliques aux allures changeantes. Annie Labbé,
qui présente cinq immenses ballons qui se gonflent et
se dégonflent lentement, joue elle aussi sur l'évolution
de ses créations. "Je les vois comme des personnalités
individuelles dans un collectif", explique-t-elle en riant.
Plusieurs des finissants s'amusent également, dans leurs
créations, à mêler les genres. Visiblement
inspirée par le maître de l'art nouveau Gustav Klimt
et sa Danae, Catherine Charron-Béland photographie
une jeune femme endormie au milieu de voiles soyeux à
la manière d'un peintre. Pour sa part, Julie Pichette,
danseuse de formation, mêle ses 45 différentes passions
pour le tissage d'ouate, de toile de piscine ou de corde à
linge et la gestuelle. La jeune femme se fabrique ainsi des cocons
qui la conduisent à créer une chorégraphie
lorsqu'elle s'en extrait. Une oeuvre très originale qui
lui a d'ailleurs valu de recevoir la bourse René-Richard,
d'une valeur de 3 000 $.
L'exposition donne aussi l'occasion de découvrir le travail
individuel des quatre artistes qui forment le collectif des Fermières
obsédées, bien connu à Québec pour
son travail de performances. Eugénie Cliche présente
ainsi des photomontages reliés aux rites de passage, tandis
qu'Annie Baillargeon met en scène des personnages sur
des clichés photographiques très saturés.
De son côté, Mélissa Charest assouvit sa
passion pour la couture et la déconstruction en exposant
des bas de nylon bourrés de coton, qui prennent une forme
organique, tandis que Catherine Plaisance créé
des rencontres inusitées entre des passants en découpant
leur silhouette photographiée sur le vif.
L'exposition "Fabriquez" se poursuit jusqu'au 3 juin
à l'Édifice La Fabrique, 255, boulevard Charest
Est.
PASCALE GUÉRICOLAS
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