
Zoom
Entre soi et l'autre
Andrée Sévigny reçoit un
prix d'excellence pour sa thèse sur le bénévolat
auprès des aînés vivant à domicile
en milieu rural
Andrée Sévigny rêvait, lorsqu'elle était
adolescente, d'écrire une thèse de doctorat. L'an
dernier, la jeune cinquantenaire, qui travaille aujourd'hui comme
professionnelle de recherche à l'Université Laval,
a pu dire: mission accomplie. Le 15 avril 2003, sa thèse
en service social intitulée "La contribution des
bénévoles, inscrits dans un organisme communautaire
bénévole, au soutien à domicile des personnes
âgées" lui méritait le Prix d'excellence
pour le troisième cycle de la Faculté des sciences
sociales. "Quand je suis retournée aux études,
explique-t-elle, j'avais envie d'approfondir des questions qui
me passionnaient. Ma maîtrise portait sur les raisons pour
lesquelles on a recours ou non à un organisme communautaire.
La suite de ce questionnement a fait l'objet d'une thèse."
Un milieu où fleurit l'entraide
Andrée Sévigny a passé la majeure partie
de sa vie professionnelle en milieu rural. D'abord travailleuse
sociale dans des organismes communautaires, elle s'est ensuite
retrouvée intervenante en CLSC auprès de la clientèle
des 60 ans et plus. Pas surprenant alors qu'elle ait axé
sa recherche de doctorat sur un organisme rural de la région
de Québec: le Comité du troisième âge
de Lotbinière-Est. Tous les répondants à
l'étude, soit 20 bénévoles et 20 bénéficiaires,
étaient âgés, sauf un, de 60 ans ou plus.
Dans cette région, plusieurs aînés habitent
loin du centre des villages où se trouvent la plupart
des services. Et il n'y a pas de transport en commun. En outre,
plusieurs des personnes aidées affichent un revenu faible.
Les bénévoles, eux, connaissent déjà
la personne aidée, soit comme voisins, soit comme membres
de la famille.
La démarche du bénévole s'inscrit dans une
logique de don, laquelle se caractérise par un service
libre, gratuit et souple. En milieu rural, où l'on trouve
un lien social important, un lien tissé serré,
le rapport de don se rapproche d'un rapport d'entraide dû
à la proximité tant géographique que sur
le plan de l'âge et des champs d'intérêt,
entre bénévoles et personnes aidées. "La
contribution du bénévole se caractérise
par un mouvement de va-et-vient entre soi et l'autre, souligne
Andrée Sévigny. On donne, on rend, on reçoit.
Il est même parfois difficile de distinguer l'aidant de
la personne aidée."
La pointe de l'iceberg
Selon Andrée Sévigny, la contribution des bénévoles
va beaucoup plus loin que la réalisation des tâches
dites instrumentales comme le transport-accompagnement, la livraison
de repas à domicile, ou les visites et appels d'amitié.
"Ces tâches ne sont que la pointe de l'iceberg, dit-elle.
Des bénévoles et des personnes aidées ont
déclaré: "Le bénévolat, c'est
la vie!" Les bénévoles participent à
la protection et à la prévention des pertes de
capacité des personnes aidées. Ils favorisent le
maintien des liens entre la personne aidée et les autres
membres de sa localité. Ils contribuent à la survie
du tissu social en favorisant le maintien dans la communauté
de ses membres les plus âgés. Mais surtout, ils
participent à la reconnaissance de l'autre comme une personne
ayant de la valeur et qui mérite qu'on lui porte une attention
particulière."
Une tâche instrumentale répond à plusieurs
objectifs dans la vie d'une personne aidée, poursuit Andrée
Sévigny. Par exemple, lorsque le bénévole
conduit la personne chez le médecin, il va souvent rester
avec elle dans la salle d'attente et entretenir la conversation.
Sur le chemin du retour, il pourra proposer d'arrêter au
restaurant prendre une consommation ou un repas, question de
socialiser en même temps. "Le bénévole
et la personne aidée, indique-t-elle, vont dire qu'ils
sont bien ensemble et qu'ils ont le sentiment de former une petite
équipe."
YVON LAROSE
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