
Tacot, tacot par-ci, tacot, tacot par-là
Daniel Rousse mise sur la construction de petits bolides pour
susciter les vocations scientifiques chez les jeunes
Première donnée du problème: pour des
raisons démographiques, il y aura 23 % moins de finissants
au secondaire V dans la région de Québec en 2008.
Deuxième donnée: l'an passé, la proportion
d'élèves masculins de secondaire V qui ont suivi
Maths 536, le cours de mathématiques essentiel à
la poursuite des études conduisant à une carrière
en sciences et technologies, est passée sous la barre
des 20 %. Résultat? Moins de finissants multiplié
par une proportion anorexique d'étudiants qui choisissent
une carrière scientifique, alors que le Québec
s'oriente vers une économie du savoir, égale un
sérieux problème de société droit
devant.
"Si on attend que les jeunes soient au cégep ou à
la fin du secondaire pour les intéresser aux sciences,
c'est trop tard. Il faut s'adresser à eux alors qu'ils
sont au deuxième cycle du primaire ou au premier cycle
du secondaire", laisse tomber Daniel Rousse, professeur
au Département de génie mécanique. Si la
plupart des voies qui conduisent à la science sont multiples
et impénétrables, celle que préconisent
le professeur Rousse et son équipe avec le projet École
en course a le grand mérite d'être "le fun"
et populaire.
C'est, à coup sûr, l'impression qui se dégageait
des quelque 500 participants, de leurs parrains étudiants,
de leurs parents et amis et des centaines de spectateurs qui
ont assisté, le samedi 3 mai, à la Classique UL.
Cette compétition amicale opposait, dans une atmosphère
de fête printanière, les tacots des 27 équipes
provenant de 23 écoles de la région qui ont pris
part au projet cette année. Grande première pour
cette deuxième édition de la Classique, le site
de la compétition a été déplacé
au centre-ville de Québec, sur le boulevard René-Lévesque,
à deux pas de l'Assemblée nationale, où
par vagues de six, tous les élèves ont eu l'occasion
de prendre le volant de leur bolide et de le pousser à
20 km/h entre les rues La Chevrotière et Claire Fontaine.
Pour les jeunes pilotes, cette journée venait couronner
plusieurs mois de travail au cours desquels, sous la supervision
d'étudiants bénévoles de la Faculté
des sciences et de génie, ils ont franchi toutes les étapes
de création d'un tacot, depuis sa conception jusqu'au
dernier coup de pinceau. "L'un des éléments
les plus importants du programme est ce contact entre les élèves
et leur parrain, estime Daniel Rousse. En plus d'initier les
jeunes aux sciences et technologies par le biais d'une activité
amusante, les parrains sont la preuve vivante que les étudiants
en sciences ne sont pas des nerds à lunettes avec
des boutons plein la figure."
Lancé modestement il y a trois ans, le programme a fait
des petits: trois écoles en 2001, 14 en 2002 et 23 en
2003. Daniel Rousse n'entend pas en rester là. Comme un
tacot qui gagne rapidement de la vitesse après avoir vaincu
l'inertie, le programme École en course est sur
sa lancée et il a le vent en poupe après trois
années d'existence. "Nous visons 50 écoles
l'automne prochain et 70 en 2004-2005, annonce-t-il. Le nerf
de la guerre est l'argent et le financement est déjà
assuré pour l'année qui vient."
JEAN HAMANN
|