
Une formation pratique, des problématiques
réelles
Les étudiants du cours "Laboratoire de recherche"
en sociologie livrent leurs résultats d'enquête
Une soixantaine de personnes ont assisté, le mardi
22 avril au pavillon La Laurentienne, à la cérémonie
de remise des rapports des étudiantes et étudiants
inscrits au cours "Laboratoire de recherche". Ce cours
est offert depuis douze ans par le Département de sociologie.
Cette année, 30 étudiantes et étudiants,
regroupés en une quinzaine d'équipes, ont fait
l'apprentissage non rémunéré du métier
de chercheur, de consultant ou d'analyste, en réalisant
une étude exploratoire de qualité professionnelle
menée selon les normes du marché du travail.
Les étudiants ont rempli des commandes provenant d'organismes
publics et privés de la région de Québec,
en lien avec des problématiques réelles. Pour la
Fédération des caisses Desjardins du Québec,
Mélanie Gagnon et Joannie Lavoie ont étudié
les signes précurseurs de la faillite personnelle chez
une trentaine de travailleurs salariés. Il est apparu
que le revenu ou la taille du ménage ne suffisent pas
à expliquer le surendettement. Il faut aussi regarder
du côté de certains comportements ou conditions
sociales et économiques tels que la compulsivité,
l'isolement, le recours fréquent à des cartes de
crédit et l'emprunt d'argent à des proches.
Mélanie Guillemette et Mireille Vézina ont étudié
les perspectives idéologiques sur la pauvreté et
l'exclusion sociale pour le compte du ministère de l'Emploi
et de la Solidarité sociale. L'analyse de 20 mémoires
leur a permis de dégager deux grandes perspectives. Pour
ceux qui tendent vers la gauche, la pauvreté peut être
corrigée par des politiques interventionnistes. Ceux qui
tendent vers la droite misent, quant à eux, sur le développement
de l'autonomie de la personne pauvre.
De la mort traumatique au tango
Dans leur étude pour le Bureau du coroner du Québec,
Geneviève Dubé et Audrey Walker avancent l'hypothèse
que l'intense modernisation de la société québécoise
expliquerait l'augmentation des taux de suicides et d'homicides
au Québec et en Ontario, entre 1960 et 1981. Marie-Ève
Harton a découvert, pour le compte de la Faculté
des sciences sociales, que ce qui distingue les étudiants
de sociologie qui réussissent leurs études, de
ceux qui les abandonnent, est la perception de l'utilité
de leurs études et le fait qu'ils ont une vocation. Dans
le cadre du mandat que leur a confié le Conseil de la
famille et de l'enfance, Nicolas Bélanger et Frédéric
Bérubé ont mis en lumière le fait que les
familles ayant de jeunes enfants, en dépit d'une certaine
forme d'individualisme, recourent à leur réseau
social centré sur la parenté pour des échanges
réciproques et du soutien. Enfin, dans son mandat reçu
de l'école de danse l'Avenue Tango, Mathieu Lemire a identifié
quatre raisons qui attirent les adeptes de cette forme de danse.
Ce sont la possibilité de communiquer, de s'exprimer,
de s'évader ou de prendre part à une activité
sociale.
L'école est finie
Obligatoire, le cours "Laboratoire de recherche"
est réservé aux étudiantes et étudiants
inscrits en deuxième année au baccalauréat
ou à la majeure en sociologie. Il compte pour 12 crédits
et est étalé sur deux sessions. "Les clients-commanditaires,
explique le professeur Jean-Jacques Simard, nous proposent des
mandats sur de vrais problématiques qui les préoccupent,
exactement comme s'ils voulaient engager des consultants en recherche.
Le cours est très prenant. Nos étudiants bénéficient
d'un encadrement très serré. Ce n'est pas facile
pour eux. Il y a l'effort, le défi. On corrige, ils reprennent.
Les étudiants ne sont pas habitués à une
telle intensité de travail. Mais ils démontrent
beaucoup de sérieux. Notre mot d'ordre pourrait être:
"L'école est finie: ici c'est pour vrai"."
YVON LAROSE
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