
Le DOLQ nouveau est arrivé
Dans son septième tome, le Dictionnaire
des oeuvres littéraires du Québec s'ajuste aux
particularités de la production de 1981 à 1985
Pour tous ceux qui étudient notre littérature,
le Dictionnaire des uvres littéraires du Québec,
dont l'éditeur Fides lançait la semaine dernière
un septième tome, est devenu un outil usuel, sinon indispensable.
En partie inspiré du dictionnaire français Laffont-Bompiani,
le "DOLQ" a pour mission de recenser la production
littéraire québécoise des origines à
nos jours, ce qui en fait un passionnant microcosme autant qu'une
mine inespérée pour les historiens littéraires
d'aujourd'hui et de demain.
Rappelons que l'initiateur du DOLQ, Maurice Lemire, peut à
juste titre être considéré comme un des inventeurs
du concept de littérature québécoise. C'est
dans les années 1950, alors qu'il étudie en France
et constate le peu de rayonnement de nos auteurs, qu'il réalise
l'importance d'une activité de recherche dans le domaine
pour mieux le faire connaître. Avant de fonder le Centre
de recherche en littérature québécoise (CRELIQ)
en 1985, il inaugure ces deux projets colossaux que sont le DOLQ
et La vie littéraire au Québec, entreprises
en plusieurs tomes qui sont toujours en cours après plus
de trente ans de travaux.
Le premier tome du DOLQ, paru en 1978, avait couvert plus de
quatre siècles d'écrits littéraires, phénomène
qui s'explique bien sûr par la très faible production.
Plus le projet avance, plus les périodes couvertes rétrécissent,
en même temps que les critères sont resserrés
afin d'éviter un trop grand effet de fourre-tout. On passe
ainsi d'une période allant de 1900 à 1939 pour
le tome 2 à un terrain aussi limité que 1976-1980
pour le tome 6.
Depuis ce sixième tome, c'est le professeur Aurélien
Boivin qui dirige la destinée du DOLQ, dont l'équipe
se ramifie comme un réseau sanguin. Alors que Gilles Dorion,
Roger Chamberland et Gilles Girard ont respectivement coordonné
les domaines de l'essai, de la poésie et du théâtre,
Boivin s'est lui-même chargé du secteur narratif.
Au cours des quelques années qu'a duré la préparation
du tome 7, ces responsables ont profité de la collaboration
de Louis Fiset, Caroline Garand, Fabrice Gagnon, Isabelle Duval
et de Mariloue Ste-Marie, sans oublier l'apport indispensable
de plus de 300 collaborateurs issus des milieux académiques
québécois, canadien et étranger. De toutes
allégeances esthétiques, ces commentateurs ont
nettement saisi la nature de l'ouvrage, puisque le ton en est
tout à fait homogène.
Au total, plus de 1 200 ouvrages ont été analysés
pour la période 1981-1985. Outre la nécessité
grandissante de trier les oeuvres pour ne pas engraisser indûment
le dictionnaire, on a cherché à adapter ce nouveau
tome aux modifications du champ littéraire entraînées
par certains phénomènes marquants. Ainsi, alors
que le théâtre avait jusqu'alors été
recensé via la minorité de pièces publiées,
on a cette fois réalisé des notices sur des troupes
et des mouvements, en plus d'offrir une perspective sur les initiatives
des diverses régions en matière dramatique. Ce
volet, tout en miroitant l'expansion et la transformation du
phénomène théâtral au Québec,
démontre une volonté d'élargir la définition
dolquienne de l'oeuvre littéraire, afin d'inclure des
éléments réfractaires au papier. Une longue
notice a aussi été écrite sur le phénomène
désormais incontournable de la littérature jeunesse.
Comme à l'habitude, chacun des articles du dictionnaire
est complété par une bibliographie très
précise et détaillée, qui peut servir de
relais pour d'autres travaux. Malgré son caractère
académique, le DOLQ demeure un ouvrage que le lecteur
parcourt à la façon d'une encyclopédie illustrée,
quittant le renseignement précis qu'il était venu
quérir pour dériver d'une référence
à l'autre et de commentaire en commentaire, retrouvant
ses classiques et choisissant ses inconnus favoris.
THIERRY BISSONNETTE
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