
Prêts pour la jungle
Les travaux des finissants en communication
graphique ont de quoi impressionner les employeurs de la région
Lorsque 70 finissants en communication graphique jouent aux exhibitionnistes,
cela donne un résultat impressionnant. Une grande partie
du dernier étage de l'École des arts visuels, dans
l'édifice La Fabrique, ainsi que son atrium, accueillent
leurs oeuvres, qu'il s'agisse d'affiches, d'articles de papeterie,
de photos, d'illustrations, de travaux en multimédia.
En affichant plusieurs de leurs productions personnelles, les
étudiants ont voulu refléter la variété
de leur formation en communication visuelle, afin notamment d'attirer
l'attention d'éventuels employeurs.
"Nous avons intitulé l'exposition Exib pour
inviter les agences de graphisme, les agences de publicité,
les maisons d'édition à venir voir notre travail",
explique Annie Garneau, présidente du comité des
finissants. Chacun a donc choisi de présenter trois ou
quatre projets réalisés lors de la dernière
année ou lors des années antérieures. Cela
permet de découvrir quelques-uns des étudiants
sous des facettes très variées.
Ainsi, l'affiche de Jeremy Renaud-Tremblay sur l'enfance volée
produit l'effet d'un coup de poing avec cette petite fille constituée
à partir de collages de vêtements d'adultes, une
façon de remettre en question la mode des bébés-Lolita.
"J'aime les images qui peuvent porter des causes sociales,
comme ici la dénonciation de la publicité dans
le domaine de l'habillement pour les filles. L'utilisation de
contrastes permet de faire passer des messages contre la guerre
ou la pauvreté", fait valoir cet étudiant
que l'oeuvre d'un spécialiste de l'animation comme Frédéric
Back inspire. Exib présente aussi un aspect plus
léger de sa production. Jeremy Renaud Tremblay s'est ainsi
amusé à suivre les acariens qui se promènent
sur les tuyaux des plafonds de l'édifice de la Fabrique.
Prises souvent au bout d'une échelle de douze pieds, ses
photos donnent presque le vertige
Messages de société et autopromotion
De son côté, Sylvain Cossette joue lui aussi
d'ironie dans ses affiches d'autopromotion où il se présente
sous les traits d'un héros-graphiste en quête d'actions
hors de l'ordinaire. Séduit par l'expressivité
de ses congénères humains, il aime à travailler
le portrait comme dans cette série de clichés de
coiffures de clients à la personnalité bien trempée,
réalisée pour un salon de coiffure. Choisi cette
année comme boursier de la fondation René-Richard,
le diplômé a décidé d'utiliser ses
3 000 $ en allant se perfectionner l'an prochain aux Pays-Bas,
après un passage de quelques mois au Royaume-Uni.
Les messages à caractère social constituent un
des thèmes de prédilection pour plusieurs étudiants,
comme cette équipe qui a produit une série d'affiches
condamnant les exécutions sommaires, les manifestations
du Ku-Klux-Klan, ou le délit de "sale gueule".
Puisant dans les banques de photos documentaires en noir et blanc,
les auteurs de ce travail ont juxtaposé un cliché
très parlant avec un proverbe apparemment anodin, comme
"L'habit ne fait pas le moine" qui accompagnait
l'image d'un homme très tatoué aux allures de motard.
D'autres étudiants préfèrent détourner
des images de marque très connues, comme cette bouteille
de Perrier partie intégrante d'un pistolet à eau,
ou se lancer dans la création pure d'images d'entreprises.
"J'ai imaginé une entreprise de messagerie écologique
qui utiliserait des coursiers à vélo et des véhicules
roulant à l'électricité, indique Annie Garneau,
en commentant les planches accrochées dans la salle d'exposition.
L'emballage du courrier était conçu pour servir
plusieurs fois, la papeterie utilisait du papier recyclé,
tandis que le logo vert et bleu rappelait la nature." Sa
collègue Lysiane Séguin a conçu de son côté,
avec d'autres étudiants, un logo, des chandails, une image
pour des véhicules utilisés dans une boutique vendant
des jardins d'eau. Elle a aussi imaginé une nouvelle marque
de yogourt glacé destinée avant tout aux jeunes
hommes surveillant leur santé. Pour vous faire une idée
des travaux très éclectiques des étudiants,
vous pouvez consulter le site conçu par une finissante
en communication graphique à l'adresse suivante: http://www.arv.ulaval.ca/EXIB/exposition.html.
L'exposition Exib se poursuit jusqu'au 10 mai, à
Édifice La Fabrique de 11h à 18 h.
PASCALE GUÉRICOLAS
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