Vers le statut d'universitaire
Sur les campus, l'initiation serait bel et bien un rite de
passage
Les auteurs ethnologues s'entendent pour dire qu'il y a rite
de passage lorsque l'individu passe d'un statut à un autre.
Le rite de passage comprend trois étapes successives:
la séparation, la marge et l'agrégation ou l'obtention
du nouveau statut. Il doit aussi s'accompagner d'un sens, d'une
révélation. En se basant sur cette définition,
les initiations universitaires constitueraient bel et bien un
rite de passage vers le statut d'étudiant, affirme David
Harvengt, étudiant au doctorat en ethnologie et conférencier
dans le cadre du 3e Colloque étudiant du Département
d'histoire.
En septembre dernier, David Harvengt a assisté à
deux initiations sur le campus, celle des étudiants de
médecine et celle des étudiants d'administration.
Selon plusieurs auteurs, les initiations ne sont pas des rites
de passage puisqu'elles ne contiennent pas de révélation.
"Au contraire, dit-il, j'ai observé au moins trois
sens fort probables. Premièrement, les initiations servent
d'intégration, selon l'aveu même des organisateurs.
Ensuite, elles donnent un sentiment d'appartenance aux participants,
d'autant plus que ceux qui ne participent pas aux initiations
seront victimes d'un préjugé négatif par
la suite. Généralement, les initiés connaîtront
davantage de gens de leur champ d'études grâce à
celles-ci. Enfin, les initiateurs eux-mêmes donnent un
troisième sens aux initiations: elles réaffirment
la cohésion de leur propre groupe, c'est-à-dire
la continuité, d'année en année."
Initiations hors campus
Selon David Harvengt, une activité d'initiation hors
campus peut être à elle seule un rite de passage.
"Le hors campus comporte les trois phases du rite de passage,
explique-t-il. La séparation est marquée par le
départ en autobus. Ensuite, la marge est représentée
sous formes d'épreuves où deux activités
sont à l'honneur pour souligner cette marge: boire et
se salir. L'étape d'agrégation, elle, est représentée
en deux temps. D'abord, les initiés se lavent, habituellement
dans un lac. Ensuite, ils laissent tomber leurs vêtements
d'initiation, de novice, pour revêtir des vêtements
propres. On redevient soi-même, sans tout à fait
être soi-même."
David Harvengt poursuivra ses recherches sur les initiations
à l'automne prochain. En attendant, il s'intéresse
aux bals de finissants et leur signification, ainsi qu'aux rites
entourant la consommation d'alcool.
DOMINIC DUVAL
Programme Études-travail
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